Le président Abdelmadjid Tebboune a accordé un entretien à la chaîne qatarie Al-Jazeera diffusée ce mardi où il a évoqué plusieurs questions nationales cruciales et régionales, comme le dossier libyen, et la question palestinienne.
Le Hirak a sauvé l’État de la « déliquescence »
Au plan interne, le président de la République a affirmé que « le Hirak authentique béni a sauvé l’Etat algérien de la déliquescence ».
« L’Algérie était sous la mainmise de la « issaba » (bande) qui a volé et transféré à l’étranger des centaines de milliards de dollars ». Cette dernière « voulait exploiter la maladie de l’ancien président pour s’accaparer le pouvoir pour cinq autres années », a rappelé M. Tebboune, selon le compte rendu publié par la présidence de la République et repris par l’agence officielle.
Évoquant la corruption, il a précisé que « son ampleur est si importante que nous continuons à ce jour à découvrir ses ramifications apparentes et occultes », ajoutant que « le monopole de l’importation était entre les mains d’une cinquantaine de personnes, qui avaient un pouvoir absolu pour décider qui pouvait investir en Algérie ».
Le chef de l’Etat a souligné, dans ce sens, que la justice algérienne « a saisi et récupéré au profit du Trésor public tous les biens connus de la ‘issaba’ », ajoutant que « l’Algérie œuvre de concert avec les pays amis en Europe et à travers le monde à la découverte des avoirs détournés, et partant à les récupérer ».
Pour M. Tebboune, « 13 millions d’Algériens ont sauvé l’Algérie du 5e mandat et du prolongement du 4e, et l’Algérie a pu, grâce à la conscience du peuple, sortir de la zone du danger ». L’Algérie, a-t-il estimé, « a vécu le printemps arabe après les évènements d’Octobre 1988 ».
Au volet politique, M. Tebboune a indiqué que « l’Algérie s’est débarrassée irrémédiablement de l’islam idéologique » et que « le courant islamiste actif en Algérie est différent des courants islamistes dans d’autres pays ».
« Les parties derrière les récentes marches étaient inconnues »
Il a estimé, par ailleurs, que « grâce à son pacifisme, le Hirak authentique est sorti victorieux sous la protection des services de sécurité et de l’armée » faisant remarquer cependant que « les parties derrière les récentes marches étaient inconnues et ces manifestations ne sont plus unifiées en termes de revendications ou de slogans ». « Cinquante wilayas algériennes n’enregistrent aucune marche ces derniers temps », a-t-il fait savoir.
« La relation entre la Présidence et l’Armée est une relation somme toute naturelle », a soutenu M. Tebboune affirmant que « l’armée algérienne est une institution constitutionnelle qui sacralise la Constitution de l’Etat ».
Concernant la question palestinienne, le président Tebboune a soutenu que « la position de l’Algérie est constante, imprescriptible et immuable ».
« Il n’y a ni paix ni terre »
Rappelant l’accord conclu dans le cadre de la Ligue arabe sur la base du principe de « la terre contre la paix » qui prévoit l’établissement de l’Etat de Palestine comme préalable à la paix, il a souligné qu' »il n’y a hélas aujourd’hui ni paix ni terre », d’où les interrogations sur l’utilité de la normalisation.
« L’Algérie porte le flambeau de la Palestine, du Sahara occidental et des peuples opprimés ». C’est pour cette raison qu’ils veulent faire taire sa voix, mais « ça n’arrivera pas », a-t-il assuré.
« L’Algérie jouit de stabilité grâce à la force de son Armée » et « celui qui a dit que l’Algérie tombera après la Syrie s’est trompé », a-t-il poursuivi.
Concernant les relations avec le Maroc voisin, le Président Tebboune a déclaré: « nous n’avons pas de problème avec le Maroc, c’est le Maroc qui a un problème avec nous ».
La question du Sahara occidental est depuis quatre (4) décennies entre les mains de la commission onusienne de décolonisation. Les Nations Unies considèrent le Sahara occidental comme une colonie.
« Nous entretenions par le passé de bonnes relations avec le Maroc et les frontières étaient ouvertes malgré le dossier du Sahara occidental », a-t-il fait savoir, réaffirmant la position constante de l’Algérie à l’égard du Sahara occidental. « Nous n’acceptons pas le fait accompli quelles que soient les circonstances », a-t-il soutenu.
Concernant la crise libyenne, le président de la République a rappelé que l’Algérie a refusé que Tripoli « tombe aux mains des mercenaires », ajoutant qu' »elle était prête à intervenir d’une façon ou d’une autre pour empêcher sa chute ».
« Quand nous avons dit que Tripoli était une ligne rouge, nous l’avons fait sciemment et les concernés ont saisi le message », a-t-il affirmé, rappelant la position de l’Algérie qui a appelé, à la Conférence de Berlin, à la tenue d’élections générales en Libye sous l’égide des Nations Unies.
« Les frères Libyens ont demandé à ce que la réconciliation libyenne se fasse en Algérie, et c’est ce qu’a confirmé le chef du gouvernement d’union nationale en Libye lors de sa dernière visite en Algérie », a rappelé M. Tebboune.
Soulignant que l’instabilité de la Libye a eu des répercussions sur la situation au Mali et au Sahel, le Président Tebboune a fait état de « caravanes chargées d’armes lourdes et légères repérées par satellites en direction de la région du Sahel sans être interceptées ».
La réponse de Tebboune à l’éditorial du Monde
« De tels actes avaient pour objectif de cerner l’Algérie pour faciliter son infiltration et c’est pourquoi nous œuvrons à renforcer davantage notre armée », a ajouté M. Tebboune qui précise que les dernières manœuvres militaires visaient à « assurer l’état prêt des troupes en cas d’urgence ».
S’agissant des relations avec la France, le Président Tebboune a évoqué l’existence en France de trois lobbies, expliquant que « le premier est celui des anciens colons qui ont quitté l’Algérie après l’indépendance et transmis leur rancoeur à leur descendance, le deuxième est le prolongement de l’Armée secrète française et le troisième, comprend des Algériens qui ont choisi de soutenir la France ».
Pour ce qui est de l’éditorial du journal « Le Monde » sur l’Algérie, le Président Tebboune a déclaré que l’Algérie dont parle ce journal « n’est pas l’Algérie que nous connaissons ».