Plusieurs grands médias internationaux ont commenté ce samedi les manifestations populaires ayant eu lieu dans la capitale Alger et dans plusieurs wilayas.
« Des milliers de personnes ont envahi les rues de l’Algérie vendredi pour une deuxième semaine de manifestations inhabituelles contre le président vieillissant et malade du pays, Abdelaziz Bouteflika, dont la décision de se présenter pour un cinquième mandat a suscité une opposition populaire inattendue », écrit le New York Times.
« Des analystes et des journalistes locaux ont déclaré que la taille de la foule antigouvernementale dans tout le pays était la plus importante depuis plus de 30 ans, et ont évoqué un possible changement dans l’équilibre des pouvoirs dans un pays gouverné depuis des années par une gérontocratie issue de la guerre d’indépendance contre la France il y a près de 60 ans », souligne le journal américain.
« Alors que le président a pratiquement disparu de la scène publique, les spéculations se font grandissantes quant au fait que M. Bouteflika est devenu un homme de paille, tandis que le cercle de concurrence autour de lui, divisé par la loyauté des clans, s’est attaché au butin du pouvoir et demeure dans l’impasse sur la façon d’aller de l’avant », avance le New York Times.
Le journal britannique The Guardian évoque quant à lui des « dizaines de milliers de manifestants » ayant subi des « tirs de gaz lacrymogène pour les disperser sur Alger alors qu’ils protestaient contre un cinquième mandat du président Bouteflika », affirmant qu’il s’agit des « plus grandes manifestations dans la capitale algérienne depuis le Printemps arabe ».
« Les opposants de Bouteflika disent que le président, qui a été vu en public seulement quelques fois depuis qu’il a souffert d’un grave accident vasculaire cérébral en 2013, n’est plus à même de diriger et que l’Algérie est dirigée par un groupe de conseillers, dont Saïd », écrit le Guardian.
« Beaucoup d’Algériens ont toléré depuis la décennie noire un régime politique restrictif et un service de sécurité d’État omniprésent en échange d’un calme et d’une stabilité relatifs. L’ampleur des manifestations de cette semaine, malgré la réticence des chaînes publiques et privées détenus par des magnats des médias pro-gouvernementaux, a pris les observateurs par surprise », affirme le quotidien britannique.
« Des dizaines de milliers d’Algériens ont manifesté contre la décision du président Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, de se présenter pour un cinquième mandat le 18 avril prochain. Il s’agit d’un rare spectacle de dissidence dans ce pays d’Afrique du Nord où plus de 30% des moins de 30 ans sont au chômage », écrit le média britannique BBC.
« Les manifestations sont organisées sur les médias sociaux – et bien que le déclencheur ait été la candidature de M. Bouteflika pour sa réélection, la colère s’exprime également au sujet de la corruption perçue comme étant profondément enracinée au sein de l’élite dirigeante », affirme la BBC, ajoutant que « seul un homme politique de l’opposition profite jusqu’à présent de la situation : Ali Benflis, ancien Premier ministre et rival le plus acharné de M. Bouteflika, a participé aux rassemblements », affirme le média britannique.
Selon la BBC, l’économie « n’est pas l’unique problème. Les gens sont également bouleversés par le scandale du trafic de drogue qui a bouleversé l’établissement l’année dernière, entraînant le limogeage de certains hauts fonctionnaires », affirme le média britannique.
« Des milliers d’Algériens ont de nouveau inondé les rues à travers le pays ce vendredi dans une marche ‘’millionnaire’’. Les manifestations ont commencé pour la première fois le week-end dernier, bien que les médias étatiques n’aient reconnu les événements que mardi », écrit pour sa part Le Washington Post.
« Dans sa lettre de candidature, Bouteflika a déclaré soutenir un consensus national visant à améliorer le ‘’pouvoir du peuple’’. Il pourrait aider à atteindre cet objectif en se retirant pacifiquement avant d’être poussé dehors par la mobilisation de l’élite ou de la population », estime le journal américain, qui affirme qu’il y « quelques remplaçants potentiels pour Bouteflika alignés avec l’élite dirigeante ».