2018 en Algérie a été une année marquée par plusieurs événements politiques, sociaux, économiques et sportifs. La rédaction de TSA a sélectionné les plus marquants.
1- Crash de l’avion militaire à Blida
Le 11 avril, à 7 h 50, un Illiouchine Il-76 décolle de l’aérodrome militaire de Boufarik, au sud d’Alger, à destination de Tindouf. Il s’écrase quelques minutes seulement après son décollage sur un terrain agricole. 247 passagers et dix membres de l’équipage périssent. Les raisons du crash demeurent toujours inconnues. Le ministère de la Défense a désigné une commission d’enquête qui n’a pas, encore, livré ses conclusions.
2- Saisie de cocaïne au port d’Oran
Le mardi 29 mai 2018, au large du Port d’Oran, les Garde-côtes découvrent dans un navire commercial battant pavillon du Libéria, en provenance du Brésil, 701 kg de cocaïne, dissimulés dans un conteneur chargé de viandes rouges congelées.
Une enquête judiciaire est ouverte, confiée au Tribunal de Sidi M’Hamed, qui a compétence nationale. Kamel Chikhi dit El Bouchi est arrêté. L’homme est connu pour ses projets immobiliers à Alger et pour le commerce de viandes.
D’autres personnes sont interpellées ou interrogées alors que des magistrats sont suspendus pour « avoir facilité » les affaires immobilières de Kamel Chikhi.
Le lundi 25 juin 2018, Tayeb Louh, ministre de la Justice, annonce que quatre enquêtes judiciaires sont ouvertes dont deux sont liées au trafic d’influence et sur le blanchiment d’argent impliquant Kamel Chikhi. « Pas d’impunité », a promis Tayeb Louh.
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3- Limogeage de Hamel…
Mardi 26 juin 2018, le général-major Abdelghani Hamel est limogé de son poste de Directeur général de la Sûreté nationale qu’il occupait depuis 2010. Il a été remplacé par le colonel Mustapha El Habiri.
Hamel a été mis à l’écart quelques heures seulement après avoir fait des déclarations sur l’enquête menée sur l’affaire de la saisie de la cocaïne au port d’Oran.
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…et poursuites pénales contre des généraux
Le mercredi 4 juillet 2018, le général-major Menad Nouba, commandant de la Gendarmerie national, est démis de ses fonctions, remplacé par le général Ghali Belekcir. Sa mise à l’écart serait liée à l’enquête sur la saisie de la cocaïne à Oran.
Le 17 septembre 2018, plusieurs hauts gradés ont été limogés comme le général-major Ahcene Tafer, commandant des Forces terrestres et Abdelkader Lounes, commandant des Forces aériennes. En octobre 2018, cinq généraux sont arrêtés avant d’être remis en liberté provisoire par le Tribunal militaire de Blida. Ils sont poursuivis pour faits de corruption et d’enrichissement illicite. Parmi eux, les généraux-major Habib Chentouf, Said Bey et Chérif Abderrazak, commandants respectivement de la 1er, 2èmeet 4ème régions militaires.
4- La longue grève des médecins résidents
L’année 2018 a commencé par la grève générale des médecins, pharmaciens et dentistes résidents. Des sit-in sont organisés à Alger, à Oran et à Constantine. Les protestataires revendiquent, entre autres, la révision du service civil, un statut clair, des moyens techniques et l’annulation du service militaire. Plusieurs rounds de dialogue avec le ministère de la Santé n’ont pas abouti. Après huit mois de conflit, la grève a été suspendue en juin 2018 pour permettre l’établissement d’un dialogue avec la tutelle. Les revendications restent toujours posées.
5- Le choléra
En août 2018, une épidémie de choléra touche le centre du pays. Les premiers cas sont signalés à Boufarik. Une soixantaine de cas sont confirmés alors que deux décès sont annoncés.
Après un long silence, le ministère de la Santé communique sur la propagation qui a touché cinq wilayas (Blida, Bouira, Alger, Médéa et Tipaza). La désignation de la source de Sidi Kebir à Hmar El Aïn (Tipaza), comme foyer de l’épidémie, est contestée par la population. Les agriculteurs et marchands de pastèques et de melons enregistrent de grosses pertes après les soupçons sur la contamination de ces fruits suite à l’arrosage par des eaux usées.
L’affaire du choléra a reposé avec brutalité les carences de la médecine préventive en Algérie et les faiblesses en matière de communication de crise.
6- Le message de Bouteflika aux walis
Le 28 novembre 2018, le président Abdelaziz Bouteflika adresse un message aux walis, réunis à Alger.
Le chef de l’Etat dénonce « les manœuvres infâmes » et « les manigances » de ceux « qui se positionnent en spectateurs guetteurs ou en conspirateurs » et qui découragent les citoyens. « Face à ces attitudes inacceptables, il incombe à chacun d’assumer sa responsabilité et de s’engager pleinement dans les options politiques et économiques nationales ou d’en sortir définitivement. L’ère des demi-mesures est révolue(…) Les aventuristes qui font dans la promotion de la culture de l’oubli, du déni et de la négation ne sauront jamais des forces de construction et d’édification. Bien au contraire, ils dissimulent les faucilles du massacre, qu’ils n’hésiteront pas à utiliser pour faire basculer le pays dans l’inconnu », écrit Bouteflika.
7. Le blocage de Cevital
Le blocage des projets d’investissement de Cevital n’a pas commencé en 2018, mais c’est durant cette année que le groupe économique privé a multiplié les actions publiques de dénonciation.
La coordination de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques a appelé à des manifestations de rue dont les plus marquantes sont les marches organisées à Béjaïa le 14 mai et le 11 décembre. Celle-ci a été particulièrement imposante et qualifiée par les observateurs d’historique.
