L’émir du Qatar est parti en Turquie mercredi pour rencontrer son allié le président Recep Tayyip Erdogan, signe du soutien de Doha à Ankara qui fait face à des difficultés financières en pleine crise diplomatique avec Washington.
Les médias d’Etat au Qatar ont déclaré que Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani se rendait en Turquie pour une « visite de travail ». L’émir « discutera avec le président turc des relations bilatérales et des moyens de renforcer la coopération stratégique entre les deux pays dans divers domaines », a indiqué l’agence officielle du Qatar (QNA).
Le Qatar s’est considérablement rapproché de la Turquie depuis le début d’une crise diplomatique qui l’oppose à l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes. Doha entretient aussi des relations étroites avec les Etats-Unis.
La Turquie a été secouée ces derniers jours par une forte dévaluation de la valeur de sa livre après que le président américain Donald Trump a annoncé que Washington doublait les droits de douane sur l’aluminium et l’acier turcs. M. Erdogan a, pour sa part, appelé au boycott des produits électroniques américains.
Ces décisions ont été annoncées sur fond de crise diplomatique entre Washington et Ankara à propos notamment de la détention d’un pasteur américain. Un tribunal turc a rejeté mercredi un nouvel appel du pasteur Andrew Brunson demandant la levée de son assignation à résidence et de son interdiction de quitter le territoire.
Le Qatar dispose de 20 milliards de dollars d’investissements en Turquie, selon des chiffres officiels du mois dernier, et Ankara est maintenant l’un des principaux exportateurs vers l’émirat. Ces derniers jours, des partisans de la Turquie au Qatar ont lancé une campagne pour convertir leurs riyals qataris en livres afin de soutenir la monnaie turque. De nombreux investisseurs du Qatar pourraient être menacés par une crise économique en Turquie.
Soulignant les liens entre les deux pays, Cheikh Tamim avait été le premier dirigeant étranger à téléphoner au président Erdogan pendant le coup d’Etat avorté en Turquie en 2016. Et la Turquie a apporté un fort soutien au Qatar en 2017 quand ce petit mais richissime émirat gazier a été soumis à un boycott de la part des Saoudiens et de ses alliés, qui lui reprochent ses liens avec des groupes islamistes dont la confrérie des Frères musulmans et de ne pas prendre assez de distance avec l’Iran.
La Turquie, au régime islamo-conservateur, dispose d’une petite base militaire au Qatar.