« Silmya » et « Dégage Système », semblent être les mots d'ordre qui dominent les revendications du mouvement vers une révolution.
Silmya n'a pas besoin de définition puisqu'elle est notre pratique dans chacune des manifestations. Relevons juste, à notre grand bonheur, que c'est une cinglante critique du fumeux «l'homme est un loup pour l'homme» de Thomas Hobbes par certains dans les médias. Leur peu les empêchent-ils de voir le respect mutuel, la solidarité, la dignité, l'amour, toutes ces valeurs renouvelés sans cesse dans les manifestations de « la rue ». Cela est déjà une révolution. C'est notre premier butin à défendre jalousement.
Je cite Hobbes pour répondre à ceux qui s'en réclament comme protection contre « le chaos de la rue ». Il faut se voiler les yeux pour ne pas voir que le chaos et la violence sont à l'intérieur des palais. Et cela depuis le premier coup d'Etat perpétré par la deuxième série de 3B, Ben Bella-Boumédiene-Bouteflika, à l'origine du système. Développons.
Leur Système et ses composants.
C'est toute l'histoire de l'Algérie depuis la trahison criminelle du Congrès de La Soummam. Je rassure le lecteur, il ne sera relaté ici que ce qui me semble être les faits fondateurs du système.
Le but de cette modeste contribution sera juste de tenter de rappeler des faits connus qui fondent leur Système. Tenter de dresser une cohérence.
Le clan d'Oujda est une créature de ceux ( la première série 3B Boussouf-Bentobal-Belkacem) qui ont enterré le Congrès de La Soummam en assassinant son principal défenseur, leur frère de lutte, Abane Ramdane. Certains ouvrages décrivent la genèse.
Paré du sang de Abane, se préparant à l'abri de toute action contre l'armée coloniale, le clan d'Oujda va déchaîner ses forces, accumulées pendant sa planque, contre ses frères, vrais vainqueurs mais bien plus démunis. Au sang de Abane va s'ajouter une rivière qui deviendra fleuve jusqu'à nos jours. Tout le sang qui a coulé depuis l'Indépendance est de la responsabilité du système. Car il est porteur de toute la violence depuis l'Indépendance.
La guerre du clan contre les Algériens est son acte de naissance, et restera son seul acte de bravoure, son fondement réel, et son mode d'existence.
Tous les actes qui suivront, et de toutes natures, renforceront cette guerre jusqu'à ce jour.
Tous les moyens, militaires, politiques, économiques, sociaux, juridiques, seront déployés pour écraser le peuple.
Dans un premier temps, la désormais mafia tente de cacher cela derrière un habillage juridique, pour tenter de se donner une légitimité, puis il la suspend étant convaincu d'être à l'abri, derrière les seuls moyens de violence existant.
Ils ont voté leur première Constitution à la sauvette au cinéma Majestic. Par ce document, comme habillage juridique de leur violence militaire, la bande de criminels spolie tout un peuple de sa nouvelle indépendance très chèrement payée. Désormais seul le FLN a droit d'exister, le reste des militants connaîtra la mort, la torture, et pour les plus chanceux l'exil. Le pays, avec tout ce qui le compose, économie, droits sociaux, champs politique et culturel, devient ainsi la propriété d'une bande de criminels incultes assoiffés de tout, pouvoir, reconnaissance. La vie du peuple est de nouveau confisquée. Aux chants et youyous de joie d'une liberté furtivement retrouvée, succède la terreur de nouveaux enlèvements, nouvelles tortures et disparitions. L'ordre du clan s'institutionnalise puis se constitutionnalise contre le peuple par la seule violence.
Pour auréole idéologique, un cocktail explosif : Hobbes (encore lui, hout takoul hout), Staline, et un Islam douteux. Cette mixture de confusions bouillonne dans une tête malade, pour en sortir comme violence multidimensionnelle qui n'épargnera rien ni personne.
Le pays paiera pour chacun des trois. Staline nous donnera, comme en URSS, nos oligarques détraqués. L'Islam d'abord les mosquées des enfants de La Zitouna-FLN, Boumedienne-Cl Mohamedi Saïd-Aït Belkacem-Abdeslam, puis la guerre civile. Hobbes, nous sommes encore à essayer de nous en défaire puisqu'il habite même certaines têtes d'universitaires vedettes de saison. La violence est née dans les palais pour se déverser sur le pays et non l'inverse. Et c'est encore le cas. Les loups ne sont pas dans la rue mais comme toujours dans les palais. Il arrive que le peuple agneau unisse ses forces pour les déloger. Nous sommes dans une telle situation. Comme disent nos jeunes, dans les palais «da3oua hamia, c'est chaud». C'est le chaos agonisant. Le peuple va leur apporter le calme et la sérénité.
