Après quinze ans de divisions, les différentes factions palestiniennes ont scellé ce jeudi 13 octobre à Alger une réconciliation historique sous l’égide de l’Algérie.
« Mecque des révolutionnaires » pendant les premières décennies de l’indépendance, Alger prête désormais son nom aux initiatives de rétablissement de la paix, de rassemblement et de réconciliation dans les pays en lutte pour leur indépendance ou en butte à des divisions internes.
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Après « les Accords d’Alger » qui font l’unanimité de la communauté internationale comme unique voie de règlement de la crise malienne, le monde parlera pendant longtemps de la « Déclaration d’Alger » qui scelle la réconciliation nationale palestinienne.
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C’est en effet une véritable prouesse que vient de réussir la diplomatie algérienne à un peu plus de deux semaines du sommet arabe d’Alger, prévu le 1er novembre prochain.
Après 15 ans de divisions et de luttes intestines qui ont freiné leur cause nationale, les différentes factions palestiniennes ont trouvé, sous l’égide de l’Algérie, la voie de l’entente et de la réconciliation.
La « Déclaration d’Alger », signée ce jeudi 13 octobre au Palais des Nations, en présence du président de la République Abdelmadjid Tebboune, est une plateforme qui donnera un nouveau départ à la lutte des Palestiniens pour l’établissement de leur État.
Les engagements des signataires se déclinent en dix points contenus dans la Déclaration, parmi lesquels l’adoption de l’unité comme base de lutte, l’unanimité autour de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme unique représentant légitime du peuple palestinien, l’élection du Conseil national palestinien suivant le système de représentation proportionnelle intégrale dans une année au plus tard, l’organisation d’élections générales (présidentielles et législatives) dans le même délai, la réunification des institutions palestiniennes et l’activation du mécanisme des secrétaires généraux des factions pour mettre fin à la division.
Un groupe arabe, dirigé par l’Algérie, se chargera du suivi de l’application de cet accord.
Avant d’en arriver là, il a fallu plusieurs mois de tractations, d’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’une tentative de réconciliation est menée, en vain.
Plusieurs mois de discussions
L’initiative a été annoncée au début de l’année par le président Tebboune lui-même. Après plusieurs mois de discussions pilotées par un groupe de travail algérien, un congrès réunificateur s’est tenu les 11 et 12 octobre à Alger.
Cette dernière étape s’est déroulée dans la discrétion pendant deux jours. Ce n’est qu’à la fin des travaux, mercredi soir, que les médias en ont rendu compte après la visite rendue par le chef de l’Etat aux participants.
Après deux jours de tractations, quatorze factions représentant la totalité de la classe politique palestinienne sont arrivées à un accord historique.
Symboliquement, il a été signé dans la même salle où a été proclamée la naissance de l’Etat de Palestine, le 15 novembre 1988, par le défunt Yasser Arafat, comme l’a rappelé le président Tebboune dans une allocution très brève et improvisée.
« Il est difficile de parler dans un tel jour historique », dit-il. « La cause palestinienne est passée par des problèmes et des manœuvres. Aujourd’hui, Dieu merci, les choses ont repris leur cours normal. Je remercie toutes les factions, elles ont répondu au vœu du peuple palestinien qui est aussi celui du peuple algérien. Incha’Allah bientôt nous verrons véritablement la création de l’Etat palestinien dans les frontières de 1967 et avec comme capitale Al Quds Al Sharif. »
C’est par ces mots que le président algérien, initiateur du projet de rassemblement, clôt la cérémonie solennelle de signature.
Celle-ci a eu lieu ce jeudi en fin de journée. Toute la Palestine était représentée dans l’hémicycle de Club des Pins pour annoncer au monde entier la fin de la division. Il y avait notamment les deux principales factions, les mouvements Hamas et Fatah, respectivement au pouvoir à Gaza et en Cisjordanie. Ismaël Hania, chef du Hamas, a été très applaudi à son entrée dans la salle.
« Confiants quant à l’application de l’accord »
Les autorités algériennes n’ont pas fait les choses à moitié pour marquer cette halte historique.
Outre des représentants de la classe politique nationale, tous les hauts responsables civils et militaires étaient là, ainsi que des chefs de missions diplomatiques accréditées en Algérie.
C’est Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, qui ouvre la cérémonie, soulignant que cette « rencontre est attendue par tous les supporters de la cause palestinienne, notamment le peuple algérien qui lui aussi a combattu contre une puissance similaire ».
« Sans les efforts de l’Algérie, cette initiative ne verrait pas le jour », reconnaît pour sa part Faiez M’hamed Abou Aita, ambassadeur de Palestine en Algérie.
Aussitôt la déclaration lue par le même diplomate, les représentants des quatorze factions la signent un à un, accueillis par le président Tebboune.
Azzam Al Ahmad, du mouvement Fatah, est le premier à signer, suivi de Ismaël Hania, chef du Hamas et tous les autres délégués représentant le Nidhal populaire, l’Initiative nationale, le Parti du peuple palestinien, les Talai Harb Al Tahrir, le Front arabe palestinien, le Front de libération de la Palestine, le FIDA, le Front de libération arabe, le Djihad islamique, le PLP et le FDLP. Avant la photo souvenir avec le chef de l’Etat, les représentants du Hamas et du Fatah prennent la parole.
« C’est un moment historique et glorieux (…) C’est un jour de joie en Algérie et en Palestine mais un jour de deuil chez l’entité sioniste. Qu’ils se lamentent ! », déclare Ismaël Hania.
« Nous sommes fiers d’avoir signé cet accord pour nous débarrasser de ce cancer qui est entré dans le corps de la Palestine. Nous sommes confiants que cet accord sera exécuté et nous nous engageons être les premiers à l’appliquer », assure pour sa part Azzam Al Ahmad.