Les Kurdes d’Irak ont commencé à voter lundi pour leur indépendance lors d’un référendum historique qui doit ouvrir la voie à un État.
Le scrutin, initié par le président kurde Massoud Barzani, se tient non seulement dans la région autonome du Kurdistan (nord de l’Irak), qui comprend les provinces d’Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk, mais aussi dans des zones que se disputent les Kurdes et le gouvernement central irakien.
Cette consultation constitue un pari risqué car le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, a clairement fait savoir qu’il prendrait « les mesures nécessaires » pour préserver l’unité du pays.
Des pays voisins comme la Turquie et l’Iran, inquiets de voir leurs minorités kurdes suivre cet exemple, ont aussi menacé de représailles.
A Kirkouk, les mosquées ont lancé du haut des minarets des appels à aller voter.
Les résultats initiaux seront annoncés 24 heures après le scrutin, mais ils ne font aucun doute, la majorité des Kurdes étant acquises à l’indépendance.
– Prêt à négocier –
Lors d’une conférence de presse dimanche dans sa capitale d’Erbil, Massoud Barzani s’est montré inflexible.
« Le partenariat a échoué avec Bagdad et nous ne le reprendrons pas. Nous sommes arrivés à la conviction que l’indépendance permettra de ne pas répéter les tragédies du passé », a-t-il martelé d’une voix calme mais ferme.
« Nous nous attendons à des réactions d’un côté ou de l’autre, mais nous en sommes venus à une conviction: quel que soit le risque et le prix, c’est mieux que d’attendre un sombre destin », a-t-il clamé.
Il a toutefois souligné qu’une victoire du « oui » ne serait que le début « d’un long processus » vers l’indépendance et qu’il était prêt à négocier avec Bagdad les frontières de son Etat.
Intervenant au même moment depuis Bagdad dans un discours solennel, le Premier ministre irakien a refusé le divorce.
« Prendre une décision unilatérale affectant l’unité de l’Irak et sa sécurité ainsi que la sécurité de la région avec un référendum de séparation est contre la Constitution et la paix civile », a-t-il insisté.
– Pétrole en jeu –
Un peu plus tôt dans la journée, parmi les pays voisins, l’Iran avait pris une première mesure de rétorsion en interdisant jusqu’à nouvel ordre tous les vols avec le Kurdistan irakien, à la demande du gouvernement de Bagdad.
La Turquie, elle, a déjà averti que les représailles auraient des volets « sécuritaire » et « économique », pendant que son armée a intensifié ses manœuvres à la frontière.
Le gouvernement irakien a demandé dimanche à tous les pays de ne traiter qu’avec lui pour toutes les transactions pétrolières.
Le Kurdistan produit en moyenne 600.000 barils par jour dont 550.000 b/j sont exportés via Ceyhan en Turquie.