Puis1965, second coup d'Etat (encore dans la violence des palais, houta klat houta), le plus fort décide de se passer de sa Constitution. Pourquoi s'encombrer d'un machin quand les chars peuvent tout offrir ? Notre 3açabiyya de violence incarnée n'a besoin comme visage, jah, (Ibn Khaldoun), représentation spectaculaire, que sa virile armée. Son visage est celui de la terreur. Le pays est désormais fermé, son peuple y est prisonnier.
Puis à l'ombre du mot socialisme et islam, ou le contraire selon, se construisent des prisons, de toutes sortes (politiques, économiques, sociales, culturelles) et … quelques fortunes matérielles de privilégiés. Des alliances matrimoniales se font entre nos arrivés du pouvoir et de vieilles familles bourgeoises, à l'exemple de Boumediene. Les filles modestes du peuple ne sont pas dressées pour leurs vulgarités et singeries mondaines, mais juste bonnes pour leurs tâches ménagères. La corruption comme synonyme de putréfaction. Naître dans un gourbi et mourir dans un palais est une légitimité pour tous, mais à condition de ne pas y arriver en marchant sur les corps de ses sœurs et frères humains.
Plus aucune liberté, politique, syndicale, économique, de pensée. Boumediene incarne l'Homme Total. Rappelons que les militants de gauche vont payer cher. Les mosquées vont fleurir telles des « fusées qui ne démarrent pas », ainsi nommées par notre résistant Kateb Yacine.
Le développement économique du pays ne peut pas se faire par le peuple, cela enlèverait toute légitimité à la caste. Le peuple ne doit avoir aucune légitimité, surtout celle de se développer, dégagée de la rente minière spoliée par la mafia.
Aucun ne travaillera à sa guise, car comme on sait, le travail rend libre, et la liberté est très justement ce qui rend dangereux les peuples. Un peuple libre ne laisse aucune place à l'injustice. L'autogestion a été complètement vidée de sa légitimité, la caste lui ayant retirant tous ses moyens, la ruinant par les rentiers douteux du new-FLN. Il fallait un tuteur aux travailleurs qui ont fait la fortune des colons par leur savoir faire, car ils « étaient incapables de se nourrir seuls ». Au lieu de s'organiser selon leurs moyens, et inventer un mode d'organiser leur vie, travail, partage, développement... le new-FLN se pose en rentier et impose une nouvelle surexploitation et un sabotage délibéré.
Idem dans tous les secteurs du pays. Le reste d'artisanat disparaît, plus de commerçants, à mort les PME/PMI, table rase. Le peuple vivra et mourra par la seule volonté de notre mafia.
Le monstre ANP-FLN de Boumediene, avec sa horde de nouveaux moudjahidin, a pillé les richesses du pays, désormais soumis à une seule source nourricière miraculeuse.
La mamelle Sonatrach. Sans elle le clan n'aurait pas survécu. La rente minière va nourrir le clan qui peut désormais se permettre tout ce que se permette les rentiers. Les cadres des hydrocarbures choyés, protégés, déploieront toutes leurs « qualités » pour nourrir le système. Des privilèges, ministères, rentes..., seront la contre partie. Une espèce de « noblesse de pacotille».
Pour nourrir l'ANP, colonne vertébrale et police politique, et le FLN, police d'embrigadement politique et fosse à serpents de rentiers, le clan peut se permettre de bricoler, comme façades vitrines, représentation, quelques institutions pour « faire Etat ».
Ainsi le système est naît
Carcasse (ANP-FLN-Constitutions et Institutions) et substance nutritive (Sonatrach et autres Sona ...).
Le Clan va charger quelques plumitifs mercenaires pour lui bricoler un semblant d'idéologie de bric et de broc. Nos sophistes vont même jusqu'à tenter de légitimer la corruption, comme lubrifiant salutaire pour faire fonctionner les mécanismes de cette machine.
L'ordre du clan d'Oujda est gravé. Son autoritarisme de violence nue et diffuse est rappelé à tous, à tout moment et en tout lieu. Boumédiene-Kasdi-Abdeslam-Aït Belkacem, et tous les autres, nous rabâcheront, chacun selon son solfège, leurs « Constitutions ». « Nous seuls voulons votre bien troupeau d'ignorants, et cela même contre votre volonté ». Avis à toutes les générations.
