Depuis la chute de la monarchie en 1952, l’Egypte a connu six présidents, cinq issus des rangs de l’armée –dont le dernier Abdel Fattah Al-Sissi vient d’être réélu– et un civil islamiste.
– Mohamed Naguib –
Appelé par les “officiers libres” du colonel Gamal Abdel Nasser à présider le Conseil de commandement de la révolution après le renversement du roi Farouk en juillet 1952, Mohamed Naguib est nommé président de la République en juin 1953.
Nasser, qui le soupçonne de connivence avec les Frères musulmans, le contraint à la démission en 1954, et le fait assigner à résidence. Il meurt en 1984.
– Gamal Abdel Nasser –
Le leader des “officiers libres” sera chef d’Etat de 1954 jusqu’à sa mort d’une crise cardiaque en 1970.
Cofondateur du mouvement des non-alignés, charismatique et chantre du nationalisme arabe, Nasser met en place un régime de parti unique et gouverne d’une main de fer.
Son règne est marqué par la nationalisation du canal de Suez en 1956 et la mise en déroute de l’opération franco-britannique destinée à reprendre le contrôle de cet axe stratégique. En 1964, il inaugure le barrage d’Assouan.
En 1967, l’armée égyptienne subit une sévère défaite face à Israël. Ses funérailles en septembre 1970 sont suivies par des foules immenses.
– Anouar El-Sadate –
Vice-président de Nasser et lui aussi issu de l’armée, Sadate ramène l’Egypte nassérienne proche de l’Union soviétique vers le camp occidental et ouvre son économie, au prix de troubles sociaux.
En 1973, il lance une offensive militaire contre les forces israéliennes dans le Sinaï. Quatre ans plus tard, il se rend en visite officielle à Jérusalem, où il prononce un discours devant la Knesset. Son voyage aboutira en 1979 à la signature d’un traité de paix, le premier entre Israël et un pays arabe.
Très critiqué dans son propre pays, Sadate est assassiné en octobre 1981 par des islamistes.
– Hosni Mouabarak –
Ancien commandant en chef de l’armée de l’air puis vice-président de Sadate, Hosni Moubarak dirige l’Egypte pendant trois décennies, avant d’être emporté dans le tumulte du Printemps arabe le 11 février 2011, après 18 jours d’une révolte sans précédent contre son régime.
Hosni Moubarak s’appuie sur un redoutable appareil policier et sur un parti présidentiel à sa dévotion. Les Frères musulmans sont illégaux et régulièrement réprimés, mais relativement tolérés dans les faits. L’ouverture économique a permis un début de décollage, mais aggravé les inégalités et le mécontentement social.
Il est acquitté en 2017 dans son procès pour meurtre de manifestants lors de la révolution de 2011 et libéré.
– Mohamed Morsi –
Candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi devient en 2012 le premier islamiste à parvenir à la tête du pays. Il est aussi le premier civil à parvenir à cette fonction, et le premier président égyptien démocratiquement élu.
Il est destitué au bout d’une courte mandature d’un an par le chef de l’armée Abdel Fattah al-Sissi, à la faveur de manifestations monstres réclamant son départ.
Adly Mansour, président de la Haute cour constitutionnelle, prend temporairement la direction du pays jusqu’à l’élection de M. Sissi.
La destitution de M. Morsi marque le début d’une répression sanglante qui a fait des centaines de morts parmi ses partisans de l’opposition islamiste et des milliers d’arrestations.
Il a été condamné à un total de 45 ans de prison dans deux affaires: incitation à la violence contre des manifestants et espionnage au profit du Qatar. Il est aussi jugé dans deux autres procès après l’annulation de deux verdicts prononcés contre lui, une condamnation à mort et une réclusion à perpétuité.
– Abdel Fattah Al-Sissi –
En mai 2014, Abdel Fattah Al-Sissi, qui dirigeait de facto l’Egypte depuis qu’il avait destitué son prédécesseur, est confortablement élu après avoir éliminé toute opposition, islamiste puis libérale et laïque.
Il est réélu sans surprise avec plus de 90% des voix, selon les premières estimations publiées jeudi par la presse d’Etat.