La crise économique, la multiplication des poursuites judiciaires touchant notamment les cadres du secteur bancaire et les dernières décisions prises par le gouvernement Bedoui pour tenter de réduire les importations commencent à produire leurs effets sur les entreprises et l’emploi.
A Tizi Ouzou, la société publique d’électroménager Eniem a suspendu sa production depuis quinze jours. Les employés ont été mis en congé par anticipation.
L’entreprise est confrontée au refus de la banque de débloquer les crédits. « Il est important de souligner que le problème majeur de l’Eniem, actuellement, est le blocage de l’utilisation des crédits par la banque. Cette dernière ne nous donne plus de crédits, même pour l’exploitation et les approvisionnements. C’est un problème qui risque, au plus tard dans deux mois après la reprise des congés, la paralysie totale de l’Eniem, voire une menace sur la pérennité des emplois », explique Djilali Mouazer, PDG de l’Eniem, dans un entretien ce mercredi au journal El Watan.
« Je sais que cet obstacle peut être résolu incessamment. Le problème le plus épineux, c’est la continuité de l’activité de l’Eniem, qui sera remise en cause dans les prochains mois. On nous a bloqué toute possibilité d’achat. Nous allons épuiser la matière première que nous avons achetée et nous allons rester sans rien faire. Les importations et même le payement de nos fournisseurs sont bloqués aussi par la banque. Nous ne comprenons pas cette situation », poursuit-il.
Djilali Mouazer n’explique pas les raisons qui ont poussé la banque à bloquer les crédits de son entreprise. Mais, selon nos informations, cette situation n’est pas propre à l’Eniem. Depuis le déclenchement des enquêtes anti-corruption qui ont vu plusieurs hauts cadres du secteur bancaire incarcérés, les banques publiques n’accordent presque de crédits, y compris aux entreprises publiques.
L’Eniem emploie 1800 travailleurs. « Les répercussions de cette situation est la perte d’emplois, s’il y a encore blocage. Nous serons obligés d’aller vers un congé technique et un plan social. Tout est prêt sur la table. Nous n’allons pas ramener les gens à rester du matin au soir, à l’intérieur de l’entreprise, sans rien faire. C’est la logique des choses. On risque la disparition totale de l’Eniem », insiste Djilali Mouazer.