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Les Émirats arabes unis veulent « briser » Al-Qaïda dans le sud du Yémen

Les Émirats arabes unis, pilier d’une coalition militaire intervenant au Yémen, se disent déterminés à venir à bout d’Al-Qaïda dans le sud du pays, tout en niant avoir négocié des accords avec le groupe terroriste.

« Indépendamment de l’évolution générale du conflit au Yémen, les Émirats arabes unis continueront leur action jusqu’à ce qu’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) soit brisé en tant que menace régionale et mondiale », a déclaré lundi un haut responsable militaire émirati, après une tournée organisée pour la presse étrangère dans le sud du Yémen.

Interrogé à Dubaï sur des informations de presse faisant état d’accords secrets avec Al-Qaïda pour que ses combattants se retirent avec leurs armes de localités qu’ils occupaient, le général Mousallam Al-Rashedi a fermement rejeté cette « fausse accusation », selon lui sans fondement, qui le « met en colère ».

« Il n’y a rien à négocier avec ces types », a-t-il dit.

Officiellement, les Émirats interviennent depuis mars 2015 au Yémen, aux côtés de l’Arabie saoudite, pour repousser les rebelles pro-iraniens Houthis –venus du nord– qui ont pris la capitale Sanaa et progressé vers le sud, après avoir chassé le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi.

Mais quand ils ont aidé les forces pro-Hadi à reprendre, durant l’été 2015, cinq provinces du Sud, ils se sont heurtés à la présence de terroristes qui ont profité du chaos pour prospérer dans ces régions, allant même jusqu’à contrôler pendant un an Moukalla, chef-lieu de la vaste province de Hadramout.

Plus de deux ans plus tard, le général yéménite Faraj Salemine al-Bahsani, gouverneur de la province et commandant de la 2e zone militaire couvrant une bonne partie du sud, décrit comment Al-Qaïda a été chassé de Moukalla.

« Avec l’aide des Emirats »

« Nous avons formé une force de soldats de la région, avec l’aide des Emirats », a-t-il déclaré. « L’aviation de la coalition a paralysé Al-Qaïda avant de l’expulser de la région », a-t-il expliqué dans son bureau, sous un portrait du président Hadi.

Des experts ont expliqué à l’époque qu’Al-Qaïda, qui avait institué la terreur d’avril 2015 à avril 2016 à Moukalla, avait préféré se retirer sans combat afin de préserver ses forces et de se replier vers des zones difficiles d’accès.

La situation semble normale aujourd’hui à Moukalla. La ville vit sous perfusion des Emirats qui ont rétabli les services publics et fournissent l’essentiel de l’aide qui permet de faire fonctionner les hôpitaux, les écoles, les tribunaux et le port, selon le gouverneur.

Quelque 170 voitures et 500 motos flambant neuves ont été envoyées à la police de Moukalla par leurs collègues d’Abou Dhabi, a précisé un officier émirati. Le port de Moukalla, essentiel pour le ravitaillement de l’ensemble de la province, paraît très actif. Un remorqueur, fourni par les Emirats, accélère le ballet des navires marchands.

Pour illustrer le reflux d’Al-Qaïda, un responsable militaire émirati a affirmé qu’il n’y avait eu que cinq attaques d’Aqpa dans le sud du Yémen au premier semestre 2018, contre 77 au cours de la même période de 2016. Selon lui, jusqu’en 2016, Aqpa avait une présence importante dans des grandes villes, ce qui constituait une source importante de financement et de recrutement pour le groupe.

Les Emirats ont formé et équipé 60 000 combattants yéménites, dont 30.000 ont été directement impliqués dans la lutte contre Aqpa, a-t-il assuré.

 

3,8 milliards de dollars d’aide

Au total, environ 1.000 combattants d’Aqpa ont été tués depuis 2015, dont 13 des 18 leaders les plus recherchés, et 1.500 capturés, a déclaré la même source. Par ailleurs, les Emirats ont donné 3,8 milliards de dollars d’aide depuis 2015 pour soutenir et stabiliser le Yémen, selon ce responsable militaire émirati.

Les attaques de drones attribuées aux Etats-Unis et visant Aqpa n’ont pas cessé au Yémen où Américains, Emiratis et forces gouvernementales yéménites coordonnent leurs actions. Aqpa avait revendiqué l’attaque meurtrière contre le journal satirique parisien Charlie Hebdo en janvier 2015.

Selon le général Rashedi, depuis début 2016, Aqpa a « perdu la moitié du territoire qu’il contrôlait » dans le sud du Yémen et « sa capacité à transporter le terrorisme mondialement a été sérieusement entravée ».

Le général Bahsani a admis que la province de Hadramout n’avait pas été totalement nettoyée des combattants d’Aqpa et de l’Etat islamique (EI) qui s’est implanté tardivement dans le sud du Yémen. Il leur a attribué des assassinats de responsables de la sécurité.

Le 12 juillet, Amnesty International a fait état de « violations flagrantes » des droits de l’Homme au Yémen dans des prisons secrètes gérées par les Emirats, qui peuvent être « assimilées à des crimes de guerre ».

Les Emirats ont « rejeté ce rapport politiquement orienté », affirmant que les prisons au Yémen sont « sous l’autorité de Yéménites ».

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