Politique

Législatives : les vainqueurs satisfaits et les appétits aiguisés

L’Autorité de surveillance des élections (ANIE), a dévoilé mardi 15 juin, après 72 heures d’attente, les résultats des élections législatives de samedi 12 juin. Fait notable : le scrutin a connu le retour du duo FLN-RND, deux partis qui constituaient l’ex-Alliance présidentielle qui avait soutenu l’ex-président Abdelaziz Bouteflika jusqu’à sa chute.

Sacrée première force politique à la faveur des législatives du 12 juin, avec 105 sièges le FLN ne cesse de « s’étendre », s’est félicité son SG, Abou Fadl Baadji, peu après l’annonce des résultats par le président de l’Anie, Mohamed Cherfi gratifié à l’occasion d’un hommage appuyé par le patron du PFLN.

« Résultats logiques » 

La victoire du FLN ne surprend pas Abdelaziz Belaid ancien président de l’UNEA, l’organisation estudiantine apparentée à l’ancien parti unique, devenu chef du Front Al Moustakbal. Ce parti a obtenu 48 sièges lors des législatives du 12 juin.

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« Je ne trouve pas illogique que le FLN ou bien le RND (4e avec 57 sièges) arrivent devant nous et raflent plus de sièges que nous », a déclaré ce mercredi 16 juin, Abdelaziz Belaid lors d’une conférence de presse.

Poursuivant, Belaid trouve « logique » que le MSP (3e avec 64 sièges) ait pu rafler plus de sièges que son parti. « Le FLN existe depuis l’indépendance, le RND depuis 30 ou 40 ans, le MSP existe depuis 30 ans. Nous, pour notre part, nous ne sommes là que depuis 9 ans (Le Front Al Moustakbal a été créé en 2012, ndlr). Soyons logiques et objectifs », a justifié Belaid.  « Nous avons travaillé dur pour arriver à ce chiffre », se vante-t-il.

« Ni pro pouvoir ni opposition négative »

Pour Abdelaziz Belaïd, candidat malheureux à la présidentielle du 12 décembre 2019, appeler pour une « Algérie nouvelle » sans ces partis relève d’une logique d’exclusion. « Le seul qui peut exclure ces partis, c’est le peuple. On ne peut exclure un parti politique par une décision politique ou judiciaire », abonde Belaid qui ne trouve rien à redire sur les résultats des législatives.

Malgré sa 5e place, qu’il juge logique vu son jeune âge, le Front El Mostakbel peut toujours aspirer au pouvoir. Ce que le chef de parti ne cache pas. « Nous ne sommes pas un porte-voix du pouvoir ni encore une opposition négative. Nous œuvrons pour accéder au pouvoir », a-t-il martelé.

Abdelaziz Belaid a annoncé de futurs pourparlers avec des différentes forces présentes à l’hémicycle du boulevard Zighout Youcef, sans dire s’il y aura des alliances ou pas. « Ce qui nous importe c’est d’aller vers de véritables réformes », plaide Belaid qui entretient l’ambiguïté sur sa ligne politique.

Arrivé 3e avec 64 sièges, le MSP se félicite d’avoir pu débusquer la îssaba (gangs). « Nous n’avons pas dévié de nos positions contre la îssaba. Seul le contexte a aujourd’hui changé, et le Hirak nous a donné raison. Revenez aux vidéos dans lesquelles je dénonçais le pillage des ressources nationales (du temps de l’ancien président Bouteflika, ndlr). Ces propos ont été interprétés comme étant radicaux, alors qu’ils ne le sont pas. Nous sommes des nationalistes », a déclaré ce mercredi le président du parti islamiste, Abderrazak Makri.

Pour justifier sa participation aux législatives, il a expliqué : « Ceux qui étaient opposés aux élections avaient pour slogan « pas de vote avec les gangs », en ce qui nous concerne nous avons participé avec le slogan « pour les élections contre les gangs ». Par notre participation, nous les avons débusqués et aujourd’hui nous sommes prêts à travailler avec toutes les personnes au sein de l’État et dans la société pour poursuivre l’entreprise de nettoyer le pays des résidus de la îssaba ».

Emporté par le vent de l’euphorie, Abderrazak Makri ajoute : « Nous contribuerons avec les libres de notre pays à la préservation de la souveraineté nationale. Et surtout à combattre la îssaba qui est toujours présente et a même influencé les élections législatives ».

Le président du MSP n’a soufflé aucun mot sur son appel au président de la République pour préserver les résultats des législatives dont il a crié victoire avant de se faire sèchement remettre à l’ordre par l’ANIE. Il a parlé de dépassements, mais il a dédouané le président de la République et le président de l’Anie, sans pour autant désigner les coupables. Dimanche, le président du MSP a revendiqué la victoire aux législatives, tout en faisant de tentatives de fraude. L’Anie qui a lui répondus sèchement en l’accusant de chercher à semer le « chaos et le doute ». La polémique s’est brusquement estompée.

Des législatives « libres » et de « transparentes »

Pour le chef du MSP, les transitions démocratiques nécessitent du temps. « Elles exigent une cohésion et un consensus », a-t-il complété. Et de lâcher : « Celui qui veut faire porter le changement au président de la République lui seul, c’est irréel et illogique. Nous soutenons tous ceux qui aspirent à concrétiser la transition démocratique et la croissance. Nous soutiendrons tout ce qui peut ramener du bien pour notre pays de quelque nature qu’elle soit et d’où qu’elle vienne. Quant au mal, nous le combattrons ».

Le SG du RND, Tayeb Zitouni, a qualifié ce mercredi 16 juin, les élections du 12 juin de « libres » et de « transparentes » regrettant à peine « quelques insuffisances dues au manque d’expérience ».

Lors d’une conférence de presse, au lendemain de l’annonce officielle des résultats, l’homme politique dont le parti est arrivé en 4e position avec 57 sièges, assure que la nouvelle Assemblée populaire nationale « est l’émanation des aspirations du peuple algérien ».

Tayeb Zitouni assume le choix d’avoir pris part à ce scrutin et s’en prend aux partisans de la « transition démocratique » prônée par l’opposition démocratique qui a boycotté l’élection.

« Beaucoup ont parié que le RND n’irait aux législatives et qu’il allait faire le choix des périodes de transition. Ils ont peur de l’urne et ils étaient persuadés que celle-ci n’allait pas les favoriser », a-t-il accusé.

Malgré le taux de boycott historique de 23,03 %, Tayeb Zitouni prétend que les partis qui prônent un changement par la transition démocratique sont incapables d’attirer la population. Il a accusé les partisans du boycott des législatives d’ « obéir à des agendas étrangers » par leur refus de la tenue des législatives « afin de précipiter le pays dans un vide constitutionnel ».

Le chef du RND s’en est également pris à ceux « qui au sein même du parti ont parié sur la mort du RND lors des législatives », tout en se réjouissant que les résultats ont fini par déjouer les pronostics.

Zitouni a dénoncé ces cadres qui ont parié sur l’échec du parti durant ce scrutin, les accusant d’avoir « profité de la rente », et de promettre que « le nouveau RND » va donner des « leçons » en matière d’activisme politique et parlementaire, tout en remettant en cause le bilan des anciens dirigeants à leur tête l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui a été condamné à de lourdes peines de prison pour des faits de corruption.

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