L’aviation égyptienne a mené, vendredi 26 mai au soir, six raids aériens en Libye en représailles à l’attaque terroriste contre un bus transportant des pèlerins coptes faisant vingt-huit morts à El Ménia, à 200 km au sud du Caire.
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La télévision égyptienne a confirmé l’offensive militaire en Libye décidée et suivi par le président Abdelfatah Al Sissi, lui-même. « Nous allons frapper les camps des terroristes où ils se trouvent », a déclaré le chef d’État égyptien dans un discours télévisé à la tonalité grave.
Les médias égyptiens ont précisé que les raids ont ciblé le siège du Madjliss Al Chourah des moudjahidine de Derna (le Conseil consultatif des combattants de Derna). Les militaires égyptiens considèrent ce lieu comme un camp d’entraînement de Daech bien que le Madjliss Al Choura soit plutôt proche des thèses d’Al Qaida.
« Un début »
L’armée égyptienne a affirmé avoir des preuves que les assaillants d’El Ménia étaient venus de Derna sans préciser leur nationalité. Derna, qui est située dans le nord-est de la Libye sur la Méditerranée, a été prise d’assaut en octobre 2014 par Madjliss chabab el islam qui a prêté allégeance à Daech. Mais le groupe a ensuite été chassé de la ville après la célèbre bataille de Derna menée par le Conseil des moudjahidine et d’autres groupes pendant plusieurs mois.
« L’attaque terroriste qui s’est produite aujourd’hui ne restera pas sans conséquence. Nous frappons actuellement des camps dans lesquels les terroristes s’entraînaient. Et tout camp qui cible l’Égypte sera détruit« , a annoncé le président égyptien.
Le bombardement égyptien a ciblé également des groupements situés à Oud Al Naqqa et Al Dahrl Al ahmar dans la région de Derna. Chérif Ismail, premier ministre égyptien, a déclaré que l’attaque contre Derna « n’est qu’un début ». « La protection de notre sécurité se fait en dehors de nos frontières », a-t-il précisé.
Haftar s’engage aux côtés des Égyptiens
Abdelfatah Al Sissi a laissé entendre que l’Égypte est devenue « la nouvelle cible » des terroristes. « Les terroristes ont terminé leur mission en Syrie en détruisant le pays. Maintenant, ils veulent venir chez nous pour casser l’État égyptien. Les extrémistes cherchent à créer la discorde entre les musulmans et les chrétiens », a-t-il dit.
Il a annoncé que l’armée égyptienne avait détruit ces deux dernières années 2 000 voitures 4×4 qui tentaient d’entrer clandestinement en territoire égyptien à partir de la Libye. Aucun bilan n’a encore été établi de l’attaque égyptienne contre Derna.
Le porte-parole de Conseil des moudjahidine de Derna, Mohamed Al Mansouri, cité par Al Jazeera, a indiqué que les raids égyptiens ont touché des quartiers civils et ont causé beaucoup de dégâts matériels aux habitations et aux champs agricoles.
Les troupes du Maréchal Khalifa Haftar ont, selon des médias libyens, participé aux raids contre le Conseil des moudjahidine de Derna. Haftar, qui considère Le Caire comme un allié stratégique, envisage de mener une offensive terrestre contre Derna les prochains jours, d’après les mêmes sources.
Ce qui, aux yeux des observateurs, risque de compliquer davantage la situation politique et sécuritaire en Libye. Les efforts diplomatiques déployés par la communauté internationale et par les pays voisins, comme l’Algérie et la Tunisie, peinent toujours à rapprocher les points de vue des différentes parties libyennes pour engager « un dialogue politique inclusif » devant aboutir à « une solution consensuelle » à la crise et éviter l’option militaire.
Affrontements à Tripoli
L’espoir est éloigné surtout avec les affrontements, vendredi à Tripoli, entre Katibat Thowar Tarabouls, un groupe armé loyal au Gouvernement d’union (GNA) de Faiz Al Saradj et plusieurs milices. La raison de cette nouvelle flambée de violence demeure inconnue, autant que le nombre de victimes.
Katibat Thowar Tarabouls a, selon la chaîne Libya Al ahrar, pris d’assaut la prison d’Al Hadhba où sont détenues des personnalités du régime de Mouammar Kadhafi dont l’ancien premier ministre, Baghdadi Al Mahmoudi, et l’ex-chef des services secrets, Abdallah Senoussi. Le sort réservé à ces personnalités, dont certaines ont déjà été jugées, demeure flou.