Il y a un mois et demi, le 14 février dernier, Ramtane Lamamra revenait en force au sein du pouvoir. Il est nommé ministre d’Etat, conseiller diplomatique du président Bouteflika, avant de devenir vice-premier ministre, un poste créé spécialement pour lui après la démission d’Ahmed Ouyahia le 11 mars, et ministre des Affaires étrangères.
Ramtane Lamamra a été rappelé dans la précipitation dans un contexte de crise politique majeure. Le pouvoir avait besoin de ce spécialiste des transitions (il a géré des processus politiques en Afrique) qui dispose d’un bon carnet d’adresses à l’étranger et d’un certain prestige.
Rapidement, il est devenu le porte-parole de la nouvelle équipe, son visage en Algérie et à l’étranger. C’est lui qui a naturellement été chargé de vendre l’ultime projet de transition de Bouteflika auprès des principaux partenaires de l’Algérie : la France, l’Italie, l’Allemagne et la Russie. Un voyage duquel il est rentré bredouille : les arguments qu’il a avancé sur le danger islamiste et le risque migratoire n’ont pas convaincu face aux images de manifestants pacifiques qui nettoient les rues après chaque marche.
En Algérie, ce voyage lui a valu de très fortes critiques. Son portrait a été brandi par les manifestants qui l’accusent de s’être rendu à l’étranger pour solliciter l’appui international contre le peuple. Depuis son retour d’Europe, l’homme se fait discret. Hier, à la surprise générale, il a été mis à l’écart de toutes les fonctions qu’il occupait. Son nom ne figure pas dans l’Exécutif de Bedoui.
Que s’est-il passé ? Le pouvoir a-t-il sacrifié Ramtane Lamamra pour contenter la rue ? Cette hypothèse est faible. Dans le duo qui composait l’exécutif, Lamamra était certainement moins impopulaire que Noureddine Bedoui. En plus, c’est l’idée même d’un gouvernement dirigé par une personnalité du pouvoir qui est rejeté dans sa globalité. Le départ de Ramtane Lamamra ne résout donc rien de ce point de vue.
Son départ pourrait être lié à d’autres calculs. Il n’est pas exclu, selon nos informations, que l’homme soit de nouveau appelé à jouer un rôle clé dans le nouveau processus de transition.