En Algérie, les salaires des joueurs de football aux piètres qualités choquent. Pour très peu de résultats, les clubs algériens de football sont généreusement financés par l’argent public qu’ils utilisent rarement à bon escient.
Le mercato actuel offre des exemples qui démontrent que les mauvaises habitudes se sont durablement installées dans la gestion du football algérien. Si la situation ne change pas, c’est aussi parce que ceux qui dénoncent cet état de fait sont les premiers à l’encourager, comme vient de le démontrer un ancien président de la FAF.
Il ne faut pas aller chercher loin la raison qui fait que l’équipe d’Algérie doit puiser dans le réservoir des binationaux formés notamment en France pour pouvoir être performante sur la scène africaine.
Les clubs algériens dans le rôle est de la fournir en joueurs ne forment plus. L’argent public qu’ils reçoivent chaque année en sommes colossales est destiné à autre chose : recruter des joueurs à coup de milliards, pour peu de résultats.
Le projet du professionnalisme entamé il y a quinze ans a été stoppé net par cette tendance qui se généralise : un à un, les clubs sont pris en charge par des entreprises publiques. Celles-ci ne semblent pas compter leurs sous quand il s’agit de financer les dépenses les plus extravagantes des clubs.
Football algérien : joueurs aux piètres qualités, salaires mirobolants
Cette situation est dénoncée par tous, mais personne ne bouge le petit doigt pour changer les choses, y compris ceux qui ont le pouvoir direct de le faire.
L’ancien président de la Fédération algérienne de football (FAF), Charaf Eddine Amara, est un parfait exemple des responsables du football algérien qui dénoncent le mal et ne font rien pour le combattre.
Amara a lancé mardi 9 juillet un appel à priori louable pour la mise en place d’une « charte d’éthique dans le football professionnel ». L’ancien président de la FAF a décrit une situation qui ne peut plus durer.
Quand un ancien président de la FAF appelle à l’éthique et ne montre pas l’exemple
« Le marché des transferts s’enflamme, les agents bluffent et manœuvrent, les joueurs se laissent aller et les recruteurs, conscients ou inconscients, payent », a écrit Amara sur sa page Facebook.
Amara a pointé tout le monde du doigt : les acteurs du football dont les faits, déclarations et gestes « vont de l’invective, aux accusations et à la violence verbale », les médias et réseaux sociaux qui « soufflent sur le brasier et attisent le feu », et les
supporteurs qui, « guidés que par les résultats immédiats de leurs clubs, exigent toujours les meilleurs joueurs et entraîneurs et les plus chers, sans se rendre compte des limites matérielles et sociales des clubs ».
Voilà qui est bien résumé. Sauf que dans la même journée un document du CR Belouizdad publié sur les réseaux sociaux, détenu par la société publique Madar que dirige le même Amara Charaf-Eddine, démontre le contraire, sauf si ce niveau de rémunération n’est pas considéré comme élevé.
Le document est une offre faite pour un joueur étranger, un Burkinabé du nom de Ki Stéphane Aziz, en vue de le recruter. Le président du CRB lui propose un salaire annuel de 440 000 dollars, dont une avance de trois mois, un appartement meublé, des billets d’avion gratuits…
En monnaie nationale, au cours officiel, c’est à peu près 60 millions de dinars, soit 5 millions de dinars par mois. Au cours parallèle, c’est près de 90 millions de dinars annuels, 7,5 millions de dinars mois. Cela, pour un joueur sans doute juste moyen.
Cette offre reste inférieure au montant avec lequel le MCA a engagé Zakaria Draoui, 30 ans. Libéré par le Wydad Casablanca, ce milieu défensif sans passé particulier, s’est vu proposer un salaire fou de 8 millions de dinars par mois, soit 55.000 euros.
Zakaria Draoui est devenu le joueur le mieux du MCA qui est financé par le groupe Sonatrach, autrement dit avec l’argent du pétrole. Avant Draoui, c’est Youcef Belaili qui était le joueur le mieux payé du champion d’Algérie en titre, avec un salaire de 44.000 euros par mois, selon le site La Gazette du Fennec qui évoque aussi le salaire mirobolant offert de 6 millions de dinars offert par l’USMA, un autre club financé par un groupe public, pour recruter Ilyes Chetti.
Trois ex-présidents de la FAF devant le juge
Ces salaires choquants qu’offrent des clubs à la gestion douteuse à des joueurs trentenaires aux piètres qualités illustrent les dérapages dans le football algérien qui continue de manger son pain noir.
Les clubs algériens ne font plus peurs sur la scène africaine et l’équipe nationale peine a raté les deux dernières coupes du monde (2018 et 2022).
Amara Charaf-Eddine est cité, au même titre que deux autres présidents de la FAF dans une enquête ouverte par la justice sur la gestion financière de la fédération depuis 2017.
Il est peut-être temps que la justice se penche aussi sur la gestion des clubs algériens chez lesquels trop d’argent public coule depuis quelques années, sans que l’on sache comment il est dépensé et pour quels résultats.
« Où va-t-on ? », s’est interrogé Charaf Eddine Amara dans son post. L’interrogation est d’autant plus pertinente que ceux qui appellent à l’éthique sont les premiers à la laisser se faire bafouer.