Les députés FLN exigent maintenant la démission de Mouad Bouchareb de son poste de président de l’APN. « Nous refusons d’être en faux par rapport au mouvement populaire qui exige son départ. Ce mouvement est salvateur à plus d’un titre et nous, en tant que FLN, nous devons l’accompagner », affirment-ils.
Les manifestants exigent chaque vendredi le départ des B, soit les personnages qui dirigent les principales institutions ayant un lien direct avec la transition. Mouad Bouchareb, président de la chambre basse, doit donc partir. Les députés FLN ne peuvent être en porte-à-faux avec les revendications du peuple.
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Mais pourquoi ne mettent-ils pas un cadenas et une chaîne de fer au portail de l’Assemblée pour empêcher Mouad de rejoindre son bureau et constater ensuite la vacance du poste ? Le procédé a déjà fait ses preuves. En octobre dernier, c’est ainsi que les même députés avaient obtenu le départ de Saïd Bouhadja pour introniser celui dont ils réclament aujourd’hui le départ non par souci d’accompagner le mouvement populaire comme ils le prétendent, mais par opportunisme.
Le mouvement populaire n’a sans doute pas besoin de tels soutiens. Il est clair que les militants et cadres des partis qui ont soutenu Bouteflika et son système pendant vingt ans ne désespèrent pas de rebondir et de jouer encore un rôle, comme si de rien n’était. Il est vrai que l’inexpérimenté Mouad a poussé le bouchon un peu loin dans son zèle à soutenir Bouteflika, allant jusqu’à s’en prendre aux premiers manifestants ayant réclamé son départ, mais il faut rappeler, à sa décharge, qu’en vingt ans d’allégeance du FLN à Bouteflika, il l’a dirigé pendant seulement 6 mois.
Si Mouad doit partir parce qu’il a soutenu à l’excès l’ancien président, tous les militants du parti doivent aussi partir parce qu’ils ont porté Bouteflika pendant vingt ans et applaudi toutes ses décisions, y compris ce cinquième mandat qui a fait sortir le peuple dans la rue.
Cette crise que traverse le pays depuis le 22 février a permis de mettre au grand jour le véritable visage de l’ancien parti unique. Non seulement il s’est empressé de lâcher Bouteflika dont il a fait un prophète, mais il s’est empressé d’apporter son soutien à ceux qu’il croit être les nouveaux maîtres du pays.
Mohamed Djemai, élu nouveau secrétaire général du parti le 30 avril, a présenté ses excuses au peuple algérien pour le soutien apporté à Bouteflika. Immédiatement après, il annonce son soutien au chef d’état-major de l’ANP, avec l’espoir de jouer les premiers rôles dans une nouvelle configuration politique.
La même attitude peut être constatée chez tous les partis, organisations et personnalités qui avaient sacralisé Abdelaziz Bouteflika et l’ont encouragé à persévérer dans l’erreur. Le numéro II du RND s’attaque publiquement à son ancien patron qu’il ne veut pas accompagner dans sa chute, le parti TAJ salue toute initiative qui vient du chef de l’armée…
En fait, personne ne semble désespérer de jouer encore un rôle en faisant appel à la recette miracle du retournement de veste. Mais n’est-il pas déjà trop tard ? Le mouvement populaire que courtisent les députés de l’ex-parti unique crie chaque semaine « FLN au musée » et il n’est pas sûr que les nouveaux tenants de la décision soient réjouis du soutien d’individus et d’entités mus par leurs seuls intérêts mercantiles. Le sort de Bouteflika, qui croyait être soutenu comme personne, est à méditer…
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