La campagne électorale pour les législatives du 12 juin a débuté jeudi 20 mai en pleine pandémie de Covid-19. Même si la situation sanitaire est jugée stable, des spécialistes mettent en garde contre tout relâchement en matière de respect des mesures barrières, a fortiori lors des meetings électoraux.
Or, force est de constater que les mesures barrières anti-Covid sont ignorées par la plupart des candidats et leurs sympathisants. Bains de foule et meetings dans des espaces fermés sans distanciation physique et sans port de masque (ou rarement), caractérisent cette campagne.
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Les spécialistes de la santé publique s’inquiètent d’une telle indifférence. « Les candidats et les partis impliqués dans la campagne portent la responsabilité sur l’évolution de la situation épidémiologique », pointe le Pr Mostefa Khiati, président de la Forem, contacté par TSA.
« Un protocole sanitaire a été élaboré (par le comité scientifique et déjà appliqué lors du référendum sur la Constitution le 1er novembre 2020, ndlr) », rappelle le Pr Khiati qui rappelle l’obligation faite aux candidats de le respecter.
« D’autant que ce sont des personnes qui concourent pour des responsabilités législatives élevées, elles sont censées être les premières à respecter les protocoles de la République », fait remarquer le spécialiste.
Le Pr Khiati fait également observer que le non-respect du protocole sanitaire durant la campagne référendaire sur la Constitution au mois d’octobre 2020 « a joué un rôle dans l’augmentation du nombre de cas Covid », donnant lieu à une 2e vague de l’épidémie en novembre.
Attention à la troisième vague
« Nous ne voudrions pas qu’il y a une récidive cette fois-ci. Le gouvernement a mis en place un protocole, il appartient aux candidats de le respecter », explique le président de la Forem.
« La stabilisation du front sanitaire n’est pas du tout une raison pour baisser la vigilance », remarque le Pr Salah Lellou, chef de service pneumologie à l’EHU Oran. « Nous ne sommes pas à l’abri d’un regain (épidémique), prévient-il. D’autant plus qu’on n’a pas atteint un grand nombre de personnes vaccinées ».
« La seule chose sur laquelle on peut compter c’est le respect des mesures barrières, il n’y a que cette méthode pour le moment », appuie-t-il. Pour le scientifique, le fait que l’Algérie enregistre encore quelques dizaines de cas par jours ne signifie qu’une chose : le virus est encore présent dans le pays.
« C’est bien d’élaborer un contrôle sanitaire, tout le problème c’est de l’appliquer et veiller à son application », remarque de son côté le Dr Mohamed Bekkat Berkani qui, en sa qualité de membre du comité scientifique de l’ANIE (autorité de surveillance des élections), a participé à la mise en place du protocole pour le référendum sur la révision de la Constitution, qui a eu lieu le 1er novembre dernier.
« Il est question de d’annuler les meetings où le protocole sanitaire n’est pas respecté. Il faut mettre en application les sanctions », enjoint le Dr Bekkat Berkani qui redoute qu’avec un tel relâchement, le spectre d’une 3e vague de Covid-19 en Algérie.
Ce que prévoit le protocole sanitaire pour les législatives
Samedi, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a dévoilé le protocole sanitaire contre la Covid-19 prévu durant la campagne électorale des législatives.
Ce protocole comprend l’obligation du port du masque, le respect de la distanciation physique entre tous les présents et la nécessité de prévoir deux accès dans les salles de meetings : un exclusivement pour l’entrée et le second pour la sortie en respectant le sens unique.
L’Anie préconise d’éviter les poignées de main, les accolades et la distribution de boissons et de nourriture lors des meetings, de mettre à la disposition des participants du gel hydro-alcoolique, d’aérer les salles en permanence en laissant les portes et les fenêtres continuellement ouvertes et de nettoyer les salles après les meetings.
Le protocole sanitaire prévoit aussi le maintien entre les sièges une distance d’un mètre et demi (1,5 m), l’installation de sièges spécialement pour les personnes âgées et celles aux besoins spécifiques, la prise de température à l’entrée et la désinfection du micro après chaque intervention.