Deux mois après la présidentielle, le premier tour des élections législatives françaises a eu lieu dimanche 12 juin.
Si lors du scrutin d’avril dernier, le président Emmanuel Macron a été réélu avec une aisance relative, son parti n’est pas sûr de garder sa majorité au Parlement à l’issue du second tour de ces législatives.
L’alliance Ensemble constituée des partis qui soutiennent le président Macron, est certes arrivée en tête, mais dans un mouchoir de poche avec l’alliance de gauche Nupes qui a fait un score remarquable.
Seules 21 000 voix séparent les deux camps qui ont obtenu respectivement 25,75 % et 25,66 % des voix, alors que le taux d’abstention a été record avec près de 53 % des inscrits qui ne se sont pas rendus dans les bureaux de vote.
Très peu de députés ont été élus dimanche et tout se jouera au second tour. Par rapport au premier tour de la dernière présidentielle, la dynamique est en faveur de l’alliance de gauche qui fait mieux que le score de Jean-Luc Mélenchon, alors que le mouvement Ensemble a obtenu moins que les 27 % d’Emmanuel Macron.
Selon les instituts de sondage, Macron pourrait perdre sa majorité absolue, ce qui serait synonyme pour le président d’une cohabitation, donc de marchandages avec la Nupes montante ou encore Les Républicains.
Ces derniers ont confirmé leur recul sur l’échiquier politique français avec 10,5 % des voix. En revanche, la « dédiabolisation » semble bien fonctionner pour Marine Le Pen et son parti, le Rassemblement national, arrivé 3e avec plus de 18 % des voix. 110 de ses candidats sont arrivés en tête au premier tour ce qui permet au parti d’extrême-droite d’espérer pour la première fois constituer un groupe parlementaire à l’Assemblée.
Fin de carrière pour Éric Zemmour ?
Pour le polémiste Éric Zemmour, la déconfiture se confirme. Avec seulement 7 % des voix à la présidentielle d’avril dernier, Éric Zemmour comptait sur ces législatives pour lancer véritablement son parti nouvellement créé, Reconquête. Celui-ci n’a obtenu que 4 % des voix et aucun de ses candidats n’est qualifié pour le second tour. Zemmour lui-même est éliminé dès ce premier tour.
Dans sa stratégie de « normalisation » de son parti, Marine Le Pen a refusé de s’allier avec l’ex-polémiste au discours ouvertement raciste. Les résultats de ce dimanche confirment que la France ne croit pas au danger du « grand remplacement » et n’adopte pas le discours de Zemmour bâti sur le rejet d’une partie de la société, les immigrés, particulièrement ceux d’origine musulmane, surtout maghrébine.
« La France n’est tout simplement pas prête sociologiquement à voter pour Eric Zemmour », estime le sociologue Erwan Lecoeur, cité par France Info.
Comme lors de la présidentielle, Zemmour et ses candidats ont privilégié des thèmes de campagne tournant autour de la sécurité, l’identité, l’immigration ou l’islam.
« Contrairement à Marine Le Pen, Eric Zemmour ne parle pas aux catégories populaires qui se sentent abandonnées. Lui, il parle aux gens qui se sentent concurrencés, selon lui, par une autre civilisation », explique-t-il.
En France, on se demandait ce lundi matin si on n’est pas devant la fin de l’éphémère carrière politique d’Eric Zemmour, même si ce dernier, tout en reconnaissant que les résultats ne sont pas conformes à ses attentes, a promis de continuer à se « battre », arguant que son parti est « jeune », puisque fondé il y a seulement six mois. « Il est clair que cette nouvelle défaite est catastrophique pour lui », indique le même sociologue.