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L’épave d’un navire lourdement armé raconte un pan de l’histoire d’Alger

L’épave d’un navire lourdement armé raconte un pan de l’histoire d’Alger

Par Irina / Adobe Stock
Un bateau en ruine.

Près de 20 ans après sa découverte en 2005, l’épave d’un navire algérien du 18ᵉ siècle suscite un grand intérêt dans le monde, chez les scientifiques et les médias spécialisés.

Ce qui reste du navire vient directement d’une époque lointaine où les corsaires d’Alger imposaient leur loi en Méditerranée. La découverte est significative, car aucune autre épave liée à Alger n’a été retrouvée jusqu’à présent, selon les spécialistes.

Long d’une dizaine de mètres, le bateau aurait coulé vers 1760. Son épave a été découverte entre le Maroc et l’Espagne en 2005 par une société américaine spécialisée dans la recherche d’épaves, Odyssey marine exploration (OME).

Pendant près de 20 ans, la découverte est restée secrète, jusqu’à ce que le magazine spécialisé en piraterie, Wreckwatch, en parle pendant cet été 2024.

C’est en recherchant un grand vaisseau militaire anglais, qui a coulé en 1694, que la société OME est tombée par hasard sur le petit navire algérois.

La préservation de l’épave est exceptionnelle et cohérente sur le plan archéologique. La coque et les trouvailles restent exactement là où elles ont coulé, et ni les plongeurs ni les chalutiers de pêche n’ont perturbé le site, raconte au magazine News Week Sean Kingsley, rédacteur en chef de Wreckwatch.

Tout le tiers inférieur de la coque a survécu. Le site n’a pas encore été fouillé, mais il est probable que toute la longueur du navire soit intacte sous le sable.

Selon Kingsley, cette découverte est une première. Jusque-là, aucune épave d’un navire algérois de cette époque n’a été retrouvée.

Un navire algérois retrouvé en Méditerranée plus de 250 ans après son naufrage 

Ce qui permet de lier le navire à Alger, ce sont des poteries trouvées sur le site de l’épave et l’armement lourd dont était équipé le navire.

« Le navire corsaire naufragé était très lourdement armé de mousquets, de quatre gros canons et de 10 canons pivotants. Lorsque le capitaine rencontrait des ennuis, ces armes antipersonnel pouvaient être rapidement installées pour attaquer les équipages dans les gréements et sur les ponts », explique Sean Kingsley au même média.

« L’essentiel de la poterie est lié aux fours découverts sur la Place des Martyrs à Alger, ce qui fait fortement penser au port d’attache », ajoute-t-il. De nombreux vestiges de l’époque ottomane ont été découverts pour rappel pendant les travaux de réalisation du métro d’Alger à la place des Martyrs, en 2013.

Les autres objets retrouvés près de l’épave sont des bouteilles d’alcool fabriquées en Belgique ou en Allemagne, des bols à thé de Turquie ottomane et une longue-vue européenne.

Pour déterminer quand le navire a été construit et combien de temps, il a été en service, il faudra une analyse détaillée de son bois, ce qui n’a pas encore été fait.

Néanmoins, à partir des poteries et verreries retrouvées, les spécialistes estiment qu’il pourrait avoir coulé vers 1760.

« La plupart des poteries présentent des parallèles exacts avec les céramiques du XVIIIe siècle découvertes lors des fouilles sur la place des Martyrs à Alger (…) et les bols ottomans ont cessé d’être fabriqués en Turquie vers 1755. La datation la plus précise provient des bouteilles en verre soufflées au plus tard entre 1740 et 1760. Le navire ne peut donc pas être postérieur à 1760 », analyse le rédacteur en chef de Wreckwatch.

Le navire se dirigeait probablement vers les côtes espagnoles et il a « presque certainement succombé à une tempête venue de nulle part », ajoute-t-il.

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