Des médias étrangers arabophones dont Sky News Arabia, El Arabia, mais également l’agence de presse Reuters, sont, depuis la fin de la journée, pointées du doigt par de nombreux Algériens qui les accusent de propager des informations erronées et de “dénigrer les marches pacifiques” qui ont eu lieu ce vendredi, notamment celle d’Alger.
“Les manifestations en Algérie s’embrasent…et la police intervient avec les gaz lacrymogènes et l’eau”, a titré Sky News Arabia, un article relatant les manifestations d’aujourd’hui à Alger, avant de modifier le titre en “Imposantes manifestations à Alger et la police intervient pour disperser les manifestants”. Le titre a été changé sur le site web du média mais sur sa page Facebook il était, jusqu’à 21 heures, toujours visible dans sa première version.
Le média émirati a relayé une fausse information puisqu’il a été constaté que la police n’est intervenue nulle part pour disperser les manifestants, comme l’a relayé Sky News Arabia et que l’usage de gaz lacrymogène et de canons à eau a été ponctuel et très limité et n’avait pas pour but de disperser les manifestants mais de repousser de rares provocateurs qui ont lancé des pierres sur des policiers, une première fois à la place Audin et plus tard dans la journée, au quartier de Télemly.
Il semble que le titre de l’article n’ait pas été le seul à avoir été modifié mais également le corps du texte qui, dans une première version, parlait de “tires à balles en caoutchouc sur des manifestants”. La version original, avec le titre parlant d’embrasement a disparu et même sa copie en cache est introuvable sur les moteurs de recherche.
Sky News Arabia est ce soir, la cible de nombreux signalements de la part d’internautes algériens qui ont suivi les mots d’ordre lancés par des pages qui ont promu le mouvement de contestation depuis son début. Sur la page Facebook officielle du média, les Algériens commentent par milliers, souvent sur un ton ironique et moqueur. Nombre d’entre eux commentent avec des fake news dont le caractère dramatique est sciemment exagéré.
“Une forte explosion a été entendue à Bordj Khalifa et des dizaines de missiles ont touché Abou Dhabi et Dubai, causant des centaines de décès sans que les médias n’en fassent état”, a commenté un Algérien, cherchant sans doute à caricaturer la façon dont le média a dramatisé les légers et très rares échauffourées qui ont eu lieu ce vendredi entre policiers et casseurs.
Dans la même journée, d’autres médias arabophones étrangers ont relayé des informations selon lesquelles la police aurait “tiré avec des balles en caoutchouc” sur les manifestants pour les disperser. Il s’agit notamment de l’agence Reuters sur son site en arabe, la chaîne saoudienne Al Arabia, et Radio Monte Carlo Internationale en arabe. Ces deux derniers médias n’ont toutefois fait que reprendre la dépêche de l’agence Reuters.
Contrairement à ce qui a été relayé par ces médias, la manifestation de ce sixième vendredi de protestation nationale a été la plus paisible depuis le 22 février, date du début du mouvement, malgré le nombre record de manifestants dans la capitale qui est, probablement, supérieur à ceux qui ont été constatés lors des cinq derniers vendredis.