Dans le conflit ouvert qui les oppose au ministre de la Justice, les magistrats ne reculent pas. Ils ont décidé de poursuivre leur mouvement de grève illimitée entamé dimanche dernier.
« En l’absence d’une solution à la crise, le mouvement de protestation se poursuivra avec la même cadence, tout en veillant à plus de discipline afin d’éviter tout dérapage potentiel en faisant face aux mesures d’improvisation prises par le ministère », a annoncé, ce samedi 2 novembre, le Syndicat national des magistrats (SNM) dans un communiqué.
Le SNM ne ferme pas la porte au dialogue. « Le Syndicat national des magistrats saluera toute initiative susceptible d’aider à résoudre la crise et dans les meilleurs délais », souligne le communiqué signé par le président du syndicat Issaad Mabrouk.
Les magistrats souhaitent « revenir au fonctionnement normal » et ne pas « retarder les affaires des citoyens pour une période plus longue ». Les magistrats conditionnent toutefois une reprise du travail à la mise en œuvre de « mesures rationnelles pour mettre fin à la situation, de sorte à préserver l’autorité des institutions de l’État et aussi la dignité des magistrats et l’intérêt des justiciables ».
Les magistrats assurent que leurs revendications n’ont aucun caractère corporatiste pur. Ils refusent qu’on leur donne des leçons de patriotisme ou qu’on les accuse de manque de discernement. « Les magistrats ont toujours fait preuve de sens de la responsabilité et d’amour pour le pays, loin de toute surenchère. Les services du ministère doivent cesser leurs procédés policiers dans la gestion de la crise », signale la même source.
Le syndicat des magistrats met en garde contre « toute atteinte à un juge quelle que soit sa situation ». Une telle attitude, selon le SNM, ne fera qu’« attiser la colère de tous les magistrats », prévenant que « la réponse du syndicat ne sera que détonante et ce quelle que soient les conséquences ».
De son côté, le Club des magistrats d’Algérie a déploré, ce samedi 2 novembre, le contenu du dernier communiqué du ministre de la justice, daté du 31 octobre. Dans ce communiqué, Belkacem Zeghmati « a qualifié le mouvement de grève des magistrats d’illégal et de contraire à la loi, reprochant aux juges d’avoir manqué à leur engagement ».
« Le Club des magistrats rappelle au ministre que le taux d’adhésion au boycott a frôlé des niveaux records (…) Il aurait été préférable que la tutelle ne le minimise pas dans une vaine tentative de nier la réalité », souligne le Club des magistrats dans un communiqué, tout en défendant le droit des juges à faire grève.