L’économiste Mohamed Achir revient sur les chiffres dévoilés mardi par le gouvernement de la Banque d’Algérie sur l’état de l’économie nationale.
Avec une économie dépendante des hydrocarbures et des importations, l’Algérie subira l’inflation mondiale qui touche les matières premières et le transport maritime notamment. Il n’exclut pas une inflation à deux chiffres avec des conséquences sur le consommateur.
Selon la Banque d’Algérie, le taux d’inflation s’est établi à 9.2% en moyenne en octobre 2021. Quelle lecture faites-vous du rapport de la Banque d’Algérie sur l’état de l’économie nationale ?
La tendance inflationniste est haussière. Elle continuera en 2022 même avec le retour de la croissance économique, parce que les facteurs déterminants de l’inflation sont d’ordre exogène.
Ils sont liés au commerce international qui a subi une inflation très importante. Notre économie est très fortement dépendante du commerce extérieur, que ce soit en matières premières -qui ont augmenté- ou le fret et la logistique.
Le coût du transport international a doublé. Tout cela en plus de la matière première dont les coûts ont augmenté.
A quoi les Algériens doivent-ils s’attendre en 2022 ?
Nous allons subir parce que nous avons une économie qui est très fortement dépendante du commerce extérieur.
Le gouverneur de la Banque d’Algérie a été clair dans sa déclaration : il a dit que l’inflation, actuellement, n’est pas d’origine monétaire, même si on peut mettre cela entre guillemets parce que nous avons constaté tout de même une augmentation de la masse monétaire à 19 000 milliards de dinars.
Or, cette augmentation monétaire n’est pas justifiée par une croissance économique de la production nationale. On a annoncé 6% pour le 2e trimestre mais cela ne justifie pas l’augmentation de la masse monétaire.
Pour 2022, s’il n’y aura pas une bonne reprise du secteur agricole, on subira une inflation à deux chiffres, le reste étant importé qu’il soit sous forme de produits finis ou de matières premières.
Pratiquement tout est importé. Il faudrait qu’il y ait une production agricole suffisante en 2022, en sachant que les facteurs déterminants de l’inflation en Algérie ce sont surtout les produits alimentaires et les produits frais agricoles.
Sans oublier qu’avec la levée des subventions généralisées, cela va accentuer l’inflation. Jusqu’ici ce sont les produits subventionnés qui tirent vers le bas le taux d’inflation : en l’occurrence les céréales, le lait, l’énergie, etc.
L’Algérie a-t-elle les moyens d’y faire face ?
L’inflation est maintenant mondiale. L’Algérie n’a pas une économie très fortement intégrée, ce qui fait que sa capacité de résilience par rapport à l’inflation mondiale est très faible.
C’est pourquoi, nous allons subir l’inflation mondiale en 2022 et même en 2023.
Malheureusement, c’est le consommateur qui va subir, dès lors que les entreprises vont augmenter leurs prix de vente, que ce soit les entreprises locales qui importent des intrants, ou bien par l’importation des produits finis. Il faut ajouter aussi la dévaluation du dinar par rapport au dollar, ce qui va aggraver encore l’inflation.