Unicef Algérie a décrit et évalué dans un rapport les conditions dans lesquelles les jeunes algériens s’engagent dans la vie adulte.
Une étape cruciale durant laquelle les jeunes gens quittent l’enfance, prennent leur envol et assument de nouvelles responsabilités.
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S’appuyant sur l’étude N-MODA Algérie, qui constitue une base d’analyse, l’Unicef Algérie a axé ce travail sur le volet de l’instruction, de la participation économique et de la santé des jeunes algériens.
L’instruction en Algérie : états des lieux
Sur le volet de l’instruction, l’Unicef Algérie a abordé, entre autres, la problématique de l’accès et de la qualité de l’instruction en Algérie.
En Algérie, selon cette note, 7% des jeunes algériens n’ont pas complété le cycle primaire, tandis que 48% d’entre eux n’ont pas terminé le cycle obligatoire, soit neuf années d’études. Un taux “alarmant”, souligne Unicef Algérie. (Données de l’étude “N-MODA 2012”).
Des moyennes qui varient en fonction des territoires, du niveau d’instruction du chef du ménage et par quintile de richesse.
Selon Unicef Algérie, les plus vulnérables sont les jeunes en milieu rural. On retrouve les taux les plus faibles dans les régions du nord (centre et est), et dans les régions de l’est des hauts-plateaux. Tandis que les taux les plus élevés concernent les régions du nord-ouest, du centre et de l’ouest des hauts plateaux.
Le taux de décrochage scolaire varie, aussi, en fonction du niveau d’instruction des parents : il est de 14,9% parmi les jeunes dont les parents ont suivi un enseignement supérieur, contre plus de 50% chez ceux dont les parents ont suivi un enseignement primaire ou n’ont pas été à l’école.
Unicef Algérie, qui relève un écart important entre le taux de décrochage scolaire chez les hommes et chez les femmes (56%pour les hommes, contre 40% pour les femmes), note également des disparités par quintile de richesse: 18,2% des enfants du quintile le plus pauvre n’achèvent pas l’enseignement primaire, contre 1,8% des enfants du quintile le plus riche.
En ce qui concerne la qualité de l’instruction reçue par les jeunes, se basant sur des standards internationaux, elle est jugée “basse”. “Néanmoins, dans le temps la performance de l’Algérie marque une tendance à l’amélioration”, souligne Unicef Algérie.
Selon cette agence onusienne, l’amélioration de l’instruction des jeunes algériens pourrait se faire à travers deux leviers: une nouvelle stratégie d’alphabétisation “qui se préoccuperait davantage des jeunes qui n’arrivent pas à terminer le cycle primaire, et par une politique, en amont, qui traite la problématique du décrochage scolaire dans l’enseignement obligatoire, “avec une orientation sexo-spécifique dans la mesure où les garçons sont actuellement bien plus affectés que les filles”.
La santé des jeunes algériens en chiffres
Concernant la santé des jeunes algériens, le bureau de l’Unicef en Algérie indique que les accidents et les troubles mentaux sont bien plus importants chez les jeunes algériens et algériennes que les maladies chroniques.
Les troubles de santé mentale les plus courants chez les jeunes algériens étant, selon cette organisation: les troubles dépressifs et anxieux, l’usage de drogue, la violence, les troubles bipolaires et les suicides.
Pour ce qui est de l’usage de la drogue, il est indiqué que les jeunes hommes sont plus affectés que les filles, et que la catégorie des plus à risques est celles des sans emploi, suivie par celle des travailleurs et des étudiants.
Question maladies chroniques, dans la tranche des 18 à 29 ans, il est indiqué que 8,5 % des jeunes algériens souffrent d’hypertension, les hommes étant plus touchés (10,1%) que les femmes (6,9%), et que 4% d’entre eux (des 18-29 ans) souffrent du diabète ou de l’hyperglycémie.
Unicef Algérie, qui estime que “le gouvernement a reconnu l’importance de la santé mentale en adoptant son Plan national de promotion de la santé Mentale 2017 –2020 (PNPSM)”, regrette “qu’aucune information n’est disponible sur la mise en œuvre et les résultats du plan”, et recommande “de conduire une rigoureuse évaluation de cette politique”.
Le chômage
Unicef Algérie indique que les jeunes adultes en Algérie sont beaucoup plus touchés par le chômage (26%) et l’exclusion économique (27%) que le reste de la population (11% de chômage en moyenne), et souligne que les jeunes diplômés universitaires ” sont particulièrement exposés à ce risque.”
“La présence des femmes sur le marché du travail en Algérie est parmi les plus faibles dans le monde”, note Unicef Algérie. Et précise, “35% des jeunes femmes ne sont pas scolarisées, n’exercent aucun emploi et ne suivent aucune formation”.
Le taux d’activité chez les femmes algériennes est estimé à 8,9 %. Elles sont particulièrement affectées par le chômage et l’inactivité.
“La présence des femmes sur le marché du travail en Algérie est parmi les plus faibles dans le monde”, indique Unicef Algérie.
« La précarité de l’emploi touche surtout les jeunes : non affiliés à la sécurité sociale (88%) et en sous-emploi (30% pour les 15-19 ans et 24% pour les 20-24 ans) », indique le rapport.
Selon le rapport, en Algérie, “35% des jeunes femmes ne sont pas scolarisées, n’exercent aucun emploi et ne suivent aucune formation”.
Soulevant le problème du chômage des jeunes algériens, Unicef Algérie indique que “plusieurs politiques et programmes ont été mis en place pour réduire le taux de chômage élevé chez les jeunes en Algérie”, mais estime que “malgré ces efforts, ce taux s’est maintenu à un niveau élevé “.
Selon Unicef Algérie, la stratégie algérienne de l’emploi “en dépit du fait qu’elle semble pertinente (existence de réponses aux enjeux relevés)”, elle demeure” insuffisante”.
Unicef Algérie développe : “Elle ne fixe pas d’objectifs chiffrés pour la réduction du chômage notamment ceux des jeunes ni sur le taux d’activité notamment celui des femmes, elle ne contient pas d’indicateurs pour le suivi de sa mise en œuvre, la dimension territoriale n’est pas prise en compte et l’absence totale de statistiques sur l’emploi désagrégé par territoire”.
Enfin, Unicef Algérie note que les dispositifs d’encouragement de l’emploi mis en place ont principalement conduit à “une forte création d’emplois temporaires et à une faible survie des entreprises et activités créées dans le cadre de l’ANSEJ”.
Sécurité routière
Autre problème qui touche les jeunes algériens : les accidents de la route. Il figure en effet parmi “les principales causes de réduction de l’espérance de vie chez les jeunes Algériens, en particulier de sexe masculin”, indique l’Unicef Algérie.
Le rapport, qui relève les résultats d’une étude réalisée par le laboratoire de transport et logistique de l’université de Batna, indique que l’Algérie enregistre une moyenne de 4000 morts et de 60000 blessés chaque année sur les routes. Ce qui entraine des pertes financières équivalant à 100 milliards de dinars par an.
Reprenant les statistiques du Centre national de la prévention et de la sécurité routière, l’agence onusienne souligne que la tranche des 18-29 ans a été impliquée dans 35,3 % des accidents survenus durant les neuf premiers mois de l’année 2016, et que 1454 jeunes de moins de 29 ans ont perdu la vie durant cette même période.
“Renforcer la sécurité routière, en portant une attention particulière aux problèmes de sécurité routière rencontrés par les jeunes hommes, constituerait donc une mesure clé pour améliorer l’état de santé des jeunes adultes en Algérie”, conclut à ce sujet l’Unicef Algérie.