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Les grands médias occidentaux évoquent les manifestations en Algérie

Plusieurs grands médias internationaux ont évoqué ces derniers jours les manifestations populaires ayant eu lieu à Alger et sur le territoire national.

« Huit ans après le Printemps arabe, certains Algériens semblent être pour une autre révolution », affirme le média américain Bloomberg dans un commentaire publié ce lundi 25 février. « Mais les dernières manifestations diffèrent de celles de 2011. Durant le Printemps arabe, les manifestations dans la région demandaient un changement radical. A Alger durant le weekend, les chants étaient spécifiques ‘’pas de cinquième mandat’’ », avance Bloomberg.

« L’Algérie se réveille », affirme quant à lui le journal français Le Monde dans un éditorial publié hier lundi. « L’Algérie, restée à l’écart des ‘’printemps arabes’’, n’est pas un pays comme les autres et ce réveil n’en est que plus significatif. Les rues d’Alger n’avaient pas vu ce type de contestation depuis près de vingt ans », indique Le Monde. Au sujet de la candidature du président Bouteflika pour un cinquième mandat, le journal français estime que « cette fois-ci, c’est la candidature de trop. L’incapacité de M. Bouteflika à exercer ses fonctions est devenue trop évidente ».

« Si la contestation prend de l’ampleur, le pouvoir va être placé devant un choix historique », considère le Monde. « Il peut tenter d’écraser le mouvement et maintenir la candidature du président Bouteflika, comme si de rien n’était. La répression peut en effet venir à bout de cette protestation pour l’instant pacifique et ordonné », avance le journal. « Mais le silence forcé des Algériens ne serait alors que provisoire. La frustration et la colère accueilleraient inévitablement l’annonce de la victoire du président invisible, dont le cinquième mandat se présenterait sous de très mauvais auspices », écrit Le Monde.

« Peut-être le clan au pouvoir n’a-t-il pas encore pris la mesure de la frustration des Algériens. La mise en œuvre de scénarios de transition pacifique s’impose pourtant de manière urgente », estime Le Monde, concluant qu’il « faut, enfin, penser l’après-Bouteflika ».

Le journal américain The Washington Post a quant à lui également consacré un article aux manifestations en Algérie. « Ces manifestations sont la conséquence de la propre action du régime », estime le Washington Post. « Le pouvoir a voulu conserver l’unité interne et avait de bonnes raisons de le faire. En 1988, des divisions croissantes entre les camps rivaux du régime avaient ouvert une boîte de Pandore menant à des manifestations de masse, à un processus de démocratisation tumultueux, à la perte temporaire du pouvoir du régime, à un coup d’État et à une guerre civile qui a duré une décennie », explique le journal américain.

« Pour éviter un scénario similaire, le régime a privilégié l’unité interne et a décidé que Bouteflika éviterait les divisions, en dépit de son état de santé connu. Même si cela semblait être l’option la plus sûre, les décideurs n’ont pas prévu cette réaction du public », affirme le WaPo.

« Les manifestations ne sont pas nécessairement anti-régime. Même si ces facteurs sont efficaces lors de la mise en place du mouvement, les revendications directes ne concernent pas le pain, la liberté, la justice sociale ou même des élections propres. ‘’Le peuple veut la chute du régime’’ n’est pas le slogan central, comme c’était le cas lors des manifestations régionales en 2011 », estime le journal américain, qui considère que « la plupart des manifestants auraient été satisfaits avec un autre candidat » que Bouteflika.

« Les manifestants ne chantent aucun des candidats de l’opposition. Ils s’opposent principalement à un président dont la santé le rend inapte à remplir un cinquième mandat”, affirme le journal américain. « Si le régime décide de placer un autre candidat de consensus qui ne soit pas un personnage controversé, nous ne verrions probablement plus de telles protestations », estime le Washington Post.

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