Le bureau national du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a publié, mardi 12 juin, un communiqué, dans lequel ils appellent à la reprise des gardes, en « signe de bonne volonté » et par égard à l’approche de l’Aid el-Fitr et de la saison estivale.
Le communiqué, publié à travers des voies différentes de celles empruntées habituellement par les membres du bureau national du Camra, semble avoir été largement rejeté par les résidents qui ont été nombreux sur les réseaux sociaux à le qualifier de « communiqué de la honte », reprochant à leurs délégués d’avoir pris une décision sans se référer à la base comme ils le font à leur habitude.
Une reprise qui sème le trouble
Les résidents, troublés par ce communiqué, ont d’abord été incrédules, pensant à un « faux communiqué », comme il y en a déjà eu par le passé mais rapidement, et devant le silence des délégués nationaux, ils se sont rendus à l’évidence que le communiqué émanait bel et bien de leur bureau national.
Selon plusieurs résidents contactés par TSA, la décision de reprendre les gardes d’urgences dès demain mercredi serait motivée par une promesse faite par le ministère de la Santé de tenir une réunion de négociations au lendemain de la reprise des gardes.Une information qui a été démentie par celui-ci mardi soir, selon plusieurs chaînes de télévision.
Avec le doute et la division semés dans les rangs des résidents par cet appel à la reprise des gardes d’urgences qui semble avoir été émis par une partie des membres du bureau national du Camra sans concertation avec l’ensemble des résidents et sans obtenir de garanties sérieuses de la part du ministère de la Santé, c’est la grève dans son ensemble qui risque l’extinction pure et simple.
Le ministre de la Santé Mokhtar Hasbellaoui multiplie les sorties et activités, communique mais toujours en évitant le sujet de la grève des résidents ou en parlant de façon évasive, se contentant de réaffirmer sa disposition à négocier et à garder « les portes du dialogue ouvertes ».
Un Hasbellaoui silencieux et un Hadjar menaçant
Le ministère de l’Enseignement supérieur, dont dépendent également les résidents en sciences médicales, a annoncé quant à lui la tenue d’une session de rattrapage de l’examen au diplôme d’études médicales spécialisées (DEMS), du 1er au 19 juillet.
Cette annonce s’adresse à la majorité des résidents en dernière année qui ont boycotté à deux reprises leurs examens en signe de protestation et dont la dernière, celle qui s’est déroulée du 18 mars au 12 avril est considérée par le ministère comme étant « la session ordinaire ».
Les résidents en dernière année qui ont boycotté les deux sessions sont, selon le communiqué du ministère de l’Enseignement supérieur, « autorisés à s’inscrire au niveau de leurs départements respectifs, au cours de la période programmée du 17 au 24 juin 2018 afin de pouvoir se présenter à cet examen s’ils le souhaitent ».
Annonçant que « cette session de rattrapage sera la dernière à être organisée pour l’année universitaire 2017-2018 », le ministère a indiqué que « les candidats au DEMS qui ne se présenteront pas à cette session de rattrapage seront considérés en situation d’abandon d’étude et par conséquent exclus ».
La programmation d’une session de rattrapage du DEMS sans concertation avec les résidents concernés et les menaces d’exclusion adressées aux grévistes et aux boycotteurs sont vécues par ces derniers comme une « humiliation », sentiment exprimé par nombre d’entre eux sur les médias du Camra.
Le silence de Mokhtar Hasbellaoui et les menaces de Tahar Hadjar, combinés à l’usure des grévistes qui sont à leur septième mois de protestation ont sans doute précipité la décision du bureau national du Camra d’annoncer la reprise des gardes dès demain mercredi, sans concertation avec la base, sans assemblée générale et sans vote, mettant les résidents grévistes dos au mur.