Les pièces détachées automobiles d’origine se raréfient dans les rares concessions de véhicules encore en activité en Algérie, ce qui profite au marché informel et aux produits contrefaits.
Après le désengagement des constructeurs automobiles du marché algérien suite au gel des importations et l’arrêt de l’assemblage de véhicules, la majorité des concessionnaires n’assurent plus le service après-vente.
La plupart ont carrément fermé leurs portes et changé d’activité. Depuis 2020, l’Algérie n’importe pas de véhicules et les usines d’assemblage ont été fermées.
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Pour remplacer une pièce défectueuse, ils demandent souvent à leurs clients d’aller l’acheter sur le marché, sans aucune garantie sur son originalité. Il est en effet difficile de vérifier si la pièce détachée disponible est d’origine ou de contrefaçon. Ce qui pose un sérieux problème de sécurité routière, dans un pays ou les accidents de la route tuent chaque année près de 4000 personnes.
Pour Mustapha Zebdi, président de l’Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (APOCE), “le secteur automobile en Algérie ne va pas bien, et cette situation dure depuis plusieurs années maintenant“.
Mais outre les répercussions économiques, les conséquences de cette situation, aggravée ces deux dernières années par la crise sanitaire liée au covid-19, sont graves : flambée sans précédent des prix des véhicules d’occasion, désengagement du service après-vente et pénurie de pièces de rechange. Une situation qui pose aujourd’hui, un véritable problème de sécurité routière.
Sécurité routière et parasites
À ce sujet, M.Zebdi, qui préfère parler de “manque” plutôt que de pénurie de pièces de rechange. “Nous connaissons depuis un certain temps un manque important de pièces de rechange, cela pose vraiment un problème de sécurité routière. Nous demandons à ce que des solutions rapides soient prises pour pallier cette situation“, réclame le président de l’Apoce.
Selon lui, “la situation actuelle n’est pas désastreuse, mais il faut trouver des solutions rapidement“.
Revenant sur le marché de l’informel, et sur le phénomène de la contrefaçon des pièces détachées, le président de l’Apoce estime que “cette situation de manque a ouvert une brèche et a permis à des personnes de s’introduire dans le réseau et de vendre des produits contrefaits”.
“Des parasites se sont introduits sur le marché et ont profité du vide qu’offre cette situation, a-t-il ajouté. Aujourd’hui, on peut introduire n’importe quelle pièce détachée sur le marché et cela, au détriment de la qualité et de la fiabilité“.
Pour endiguer ce phénomène, M.Zebdi appelle à la responsabilité morale. “Que ce soit les opérateurs économiques, les détaillants, ou tout revendeur de pièces de rechange, ils ont tous une responsabilité morale vis-à-vis des clients“.
Pour lui, les contrefacteurs “jouent avec la vie des gens, et doivent impérativement subir des poursuites et des représailles“.
Cette situation de manque ou de pénuries de certaines pièces détachées risque de durer longtemps. Le gouvernement n’a agréé aucun concessionnaire pour l’importation de véhicules neufs alors que la relance de l’industrie d’assemblage n’est pas pour demain.