Le parti Talaiou El Houriyet d’Ali Benflis soupçonne les partisans de la continuité de « préparer un coup de force électoral » contre la volonté populaire lors du prochain scrutin présidentiel.
« Les partisans de la continuité s’emploient à préparer un passage en force contre la volonté populaire afin d’accorder une prolongation supplémentaire à un système qui a atteint sa date de péremption, au risque de mettre en péril le sort du pays pour préserver des intérêts occultes et douteux », écrit Talaiou El Houriyet dans un communiqué qui a sanctionné la réunion mensuelle de son bureau politique.
Le parti de l’ex chef de Gouvernement n’a pas manqué de s’interroger sur le sens à donner à cette continuité prônée par les partis du pouvoir.
« S’agit-il de continuité dans l’échec ? Ou dans le maintien du statu quo et du déclin continu ? Est-ce la continuité du gaspillage des richesses ? S’agit-il de la continuité dans l’exaspération de la société et sa déstabilisation ? Ou dans la corruption généralisée, les scandales politiques et financiers successifs et l’impunité ? Ou est-ce la contrainte de milliers de femmes et d’hommes à fuir leur pays, ou bien les conditions difficiles de l’école et de l’université ? La continuité de la dégradation du système de santé, la répression des mouvements sociaux et la violation des droits et libertés des citoyens ? Ou est-ce la continuité de la fermeture du champ politique et la négation de la liberté de la presse ? » ironise-t-il.
Le Bureau politique de Taliou El Houriyet note également « l’accentuation de la confusion au sommet de l’État » et « l’intensification des conflits entre les centres de décision d’une même famille politique », allusion sans doute à la crise qui secoue le FLN.
Aussi relève-t-il des « dérives institutionnelles », « l’instrumentalisation de la justice pour régler les comptes entre les parties en conflit » et la « violation » des Lois et de la Constitution.
Autre constat : « manque de discipline, de solidarité et d’harmonie gouvernementale », les « accusations graves entre membres du gouvernement », les « déclarations et décisions contradictoires » autour des mêmes sujets ainsi que la mainmise de l’exécutif sur les autres pouvoirs, sans connaître « l’autorité qui émet les décisions finales » et la gestion aléatoire des affaires de l’État, laissant le citoyen dans l’ignorance totale.
« Il ne se passe pas un jour sans enregistrer une manifestation de l’échec du système politique, confirmant de plus en plus la dégradation et le délitement des institutions », soutient le parti de Benflis.
« La toile de fond de cette agitation politique entre les différents cercles du pouvoir et les forces extra-constitutionnelles visent à influer sur le déroulement des prochaines élections », estime-t-il, ajoutant qu’il « semble que le système politique actuel ne voit pas de danger dans l’impasse politique dans son ensemble et la crise économique de plus en plus grave, au point où il concentre toute son attention, jusqu’à l’obsession, sur l’élection présidentielle de 2019, qu’il considère comme une simple formalité (…) ».
Selon ce parti, « la position du régime et ses actions suggèrent que le prochain scrutin ne le concerne que lui seul, considérant les autres forces politiques comme simple décor et qu’apparait, à travers les scénarios qui se concoctent en haut niveau, un mépris de la volonté populaire ».
Sur un autre registre, le parti de Benflis relève « la détermination et l’intransigeance » du système politique à poursuivre la mise en œuvre de sa « feuille de route » qui mènera inévitablement le pays à l’inconnu, en ignorant les appels de l’opposition au dialogue pour une sortie consensuelle de la crise. Par ailleurs, il s’est étonné de la célérité avec laquelle le projet de loi de finances 2019 a été adopté par l’APN, un texte qualifié d’« électoraliste ».