Le risque de mourir prématurément est plus que doublé pour les pères célibataires par rapport aux mères célibataires ou aux pères en couple, selon une étude publiée jeudi et réalisée au Canada.
« Notre étude souligne que les pères célibataires ont une mortalité plus élevée, et démontre la nécessité de politiques de santé publique pour contribuer à identifier et soutenir ces hommes », a affirmé l’auteure principale, Maria Chiu, chercheuse en santé publique à l’université de Toronto.
Publiée par The Lancet Public Health, l’étude porte sur des questionnaires de santé auprès de 40.500 personnes entre 2000 et 2012.
Chez les 871 pères sans compagne dénombrés, le taux de mortalité atteignait 5,8 pour mille. C’est nettement plus que chez les mères célibataires (1,7 pour mille) et les pères en couple (1,9 pour mille).
En prenant en compte des facteurs spécifiques à ces pères célibataires, en moyenne plus âgés et plus souvent atteints par le cancer ou les maladies cardiovasculaires, le risque de mortalité restait deux fois plus élevé.
La raison n’est pas établie avec certitude, mais les chercheurs soupçonnent le stress et « des modes de vie moins sains »: alimentation peu équilibrée, manque d’exercice physique, et consommation plus forte d’alcool.
De plus, ces hommes ont, semble-t-il, « moins souvent un réseau social, une assistance sociale ou un soutien dans l’éducation de leurs enfants » que les mères célibataires.
Par rapport à elles, qui ont plus souvent été abandonnées par leur partenaire avant la naissance d’un enfant, les pères seuls sont plus fréquemment veufs, divorcés ou séparés après une relation durable.
Les séparations font que de plus en plus d’enfants dans le monde vivent avec un seul parent.
Aux États-Unis, la proportion est passée de 8 à 23% entre 1960 et 2016, selon le Bureau du recensement. En Europe, le Danemark est d’après l’OCDE le pays à la plus forte proportion de ménages monoparentaux (23% avec une femme, 7% avec un homme). C’est le cas de respectivement 19 et 4% des ménages en France.
Un démographe de l’ONU, Joseph Chamie, avait calculé en 2016 que « sur les 2,3 milliards d’enfants que compte le monde, 14%, soit 320 millions, vivent dans une famille monoparentale ».