Politique

Les partisans de Bouteflika reprennent du poil de la bête

L’initiative lancée par le MSP n’a ni été couronnée de succès ni permis à son initiateur d’engranger de substantiels gains politiques. Elle a réussi à provoquer l’effet contraire en servant d’électrochoc pour le camp d’en face, c’est-à-dire les partisans d’un cinquième mandat pour Bouteflika, qui depuis ont bien repris du poil de la bête.

Certes, depuis maintenant des mois, Djamel Ould Abbes était sur la brèche en multipliant les sorties sur le terrain et les conférences de presse, en couvrant de louanges le président Bouteflika par-ci et en appelant ce dernier à briguer une autre mandature à la tête du pays, par-là. Mais la sortie-surprise de Abderrezak Makri qui s’affaire à brasser large et à construire un consensus autour d’une personnalité autre que Bouteflika, semble avoir fortement secoué les partisans de Bouteflika qui, sentant peut-être la menace, se sont mis à la riposte.

La première salve est venue, comme il fallait s’y attendre, de Djamel Ould Abbes. Comme pour faire un pied de nez au remuant patron du MSP, le chef du FLN a accueilli, le 29 juillet au siège de son parti, en grande pompe et avec des fleurs l’ancien ministre du tourisme Abdelkader Bengrina- un transfuge de la formation créée par Mahfoud Nahnah, faut-il le souligner- venu exposer son initiative baptisée « Consensus national de l’Algérie pour tous ».

Le 30 juillet, Ould Abbes reçoit au siège du FLN toujours, un autre transfuge du MSP, le président du parti El Karama, Mohamed Benhamou qui, à l’occasion, s’était empressé de prendre fait et cause pour le prolongement du règne de Bouteflika. Message sibyllin d’Ould Abbes à Makri : on braconnera dans le pré-carré de l’ex-Hamas et on te poussera dans tes derniers retranchements.

Et comme pour tordre définitivement le cou à l’initiative du MSP, Djamel Ould Abbes a accéléré la cadence en rencontrant, le 31 juillet et au Palais du gouvernement même, le premier ministre Ahmed Ouyahia et dans le Palais du gouvernement. Tout un message : « l’État c’est nous, on y et on y reste », semblait dire le secrétaire général du FLN aux opposants au 5ème mandat de Bouteflika, non sans rappeler le statut de « première force politique du pays », voire de « colonne vertébrale de l’État » du FLN. Une occasion également de récuser l’existence d’un quelconque conflit entre lui et Ahmed Ouyahia qualifié, à l’occasion, d’« homme d’État » qui connait « les limites de la responsabilité d’un homme d’État ».

Comprendre : le patron du RND que d’aucuns soupçonnent de rêver d’un destin présidentiel, ne peut se permettre de travailler contre un autre bail de Bouteflika à la tête de l’État. « Nous serons, avec d’autres forces, un soutien fort s’il (Bouteflika, ndlr) répond favorablement à cette requête (5ème mandat, ndlr) », a acquiescé le premier ministre.

Les deux hommes dont l’inimitié est du domaine public ont-ils reçu une injonction de se réunir ? La dernière sortie du chef d’état-major Gaïd Salah où il a renouvelé son soutien indéfectible au président Bouteflika a-t-elle provoqué une décantation et, du coup, précipité les choses ? Une chose est sûre, la rencontre Ould Abbes-Ouyahia a valeur de message politique fort destiné à la classe politique et à l’opinion publique : un ‘’consensus’’ s’est dégagé – du moins pour le moment et en apparence – en haut lieu sur le maintien de Bouteflika à la tête du pays au-delà de 2019. Sauf bien sûr, cas de force majeure.

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