Toutes les Constitutions, quelque soient les amendements, restent fondées sur la négation du peuple. Cyniquement, dans toutes, le peuple est posé comme « seul souverain ». Ce peuple dont l'existence est niée dans la pratique par la junte-caste. Une drôle de dialectique.
Le débat actuel est vicié.
Les tenants du système semblent être de trois types.
D'abord ceux qui se posent ouvertement comme ses défenseurs : ses serviteurs de tous ordres, officiers, anciens ministres, les partis au pouvoir, les oligarques corrompus et corrupteurs, certains cadres, leurs enfants, une certaine presse... Ils se débattent pour essayer de sauver leur tête.
Et puis ceux qui se cachent, de« l'opposition » qui ont servi de légitimité, comme élus du système pour se gaver dans ses palais du renoncement. Salaires, avantages, passe- droits... L'« opposition » sait qu'elle ne peut absolument rien changer au système, qu'elle sert de légitimité, mais se sent honorée. «Nous avons une opposition, donc nous sommes une démocratie» dit le système. «Oui c'est vrai puisque nous délibérons ensemble» approuve l'«opposition». Il est à parier que certains de cette «opposition»auront des comptes à rendre tout comme les autres.
Comment résister à rappeler que certain(es) des rangs de cette opposition ont été les plus féroces «chiens(iennes) de garde» des personnes « sacrées » de Boumediene et Boutef. La mystification transformée en mythification font des ravages, jusque dans les rangs des plus vigilants en apparence. Comment regretter Boumediene, tyran, au moment d'enterrer Aït Ahmed, une de ses victimes. La fréquentation assidue des palais du renoncement est peut être l'explication.
Enfin certains juristes.
Déployant toute leur élégance de prétoire ou de chaire universitaire, ils se débattent comme des 3B pour nous convaincre de rester dans le cadre constitutionnel. Pourquoi ? Pour nous sauver du «chaos de la rue», citant encore Hobbes, sans se rendre compte que la loi du plus fort, celle des palais, est le chaos, et la paix est la loi de « la rue ». Appeler les pires théoriciens d'un autre monde pour les protéger du peuple qui va à l'assaut du système qui nie son existence. Est-ce un aveu ? Dans leur cocon, ils ne se rendent pas compte qu'il s'agit simplement de vie et de mort. La liberté n'est pas une construction intellectuelle laborieuse fantaisiste façon Kant, mais la nécessité anthropologique de Rousseau. Ce n'est pas un luxe superflu, c'est la première capacité au moment de choisir entre vivre ou se laisser mourir. Des gens meurent, sont emprisonnées, ou s'exilent pour la liberté.Or leurs Constitutions sont construites sur la négation de toute liberté du peuple. Une vie sans liberté est la mort.
Ecoutons :«Nous voulons élire notre Président, « anmoutou béchar, naklou kesra oua lma », dit un manifestant avec fierté et dignité. Mais que le système de la hogra dégage et nous laisse décider.
Il s'agit d'un moment politique, d'une révolution menée par un peuple qui va à l'assaut d'un ordre établi, dont sa Constitution. Vouloir la faire dans l'ancien cadre constitutionnel est frappé de suspicion. Il ne s'agit pas d'un débat juridique. Les juristes peuvent plutôt aider à écrire la nouvelle constitution, mais pas de s'acharner à nous enfermer encore dans la prison du système.
Certes, toute révolution a ses incertitudes, sinon c'en est pas. Nous ne sommes pas dans un jeu d'élégances, mais dans un moment d'histoire pratique, c'est à dire politique. Le peuple veut instaurer ses droits. Politiques, sociaux, économiques, juridiques, d'absolue égalité. « La rue » crie « houra oua demoqratia » haqiqia. Y voyez-vous cela dans leur serpillière? Armée démocratique est définitivement une aporie.
La seule solution est de sortir de notre négation et nous poser comme peuple seul souverain.
Cela n'est possible et vrai que si c'est notre acte à nous tous. Une liberté octroyée n'en est pas une. Seule l'acquise par notre propre acte en est une.
Les moyens d'y arriver ?
Nos mille et une propositions. Des «urnes de vendredi» (ma préférée) à beaucoup d'autres. De toutes nous en sortirons celle qui satisfera la majorité. J'ai la certitude que la moins bonne des nôtres sera meilleure que la leur, parce qu'elle nous posera nous comme seul constituant mettant ce qui convient au plus grand nombre.
J'ai été long, et pardon. Mais j'ai exposé la proposition qui me paraît la plus importante, en essayant de dérouler les raisons.
Sortir du piège de la Constitution du Système dont le fondement est la négation du peuple et de sa liberté.