Les prix de la pomme de terre ont flambé ces derniers en Algérie pour atteindre les 130 à 140 dinars le kilogramme. Pour les faire baisser, le ministère de l’Agriculture a annoncé vendredi, que des quantités importantes de pomme de ce tubercule ont été injectées, au cours des 72 dernières heures, sur le marché.
Cette opération aurait permis, selon la même source, de faire baisser les prix d’environ 40 DA sur les marchés de gros. Au prix de gros, un kilo de pomme de terre s’est stabilisé entre 60 et 90 DA, a précisé la même source.
Le sujet de la « patate » tournée en dérision
La pomme de terre affiche des prix atteignant jusqu’à 130 DA le kilo, 140 DA sur certains marchés. Malgré cette flambée qui touche un produit de large consommation, les Algériens n’ont pas perdu leur sens de l’humour. Sur les réseaux sociaux, ils n’hésitent pas à dénoncer cette situation en usant de de dérision.
L’humoriste Brahim Irban, qui s’est fait connaître par ses parodies en 2010 durant la phase qualificative de l’équipe nationale au Mondial 2010, a récidivé à l’occasion de la hausse vertigineuse de la pomme de terre.
Fidèle à son style, Irban a parodié la célèbre chanson de Michael Jackson et de Lionel Richie « We are the world »- action caritative dédiée à la lutte contre la famine- en remplaçant les paroles par d’autres faisant l’éloge de la pomme de terre comme d’un objet inaccessible.
Les Algériens ont par ailleurs utilisé un humour corrosif pour faire part de leur consternation de voir la pomme de terre devenir un produit de luxe.
L’administrateur de la page « Chachar Live » a partagé la photo de trois caisses de pomme de terre avec le commentaire suivant : « Vous allez demander la main (d’une femme), son père vous exigera une dote de trois caisses de pomme de terre. L’affaire est conclue. Félicitations ».
Plus inspiré, l’administrateur de la page « l’Algérie millénaire » a partagé une photo d’une pomme de terre à moitié épluchée sur laquelle on perçoit cinq lignes de wifi avec le commentaire : « Maintenant je comprends pourquoi la pomme de terre est si chère : elle est dotée du wifi ».
Un internaute a répondu par une image tout aussi hilarante mettant en scène une pomme de terre surmontée du logo d’une Mercedes et d’une plaque d’immatriculation sur laquelle est inscrit le prix de 140 DA (le kilo).
Le contexte marqué par le débat sur le remplacement du français par l’usage exclusif de l’arabe a été exploité avec beaucoup de dérision par des internautes. Ces derniers ont relayé la photo d’un caisson de pommes de terre transcrite en français et en arabe et avec le prix de 120 DA/kg. L’objectif de cette opération est de dire qu’en français ou en arabe, la pomme de terre coûte finalement le même prix.
Les Algériens voient-ils la pomme de terre partout ? Jusqu’à halluciner ? Le médecin Abdelhamid Khadraoui, très actif sur Facebook, a partagé une photo de trois bébés jumeaux dont les têtes à priori suggèrent trois pommes de terre.
« Que voyez-vous sur cette image ? Batata ! s’écrit le peuple, d’une seule voix », ironise le Dr Khadraoui. La patate, un produit rare ? Une page Facebook poste une photo du tubercule avec le commentaire : «Celui qui a perdu cette patate peut me contacter en privé ».
Le geste d’un champion de Sambo
« Pablo batata » : c’est ce surnom qu’a choisi un internaute pour étriller les spéculateurs qui renchérissent les prix en les emmagasinant. « En Europe, tu travailles une journée, tu peux t’acheter 200 kg de pommes de terre. En Algérie, à raison de 1 200 DA la rémunération journalière, tu ne peux que te permettre 10 kg à raison de 120 DA le kilogramme. Où va mon pays ?», proclame un internaute qui prévient sur le ton de la dérision : « Ceci n’est pas une incitation à la harga. Il s’agit juste de démontrer une réalité ».
L’Association de protection du consommateur a relayé le témoignage d’un athlète algérien de haut niveau dont la profession est vendeur de fruits et légumes.
Ce champion d’Algérie et d’Afrique de Sambo, a cessé son activité estimant qu’il était malséant de vendre la pomme de terre aux prix actuels sachant que la plupart de ses clients sont des pauvres. Un internaute sollicite des suggestions de recettes sans « poulet, sans huile de table et sans pomme de terre», qui coûtent respectivement 510 DA, 650 DA (5L) et 130 DA (voire plus).