Les dirigeants du football algérien se sont de nouveau donnés en spectacle ce jeudi 16 juin, à l’occasion de la tenue de l’assemblée générale ordinaire de la Fédération algérienne de football (FAF).
Et ce n’est peut-être pas fini car une autre assemblée, élective donc à gros enjeux, est prévue dans moins d’un mois.
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Contrairement à son intitulé, l’assemblée de ce jeudi n’est pas tout à fait « ordinaire ». Elle survient deux mois et demi après le séisme de l’élimination de l’équipe nationale de la course à la Coupe du monde et ses répliques, dont la vraie-fausse démission du président de la Fédération algérienne de football, Charaf Eddine Amara.
Celui-ci a annoncé son départ au cours d’une réunion extraordinaire du Bureau fédéral jeudi 31 mars, soit 48 heures après la défaite contre le Cameroun (1-2) le 29 mars à Blida, mais il s’est rétracté quelques jours plus tard en constatant que les autres membres du Bureau fédéral (BF) tentaient de s’accrocher à leurs postes.
Les deux mois qui sont passés ont été marqués par des démissions en cascade au sein du BF et des tiraillements publics, l’enjeu étant de peser sur la suite, c’est-à-dire l’élection d’une nouvelle équipe dirigeante à la tête de la FAF.
Ce jeudi, Amara a présenté, comme il l’a promis, sa démission devant l’assemblée générale qui l’a validée. Officiellement, il n’est plus président de la FAF qu’il aura dirigée pendant 14 mois seulement. Amara a été élu en avril 2021 en remplacement de Kheireddine Zetchi à l’issue d’un processus qui avait aussi fait couler beaucoup d’encre.
Les affaires courantes seront gérées par le secrétaire général de la FAF Mounir Debichi jusqu’à la tenue de l’assemblée élective, prévue le 7 juillet. L’AG de la FAF a aussi procédé à la désignation, entre autres, d’une commission de candidatures.
Mais avant d’en arriver là, la réunion a connu des remous. D’abord à cause des bilans moral et financier du président et du bureau sortants, que certains membres voulaient rejeter.
On a reproché à Charaf Eddine Amara des « dépenses inutiles », comme cette forte prime accordée aux joueurs de l’équipe nationale de football suite à leur qualification à la dernière CAN au Cameroun, de laquelle ils sortiront dès le premier tour.
Mais les bilans seront adoptés à une forte majorité et la page du passage du PDG du groupe Madar à la tête du football algérien se tourne définitivement.
Au vu de ce qui s’est passé ce jeudi à l’école de restauration et d’hôtellerie de Ain Benian sur la côte ouest d’Alger, la vraie bataille, celle de la succession, ne fait que commencer.
Altercations
Dans les coulisses et en plénière, les caméras ont capté des altercations désolantes entre des personnages très connus et occupant des postes importants dans la hiérarchie du football algérien, donc censés donner l’exemple en matière de retenue.
L’échange entre Abdelkrim Medouar, président de la Ligue de football professionnel (LFP) et Amar Bahloul, ancien numéro 2 de la Fédération, est surréaliste. Les chaînes de télévision qui l’ont diffusé ont dû faire un brouillage sonore de certains passages. Bahloul est présenté comme un prétendant à la succession de Amara.
Mohamed Zerouati, président de la JS Saoura, avant de venir à l’AG, avait annoncé la couleur en appelant les membres de l’Assemblée à « être des hommes » et rejeter les bilans de Amara.
Ce jeudi, il s’est accroché avec le secrétaire général Debichi devant les caméras. Les deux hommes ont failli en venir aux mains. Le spectacle est tout simplement indigne de l’institution et du pays.
C’est une image désolante qui est donnée du football algérien, qui sort à peine d’une succession de désillusions, avec un fiasco à la CAN 2021, une élimination de la course à la Coupe du monde ainsi que l’absence des clubs algériens aux tours avancés des compétitions continentales.
Dans la salle, la présence de Mohamed Raouraoua n’est pas passée inaperçue. C’est l’homme le plus courtisé lors de cette AG et certains n’écartent pas son retour à la tête de la FAF. Qu’il se porte candidat ou pas, l’assemblée élective s’annonce encore plus houleuse et les dirigeants du football algérien ont raté une nouvelle occasion de donner l’exemple.