« Ne changeons pas de sujet. Nous avons dit : ils partirons tous ». La sentence est toujours sévère et le message délivré par les Algériens ce vendredi 3 mai ne souffre d’aucune ambiguïté : le régime tente de détourner nos revendications et nous avons bien compris son jeu.
Cette semaine, le pouvoir a franchi une étape supplémentaire dans sa stratégie visant à imposer sa solution dans le cadre de la Constitution. Le FLN a élu un nouveau secrétaire général et appelle désormais clairement à soutenir la solution préconisée par l’armée. Des acteurs politiques de moindre importance, comme Belkacem Sahli et Abdelaziz Belaid, ont repris du service pour soutenir la nouvelle cause régime.
TAJ, qui a demandé il y a quelques jours le report de l’élection présidentielle, appelle désormais à soutenir la solution préconisée par l’armée, à savoir la tenue de la présidentielle dans les délais constitutionnels. Dans le même temps, des partis et des personnalités classées dans l’opposition ont réagi favorablement à l’appel au dialogue « avec les institutions de l’État » lancé par Gaid Salah, sans en connaître ni les contours ni les objectifs.
La réponse des Algériens est venue aujourd’hui à travers d’imposantes marches qui ont eu lieu dans toutes les wilayas du pays : toute solution qui n’inclurait pas le départ des 2B et l’organisation d’une véritable transition démocratique sera rejetée.
Les slogans hostiles au général Gaid Salah, plus nombreux ce vendredi que lors des précédentes marches, illustrent aussi une certaine lassitude de ce qui est perçu comme un double discours destiné au mieux à gagner du temps, au pire à tromper le peuple, pour lui imposer une solution dont il ne veut pas. Le patron de l’armée doit clairement choisir son camp : le peuple ou le système qui veut se régénérer à travers la prochaine élection présidentielle.
Après ce onzième vendredi, un simulacre de dialogue, avec des acteurs non-représentatifs, ne fera qu’aggraver la crise. Le maintien de l’élection présidentielle du 4 juillet dans ces conditions serait irresponsable. Certes, en démocratie, les opinions doivent s’exprimer dans les urnes.
Mais c’est justement parce que nous ne sommes encore en démocratie que les Algériens refusent la prochaine élection. Ils savent que la justice, malgré quelques déclarations de magistrats, n’est pas libre. Ils savent aussi que l’administration est toujours la même et qu’elle sera plus que jamais motivée pour frauder car elle jouera sa propre survie. Ils savent surtout que le pouvoir ne veut rien céder et ce n’est pas le jour de l’élection qu’il changerait d’avis.
Maintenir l’élection du 4 juillet c’est aller à l’encontre de la volonté du peuple. C’est aussi aller à l’encontre des intérêts du pays. Aucun pouvoir ne peut diriger un pays contre la volonté de son peuple.