Le Maroc a légalisé le cannabis en 2021 pour l’usage médical et industriel. Les agriculteurs cultivent désormais en toute légalité cette plante, des laboratoires et des usines se chargent de la transformer et les consommateurs peuvent s’offrir des tisanes et d’autres produits à base de cette herbe autrefois interdite.
Le business est florissant et le gouvernement marocain se montre généreux dans l’octroi des licences et autorisations pour la culture et la transformation de l’or vert marocain.
Le royaume est le plus gros producteur mondial de cannabis, avec 35 000 tonnes produites annuellement, soit le tiers de la production mondiale, selon les estimations de l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Le cannabis marocain est expédié aux quatre coins du monde, notamment en Europe et vers l’Algérie voisine où des tonnes sont saisies annuellement par les services de sécurité. Cette culture fait vivre des milliers de familles dans certaines régions déshéritées du Maroc, notamment dans le Rif.
Après l’adoption, par le Parlement, de la loi légalisant le cannabis en juillet 2021, agriculteurs et industriels marocains se sont rués sur les organismes habilités à délivrer les autorisations. Les médias marocains et étrangers s’intéressent désormais aux produits fabriqués à partir du cannabis et les prix pratiqués.
L’Agence Nationale de Réglementation des Activités relatives au Cannabis (ANRAC) a accordé jusqu’au 23 avril dernier, 2.905 autorisations (sur 2942 demandes examinées) à des agriculteurs pour l’exploitation d’une superficie totale de 2.552 hectares, contre seulement 286 ha l’année passée, selon le matin.ma. En 2023, 609 autorisations ont été délivrées.
Plus de 1500 agriculteurs, organisés en 130 coopératives, attendent leurs autorisations qui devraient être délivrées au courant de cette année.
Les prix des produits à base de cannabis au Maroc
En 2023, le royaume, qui, cherche des investisseurs étrangers dans le domaine de l’exploitation de cette herbe, a fait sa première récolte « officielle » de cannabis, 294 tonnes. Puis est venue la phase de transformation. L’ANRAC a fait savoir qu’elle a accordé 103 autorisations, dont 8 licences médicales et 95 licences industrielles.
Au moins deux unités sont déjà opérationnelles, cinq autres unités en phase d’installation des équipements et trois en construction.
D’ici à 2025, le royaume devrait réceptionner 23 unités supplémentaires de transformation de cannabis.
Selon l’ANRAC, 42 produits sont déjà sortis des laboratoires et usines de transformation, parmi lesquels des compléments alimentaires et des produits cosmétiques, tous soumis à l’enregistrement auprès des services habilités du ministère de la Santé. Ils ont été produits par trois opérateurs et une coopérative.
Selon la même source, 12 certificats d’enregistrement ont été délivrés par le ministère de la Santé (deux tisanes et dix produits cosmétiques).
« Health Innovation », une entreprise spécialisée dans les compléments alimentaires innovants, est l’une des premières à être autorisées au Maroc à fabriquer des produits à base de cannabis.
Son PDG, Abdelhay Akhyat, a révélé les prix que sa société a adoptés pour ses produits. Les tisanes aux herbes coûteront dans les pharmacies 140 dirhams (13 euros) la boîte de 10 sachets.
Des « solutions » antidouleur et antifatigue à base de cette drogue seront également commercialisées par« Health Innovation ». Leur prix sera en fonction de leur teneur en CBD (cannabidiol, composé actif du cannabis). Entre 120 et 180 dirhams (11 à 16,6 euros).
La société compte varier sa gamme en mettant sur le marché prochainement des produits pour de nombreux problèmes de santé : système digestif, arrêt du tabac, sommeil, immunité…
Akhyat n’a pas précisé les prix qu’il compte appliquer pour ces nouveaux « médicaments », soulignant seulement qu’ils seront « inférieurs à ceux pratiqués à l’extérieur du Maroc », compte tenu de leur « haute qualité ».