Les Français sont majoritairement favorables au droit d’asile tout en estimant qu’il y a trop d’immigrés dans leur pays, selon un sondage BVA publié jeudi qui souligne un fort clivage gauche/droite sur le sujet.
Près de deux tiers (65%) des personnes interrogées considèrent que “la France doit accueillir les réfugiés qui lui demandent l’asile parce qu’ils sont persécutés dans leur pays”, selon ce sondage réalisé pour le magazine français L’Obs – un chiffre en baisse de 10 points en près de 20 ans. Mais dans le même temps, 63% jugent qu'”il y a trop d’immigrés aujourd’hui en France”.
Le sondage fait sur ce point apparaître trois grands groupes, de taille à peu près équivalente. Les “ouverts” (35%, surtout des gens jeunes, diplômés et habitant les grandes villes), jugent qu’ils n’y a pas trop d’immigrés en France.
Les “réservés” (35%) estiment qu’il y a trop d’immigrés en France mais qu’il faut accueillir les réfugiés. Ce groupe est plus âgé, plus féminin et plus provincial. Enfin les “réfractaires” (30%) pensent qu’il y a trop d’immigrés et que la France ne doit pas accueillir les réfugiés – ce groupe est plus masculin, moins diplômé et compte plus de ruraux.
La France a enregistré un peu plus de 100.000 demandes d’asile en 2017 et accordé l’asile à 36%. Elle comptait près de six millions d’immigrés en 2014.
Le traditionnel clivage gauche/droite se cristallise notamment sur les conditions d’accueil des migrants: si pour 55% des Français, ils sont “en général plutôt bien accueillis”, l’écart est très important entre les électeurs du parti de gauche radicale La France insoumise (27%) et ceux du Front national (87%).
Une grosse moitié des sondés (52%) jugent les conditions de vie des migrants “inacceptables” et cela inquiète 57% des Français, pour des raisons humanitaires mais aussi sécuritaires.
L’action du président français Emmanuel Macron en matière migratoire ne convainc que 37% des Français: les sympathisants de gauche la jugent répressive et manquant d’humanisme, mais ceux de droite trouvent qu’elle manque de fermeté.
Enquête réalisée en ligne entre les 26 janvier et le 2 février auprès de 1.101 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.