Politique

Les États Unis, première grande puissance mondiale à se prononcer sur la présidentielle algérienne

Les États Unis, qui suivent de près la situation au Maghreb pour des considérations stratégiques, se sont ouvertement prononcées sur l’élection présidentielle algérienne de 2019.

En visite à Alger, jeudi 28 juin, John Sullivan, secrétaire d’État américain adjoint, premier haut responsable américain à se rendre en Algérie depuis l’élection de Donald Trump, a accordé une interview à Echourouk News dans laquelle il a précisé la position de son pays par rapport à plusieurs questions dont le prochain scrutin, prévu dans dix mois.

« Nous voulons que la volonté populaire des algériens s’exprime à travers une opération démocratique transparente, libre et ouverte. Les États Unis ne soutiennent pas un candidat précis. Les États Unis appuient des élections libres qui garantissent l’expression de la volonté des algériens », a déclaré le numéro 2 du Département d’État.

Les responsables algériens se sont, selon lui, engagés à soutenir ce processus. « C’est ce qui est important pour nous », a-t-il dit, sans aucune allusion au projet prêté au président Abdelaziz Bouteflika de rempiler pour un 5ème mandat.

Les États Unis sont la première puissance à s’exprimer sur la présidentielle en Algérie en mettant en avant ce qui peut ressembler à des conditions. Les autres partenaires traditionnels de l’Algérie comme l’Union européenne(UE) adopte l’attitude prudente de l’observation.

L’UE se préoccupe actuellement de la décision d’Alger de limiter les importations au moment où des experts algériens appellent à revoir totalement l’accord d’Association conclu avec Bruxelles et entré en vigueur en 2005. Un accord défavorable à l’Algérie, selon eux.

« Coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme »

En avril 2014, la visite à Alger du John Kerry, alors secrétaire d’État, en plein campagne électorale, avait été perçue, par l’opposition, comme un soutien franc au président Abdelaziz Bouteflika qui se présentait pour un quatrième mandat. À l’époque, une partie de la presse avait parlé même de « maladresse diplomatique ».

John Kerry avait précisé que sa visite s’inscrivait dans le cadre du renforcement de la coopération dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Jeudi 28 juin, John Sullivan, qui a coprésidé avec Abdelkader Messahel, ministre des Affaires Etrangères, la 5ème session du dialogue stratégique entre les deux pays, a également évoqué la nécessité de consolider la coopération sécuritaire.

« L’Algérie est un partenaire important pour les États Unis. Notre partenariat s’étend à plusieurs questions économiques, sécuritaires et politiques. Notre coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme est un trait important dans notre partenariat. Nous avons travaillé pendant des années ensemble pour affronter des défis lié au terrorisme aux fins de protéger nos pays. L’Algérie et les États Unis ont souffert de ce phénomène. Mais, notre relation est plus large que cela », a-t-il déclaré lors de la même interview à Echourouk News précisant que « la position de l’Algérie dans la politique extérieure des États Unis est particulière ».

Autrement dit, Washington considère l’Algérie comme un partenaire sûr et fiable dans le domaine de la prévention et de la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel, du Maghreb et en Méditerranée.

« Nous voulons travailler ensemble sur les questions de la sécurité dans la région, de sorte à sauvegarder nos intérêts communs. Il y a une convergence de points de vue à un niveau élevé sur ces questions », a relevé le numéro deux du Département d’État.

Il a salué le soutien de l’Algérie aux efforts de l’émissaire onusien pour la Libye Ghassan Salamé aux fins de trouver une solution politique à la crise libyenne.

Dans cette vision, Washington entend travailler avec une Algérie stable quel que soit le prochain candidat à l’élection présidentielle à condition que le choix des algériens, lors de cette consultation, soit libre.

En 2014, John Kerry avait dit que les États Unis attendaient des élections transparentes et conformes aux normes internationales. « Les États Unis travailleront avec le président que choisira le peuple algérien afin de produire l’avenir que l’Algérie et ses voisins méritent », avait-il souligné. La réélection de Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat n’a pas été suivi de contestation par les États-Unis alors qu’en Algérie des voix avaient dénoncé le déroulement du scrutin

Washington veut « un marché ouvert » en Algérie

Autre volet que les États Unis veulent développer dans le futur et qui peut faire l’objet de tractations plus poussées, y compris au niveau politique : la consolidation de la présence des firmes américaines en Algérie.

« Notre approche est de défendre les intérêts des entreprises américaines qui veulent activer en Algérie. Il est important que le gouvernement algérien connaisse le point de vue des entreprises américaines privées sur l’investissement en Algérie. Il est profitable à nos deux pays que l’Algérie soit un marché ouvert surtout pour les investissements directs étrangers. L’Algérie ambitionne de diversifier son économie en dehors des hydrocarbures. J’ai parlé avec les responsables algériens de la question de faciliter l’entrée des entreprises US dans le marché algérien. Des entreprises américaines ont réussi ici, nous voulons augmenter leurs nombre », a précisé John Sullivan d’une manière claire.

Le numéro 2 du département d’État a évoqué la présence de Pizza Hut en Algérie, ce qui équivaut à un symbole d’un certain mode de consommation.

« D’autres entreprises veulent travailler en Algérie comme Honeywell et Boeing. Élargir le partenariat était l’un des points de mes discussions à Alger », a-t-il dit. Fidèle donc à la nouvelle doctrine du donnant-donnant, l’administration américaine pourrait apporter son appui au prochain processus électoral en Algérie en contrepartie de facilités plus grandes pour les entreprises américaines dans tous les domaines y compris sécuritaire.

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