Fin de la grève, mais pour quoi faire ? Riyad Mahrez, de retour à l’entraînement avec Leicester vendredi après plusieurs jours d’absence dus à son transfert avorté vers Manchester City, va devoir trimer pour effacer son incartade, qui passe difficilement en Angleterre.
L’international algérien était absent depuis deux semaines, séchant matches comme entraînements, pour protester contre son club, responsable selon lui de lui avoir bâti une prison dorée dans les Midlands. Il revient presque à pic, tout juste avant un déplacement… à Manchester, contre City, samedi, auquel il ne devrait cependant pas prendre part.
Selon les médias locaux, les Foxes ont refusé une offre de 90 millions d’euros pour leur ailier, qui avait réclamé un nouveau départ dans les derniers jours du mercato hivernal, comme il l’avait déjà fait lors de la version estivale. Ne supportant pas l’idée d’être forcé à rester à Leicester, le joueur, “très déprimé” selon son entourage, s’est lancé dans une sorte de grève sans issue. Avant de revenir vendredi, délesté d’une amende de 240.000 livres (272.000 euros) pour ses absences.
“Je pense que Riyad n’est pas disponible pour le match de samedi, j’espère qu’il va revenir et travailler dur avec l’équipe”, a confié son entraîneur Claude Puel.
“La chose la plus importante pour moi, c’est que Riyad, le club et les supporters restent unis d’une façon positive. C’est important de conserver de bons sentiments pour passer ces difficultés”, a réclamé le Français, dont l’équipe a manqué de peps sans sa star (nul contre Swansea, défaite à Everton).
– ‘Gros bébé’ –
Arrivé du Havre en 2014 contre un peu moins de 400.000 euros, Mahrez est rapidement devenu un joueur majeur de Leicester, qu’il a mené au titre surprise de champion lors de la saison 2015-16. Dans le sillage de sa nomination comme joueur de l’année, il avait prolongé pour quatre ans à l’été 2016.
Mais, alors que Leicester est retourné à ses luttes de milieu de tableau, Mahrez, lui, rêve plus grand: “Je suis férocement ambitieux et je crois que maintenant est le moment pour partir vivre une nouvelle expérience”, avait-il ainsi dit cet été.
Son sélectionneur Rabah Madjer l’a d’ailleurs soutenu dans cette démarche, estimant que Mahrez “méritait mieux” que Leicester.
L’international algérien ne comprend pas non plus pourquoi les “Foxes” ont laissé partir à Chelsea deux autres cadres, N’Golo Kanté en 2016 puis Danny Drinkwater en 2017, sans lui laisser carte blanche à lui.
Reste que la grève ne passe pas en Angleterre, où les commentateurs se déchaînent. “C’est un gros bébé, n’est-ce pas? Si j’étais l’un de ses coéquipiers, je serais vraiment énervé après lui”, a ainsi déclaré l’ancien international Chris Sutton à la BBC.
– ‘Déprimé’ –
La lutte a en effet fini par agacer ses coéquipiers, fatigués du comportement de l’ailier, selon plusieurs médias britanniques.
Pour d’autres, comme le Daily Mail, la grève va peut-être même lui coûter son transfert rêvé vers “City” cet été.
Ce feuilleton laissera une autre image: “celle d’un individu égoïste, (…) qui veut mettre fin prématurément à son contrat et qui, constatant qu’il ne peut pas le faire, abandonne son club et ses coéquipiers”, écrit le tabloïd, se demandant si c’est bien la meilleure façon d’impressionner Pep Guardiola.
“Mahrez, dit-on, est déprimé à l’idée de rester à Leicester. La dépression est une maladie réelle et grave et si Mahrez souffre de troubles mentaux, il mérite de la sympathie et du soutien”, continue le Mail. “Le syndicat des joueurs (PFA) a offert une médiation, mais pourquoi une personne souffrant de maladie mentale aurait-elle besoin de l’aide d’un syndicat et non d’un thérapeute?”
Cette saison, Mahrez a marqué huit buts en Premier League, en plus de délivrer sept passes décisives. Il en faudra sans doute beaucoup d’autres pour apaiser le King Power Stadium.
Et puis, cela lui permettra peut-être de rester dans le viseur de Guardiola. “J’espère qu’il va jouer (samedi). Je veux qu’il revienne vite, car j’aime le regarder”, a dit le Catalan vendredi. “J’espère qu’il va revenir avec Leicester et jouer à son niveau.”