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Les États-Unis demandent à l’Algérie de « changer de position » sur la Palestine (Rahabi)

Les États-Unis demandent à l’Algérie de « changer de position » sur la Palestine (Rahabi)

L’Algérie a entamé officiellement mardi 2 janvier son mandat de deux ans en tant que membre élu du Conseil de sécurité de l’ONU. Pour le diplomate et homme politique Abdelaziz Rahabi, les priorités de l’Algérie au sein du Conseil seront conformes à la doctrine de sa politique étrangère qui, selon lui, n’a pas changé.

Dans une intervention sur la chaîne de télévision Ennahar vendredi, Abdelaziz Rahabi a rappelé que l’Algérie a toujours soutenu les mouvements de libération, milité pour un meilleur équilibre dans les relations internationales et un nouvel ordre économique mondial.

Sa présence au Conseil de sécurité est importante car, explique-t-il, même s’ils n’ont pas le droit de véto, les membres non-permanents peuvent proposer des résolutions et inclure des points à l’ordre du jour. Ils peuvent aussi présider le Conseil de sécurité.

Cela permet, selon le diplomate algérien, d’avoir « un espace très écouté, y compris par les membres permanents » du Conseil de sécurité de l’ONU.

Abdelaziz Rahabi plaide par ailleurs pour la réforme du Conseil de sécurité qui « ne représente plus la réalité du monde d’aujourd’hui », mais celle du monde à la création de l’ONU en 1945. Par exemple, il cite l’absence de l’Inde, de l’Afrique, de l’Allemagne et du Japon du Conseil de sécurité.

Il y a une « injustice envers l’Afrique », regrette-t-il, soulignant qu’en 1945, 90 % des États africains étaient colonisés. « Le Conseil de sécurité a été créé en l’absence des deux tiers du monde et il décide de toutes les questions de sécurité », constate-t-il.

« Le droit de véto est inacceptable moralement mais c’est une réalité (…) Les relations internationales sont déterminées par la puissance et le poids et non pas par des standards moraux », ajoute le diplomate.

Cela se vérifie par exemple à travers le traitement de la question palestinienne avec le blocage par les États-Unis de toutes les résolutions en faveur de la Palestine et « l’impunité totale » dont jouit Israël au Conseil de sécurité.

« Au lieu de préserver la sécurité et la paix dans le monde conformément à sa charte, il acte l’agression et l’occupation de la Palestine », dénonce Rahabi qui estime que « le Conseil de sécurité a perdu sa crédibilité, y compris sur la question du Sahara occidental ».

Abdelaziz Rahabi évoque un « virage » pour la question palestinienne

À propos de la question palestinienne, Abdelaziz Rahabi estime qu’elle a été impactée par les changements survenus au sein de la Ligue arabe, désormais dominée par les États du Golfe et leur soft-power.

« La Ligue arabe reflète la réalité des régimes arabes, et donne l’impression de représenter uniquement les gouvernements. Les préoccupations des citoyens ne sont pas prises en compte, comme la liberté de la presse, la justice, la lutte contre la corruption. Il est très difficile de la réformer dans les conditions actuelles », constate l’ancien ministre de la communication.

L’Algérie est restée attachée au plan de paix arabe de 2002 mais certains pays arabes ont abandonné ce plan pour celui de l’ex-président américain Donald Trump qui est la normalisation d’abord, rappelle-t-il, dénonçant le « marchandage » de la question palestinienne, citant le cas du Maroc qui a obtenu la « reconnaissance » américaine de sa « souveraineté » sur le Sahara occidental.

S’agissant de l’Algérie, tout ce que les Américains lui demandent, c’est de « changer de position » vis-à-vis de la question palestinienne. « Les États-Unis évaluent leurs relations avec tous les États à l’aune de leur positions vis-à-vis d’Israël », rappelle Abdelaziz Rahabi qui souligne le changement de la position de la France sur la question palestinienne.

Il y a cependant une nouveauté qu’il qualifie de « virage » pour la question palestinienne, soit le retournement des opinions publiques occidentales notamment américaine qui rappelle ce qui s’est passé pendant la guerre du Vietnam pendant les années 1970 aux États-Unis.

« À l’époque, il n’y a pas eu un consensus sur la politique étrangère américaine. Les universités, la rue et les élites avaient un avis différent avec celui du gouvernement américain. La question palestinienne a créé une dissension au sein des élites, des universités et de la société américaine. Je pense que c’est là le véritable virage pour la cause palestinienne aux États-Unis », a développé Abdelaziz Rahabi.

Interrogé sur les tensions avec le Mali, le diplomate algérien s’est dit surpris par la rhétorique des autorités maliennes quand elles ont convoqué l’ambassadeur d’Algérie.

« C’est une rhétorique qui ne sied pas à un pays voisin et ami et un État avec lequel nous n’avons jamais eu de crise diplomatique depuis son indépendance », dit-il, rappelant que l’Algérie a servi d’intermédiaire à plusieurs reprises depuis 1963 entre les mouvements du nord et le gouvernement malien, à chaque fois à la demande de ce dernier.

« L’accord d’Alger de 2015 a garanti la stabilité et l’intégrité territoriale du Mali pendant 8 ans et l’Algérie n’a aucune responsabilité dans les problèmes qui peuvent survenir entre les mouvements du nord et le gouvernement central », note-t-il.

Selon Abdelaziz Rahabi, le gouvernement de transition malien doit comprendre que la sécurité du Mali est liée à celle de l’Algérie.

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