Le prince héritier de l’Arabie saoudite Mohamed Ben Salmane (MBS) est en déplacement ce dimanche en Algérie. Sa visite dans le pays intervient dans le cadre d’une tournée dans le monde arabe et à l’international qui l’a vu et le verra visiter les Émirats arabes unis, l’Égypte, la Tunisie, le Bahreïn, l’Algérie, la Mauritanie ou encore le sommet du G20.
Cette tournée intervient à peine deux mois après l’éclatement du scandale créé par l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, drogué et démembré au sein même du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul (Turquie). Les conditions de l’assassinat du journaliste qui collaborait avec le journal américain, le Washington Post, ont provoqué un tollé au niveau mondial ayant fait subir une pression jusque-là inédite pour le prince saoudien, homme fort du royaume.
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La visite de Mohamed Ben Salmane à Alger intervient également dans un contexte où les deux dernières sorties du prince héritier ont été considérées comme un échec. Le déplacement de MBS en Tunisie a été marqué par le sceau de la controverse, dénoncé par les intellectuels et la société civile tunisienne. Environ 500 personnes ont manifesté le long de l’avenue principale de Tunis pour dénoncer la guerre qui ravage le Yémen et dans laquelle l’Arabie saoudite est principalement impliquée ainsi que l’assassinat de Jamal Khashoggi. Alors qu’il était évoqué la possibilité d’une visite d’un jour ou deux, le prince héritier finira par rester que quelques heures à Tunis avant de quitter le pays.
La visite de Mohamed Ben Salmane à Alger intervient aussi alors que son déplacement au sommet du G20, où il représentait son père le roi Salmane, n’a pas eu pour résultat le succès escompté. Le prince héritier aspirait en effet à redorer son image à l’international à travers cette réunion des 20 plus grandes puissances mondiales.
S’il a été marqué par une chaleureuse poignée de mains avec le président russe Vladimir Poutine, le déplacement de MBS au G20 a également donné lieu à un mystérieux échange avec le président français Emmanuel Macron, aux airs de remontrance adressée par un père à son fils. Le sommet du G20 n’a également pas offert au prince héritier l’opportunité d’être vu avec le dirigeant de la plus grande puissance mondiale. Le président des États-Unis Donald Trump, pourtant principal allié de MBS dans le scandale Khashoggi, n’a en effet pas été vu aux côtés du prince héritier même si la Maison Blanche affirme que les deux hommes ont « échangé des plaisanteries ».
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Du côté algérien, la visite de Mohamed Ben Salmane intervient dans un contexte d’un début de guerre intestine à l’aube des futures élections présidentielles et d’un éventuel cinquième mandat. L’attention du pouvoir semble ainsi plus concentrée à lancer des appels à ceux qui « tiennent le bâton par le milieu » que d’accueillir des personnalités faisant l’objet de l’ire de la communauté internationale.
Cette visite du prince héritier, que semble avoir subi le pouvoir algérien comme un fait accompli et sans marge de manœuvre, représentera éventuellement l’opportunité pour l’Algérie de discuter d’une stratégie pour potentiellement faire remonter les cours du pétrole, et pourquoi pas négocier un meilleur quota aux Algériens pour le pèlerinage à la Mecque. L’Algérie ne devrait toutefois pas retenir son souffle dans l’attente d’un résultat concret.
Enfin, pourquoi pas, le pouvoir pourrait faire preuve de bienveillance envers le prince héritier en lui offrant des conseils sur la façon de museler la presse différemment, l’Algérie disposant d’une grande expertise en la matière.
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