Plusieurs projets d’envergure du groupe agro-alimentaire demeuraient bloqués en 2018. Le port de Béjaïa a refusé le débarquement d’équipements destinés à une usine de trituration de graines oléagineuses que Cevital comptait installer près de ses raffineries actuelles dans la même ville. Le projet devrait générer un millier d’emplois directs et 100 000 autres indirects à travers tout le pays grâce au développement de la culture du Soja.
Durant la même année, le groupe a acquis une technologie révolutionnaire pour la production d’eau ultra-pure par le biais de l’une de ses filiales en Allemagne, Ev-Con Industry. Mais l’usine de production de membranes prévue à Larbâa, dans la wilaya de Blida, sera elle aussi bloquée. Cette fois, c’est la Douane qui refuse le dédouanement des équipements qui lui sont destinés. Le projet est d’une importance économique vitale pour tout le pays. Il devrait générer annuellement, selon le P-DG du groupe Issad Rebrab, 15 milliards de dollars à l’export.
8. La planche à billets à plein régime
Le recours au financement non conventionnel de l’économie, ou planche à billets, a été décidé en Conseil des ministres le 6 septembre 2017. Un amendement de la loi sur la monnaie et le crédit paru au Journal officiel le 15 octobre autorise le gouvernement à y recourir pendant cinq ans.
Mais c’est au cours de l’année 2018 que la planche à billets tournera à plein régime, au point où certains experts parleront de grand dérapage, mettant en garde contre une forte poussée inflationniste. On est maintenant à près de 5200 milliards de dinars en comptant l’annonce surprise par Mohamed Loukal, Gouverneur de la Banque d’Algérie, d’une nouvelle tranche de financement de près de 1 200 milliards de dinars émise au mois de novembre. En un peu plus d’une année, c’est l’équivalent d’environ 45 milliards de dollars soit plus de 25 % du PIB qui ont été mis à la disposition du gouvernement par la Banque d’Algérie dans le but de combler des déficits publics qui s’accumulent.
9. Coup de force à l’APN
Le 29 septembre, les députés des partis de la majorité (FLN, RND, TAJ et MPA) demandent publiquement le départ du président de l’Assemblée populaire nationale, chambre basse du Parlement, Saïd Bouhadja. Ils lui reprochent le limogeage du secrétaire général de l’institution Bachir Slimani.
Bouhadja jouera pendant plusieurs semaines avec les nerfs de ses détracteurs en annonçant tantôt qu’il partira, tantôt qu’il ne bougera pas, exigeant une injonction formelle de la présidence de la République. Ne disposant d’aucun moyen légal pour le destituer (le président de l’APN est élu pour cinq ans), les députés optent pour le coup de force.
Le 16 octobre, ils bloquent le portail d’entrée du siège de l’institution à l’aide de grosses chaînes de fer. Le 17 octobre, le bureau de l’APN déclare la vacance du poste de président et le 24, Mouad Bouchareb, député FLN de Sétif, est élu nouveau président. Aucun texte ne prévoyait la destitution du président et aucun des cas prévus pour la constatation de la vacance ne s’appliquait à la situation de Saïd Bouhadja.
10. La mort atroce du jeune Ayache choque les Algériens
Les Algériens finissent l’année 2018 avec une triste nouvelle. La mort d’un jeune homme à M’sila après plusieurs jours d’agonie dans un puits artésien. Ayache Mahdjoubi, 31 ans, est tombé le 18 décembre dans une canalisation de 35 centimètres de diamètres. L’annonce de sa mort sera faite le 23 décembre et son corps ne sera extrait que le 26. Les Algériens ont suivi minute après minute son atroce agonie. La Protection civile et les autorités locales sont sévèrement critiquées pour leur gestion de l’incident.
11. Madjer part enfin, Belmadi arrive en sauveur
Le choix de Rabah Madjer comme sélectionneur national de football en octobre 2017 n’a jamais fait l’unanimité. Après une campagne soutenue de la presse et des réseaux sociaux et des résultats plutôt décevants (notamment quatre défaites d’affilée en matchs amicaux), l’homme à la talonnade sera limogé le 24 juin au lendemain d’une autre défaite face au Portugal (0-3). À la tête des Verts, Madjer n’a pas disputé le moindre match officiel. Le 2 août, l’ancien international algérien Djamel Belmadi est appelé à la rescousse. Sous sa conduite, l’équipe nationale renoue avec les bons résultats et atteint son premier objectif en se qualifiant à la Coupe d’Afrique des Nations 2019.
12. L’Algérie nouveau berceau de l’humanité
Des archéologues découvrent des traces de présence humaine en Algérie remontant à 2.4 millions d’années, remettant en cause l’Afrique de l’Est comme berceau unique de l’humanité. Les résultats de leurs travaux sont publiés dans la très sérieuse revue Sciences le 29 novembre. Des galets en calcaire et en silex taillés ont été trouvés dans la région de Aïn Boucherit, près de Sétif. La découverte donnera lieu à une petite polémique après avoir été contestée par des chercheurs français.
13. Yenayer fête nationale, une grande avancée
Une grande avancée pour l’Algérie dans sa quête de recouvrement de son identité millénaire. Fin 2017, le président Bouteflika décrète le jour de l’an amazigh, Yenayer, journée chômée et payée. Le 12 janvier 2018, les Algériens fêtent Yenayer pour la première fois officiellement. La loi n° 18-12 modifiant et complétant la loi du 26 juillet 1963 fixant la liste des fêtes légales sera publiée au journal officiel le 14 août.