De nombreux procès de détenus du hirak sont subitement programmés. Au moins six manifestants accusés d’atteinte à l’unité nationale pour le port du drapeau amazigh, seront jugés ce mardi par le tribunal d’Alger.
Il s’agit de Leftissi Messaoud, Djaber Aibeche, Bilal Bacha, Khaled Oudihat, Hamza Meharzi et Tahar Safi.
Ces manifestants font partie du contingent des plus anciens détenus du hirak. Ils ont été arrêtés lors de la marche du 21 juin à Alger, le premier vendredi où le port du drapeau amazigh a été interdit.
Hier lundi, le Comité national pour la libération des détenus, citant l’avocate, a annoncé la fin de l’instruction dans les affaires de trente-quatre détenus au total, dont ceux dont le procès se tient ce mardi. D’autres procès devraient être programmés dans les prochains jours, selon la même source.
À Constantine, Abdelkrim Zeghileche, ancien directeur de la radio Sabarcane, sera jugé également ce mardi 22 octobre par le tribunal de la même ville. Il est accusé d’atteinte à la personne de l’ancien président de la République Abdelaziz Bouteflika.
La semaine passée, le procès de deux jeunes poursuivis pour port du drapeau amazigh a eu lieu devant le tribunal de M’sila. Une peine de deux ans de prison ferme a été requise et le verdict devrait être rendu le 29 de ce mois.
Dimanche à Bordj Bou Arréridj, Chouiter Khaled, le médecin arrêté en juin pour des posts publiés sur les réseaux sociaux, a été jugé et condamné à 18 mois de prison, dont six mois fermes. Le procureur avait requis sept ans de prison ferme à son encontre, ce qui a donné lieu à une brève confusion, certains ayant annoncé cela la peine dont il a écopé.
Les manifestants jugés jusque-là pour le port du drapeau amazigh ont connu des fortunes diverses. Si Nadir Fetissi et Hakimi Aïssi ont été acquittés respectivement par les tribunaux d’Annaba et de Mostaganem, Amazigh Semmani, lui, a écopé d’un an de prison ferme au tribunal de Constantine.
Que décidera le tribunal de Sidi M’hamed, considéré jusque-là comme une exception pour le nombre important de manifestants placés en détention provisoire ? L’issue des procès de ce mardi nous renseignera surtout si on est ou pas devant le début d’un apaisement de la situation avant l’élection présidentielle.
En tout cas, il y a des raisons de croire que le pouvoir chercherait à en finir avec ce dossier devenu trop encombrant. Même si on déplore l’incarcération, dimanche, de l’activiste Abdelaoui Ahmed Bendi à Sidi Bel-Abbès et le placement sous contrôle judiciaire d’Aissam Sayeh par le tribunal de Tlemcen, il faut noter que c’est la première fois depuis plusieurs semaines qu’aucun manifestant n’a été placé en détention à l’issue des marches de vendredi dernier. À Alger, il n’y a même pas eu d’interpellations.
S’il s’agit réellement d’un début de détente –ce qui reste à confirmer- les observateurs soulignent qu’elle intervient suite au maintien de la mobilisation et de la solidarité avec les détenus, exprimée dans la rue, sur les réseaux sociaux et même par des ONG étrangères depuis quelque temps.
Jeudi dernier, le mouvement populaire a appelé les Algérois à exprimer leur solidarité à coup de youyous, de klaxons et de bruit d’ustensiles de cuisine. L’opération a été un grand succès et dû mettre dans la gêne les autorités, car rappelant une méthode de lutte utilisée par les Algériens pendant la guerre de Libération.