Les dizaines de personnalités saoudiennes arrêtées dans le cadre d’une purge anticorruption sans précédent dans le royaume vont être jugées devant un tribunal, a indiqué lundi le procureur général.
Des princes, dont le célèbre milliardaire Al-Walid ben Talal, des ministres ainsi que des hommes d’affaires ont été appréhendés samedi lors d’une opération coup de poing qui fait suite à la mise en place d’une nouvelle commission anticorruption présidée par le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane.
« Toutes les personnes suspectées auront pleinement accès à tous les droits de la défense et les procès auront lieu de façon transparente », a affirmé dans un communiqué le procureur général Cheikh Saoud Al Mojeb.
« D’importantes preuves ont déjà été recueillies et des interrogatoires détaillés ont eu lieu », a-t-il ajouté.
Selon Cheikh Saoud Al Mojeb, qui fait lui-même partie de la nouvelle commission anticorruption formée conformément à un décret royal, les autorités ont dû mener leur enquête « dans la discrétion » afin que personne « ne puisse échapper à la justice ».
Selon la chaîne à capitaux saoudiens Al-Arabiya, 11 princes, 4 ministres et des dizaines d’ex-ministres ont été arrêtés, alors que la commission anticorruption a ouvert des enquêtes sur plusieurs affaires, pour certaines assez anciennes, dont une concerne les inondations meurtrières ayant dévasté en 2009 Jeddah (ouest).
Un responsable gouvernemental a fourni à l’AFP une liste de 14 personnalités de haut rang limogées ou arrêtées incluant le prince Al-Walid, l’une des personnalités les plus riches au monde.
La commission anticorruption a mis au jour des preuves de « corruption généralisée », a affirmé son président Khaled ben Abdelmohsen dans un communiqué.
« Les autorités saoudiennes anticorruption (…) ont travaillé méticuleusement pendant trois ans pour enquêter sur les crimes en question », a-t-il précisé.
Le ministre saoudien de l’Information avait annoncé dimanche que les comptes bancaires des personnes arrêtées allaient être « gelés » et que tous les biens « résultant de la corruption » seraient « restitués à l’Etat ».
Parallèlement aux arrestations, le chef de la puissante Garde nationale saoudienne, un temps considéré comme prétendant au trône, ainsi que le chef de la Marine et le ministre de l’Economie ont été abruptement limogés.
« Cette répression signale le début de la fin de l’ère des privilèges excessifs des élites », a estimé sur Twitter Ali Chihabi, directeur de la Fondation Arabia, basée à Washington, et qui est considéré comme proche de l’establishment saoudien.
« Le message est que dorénavant les élites ne peuvent plus se sentir comme ayant automatiquement droit aux richesses et aux privilèges », a-t-il ajouté.
Tous ces changements interviennent au moment où le prince héritier Mohammed ben Salmane, 32 ans, tente de consolider son pouvoir et d’introduire des réformes économiques et sociales inédites dans le royaume ultraconservateur.