Étanchéité, insécurité, insalubrité… pourquoi un tel désastre ?
Les traverser fait froid dans le dos. Fantomatiques pour certains, peu engageants pour d’autres, les passages souterrains et autres sous-sols d’Alger-centre agonisent. Pourtant, on leur avait prédit un avenir commercial rayonnant. Salons de thé, glaciers, belles boutiques, le rêve a fait pschitt ! Sous-sol de la Place Kennedy (El Biar), passage souterrain de la Grande- Poste ou sous-sol de la Place Audin, petite virée dans les boyaux d’Alger.
Sous-sol de la Place Kennedy
Les anciens pleurent encore la disparition de la jolie place kennedy (Ex-Carnot). Bordée de palmiers et de plantes odorantes, cette place permettait aux El Biarois de se retrouver en toute convivialité. Entourée de la poste de style néo-mauresque datant de 1935, de la mairie dont l’une des salles est ornée de magnifiques fresques de Georges Antoine Rochegrosse (artiste peintre français qui a vécu à El Biar en 1900), et de la mosquée construite en 1974 sur les plans de l’architecte Abderrahmane Bouchama, la Place Kennedy est chère au cœur des habitants d’El Biar. Pourtant, en 1985, de gros bulldozers ont remué ses entrailles. L’ambition de la Wilaya d’Alger, dont dépend ce sous -sol, était d’en
faire un grand centre commercial. Le passage souterrain fut inauguré en 1987.
Point de restaurants et boutiques de prêts- à- porter. Il n’y a qu’un endroit lugubre fréquenté par les poivrots. Un réparateur de téléphones portable, un horloger, un fast-food, et c’est tout. Faycal et Ismail y tiennent un commerce de réparation de téléphones portables. Ils nous montrent les eaux qui s’infiltrent dans le patio ainsi que les ordures jonchant la dalle de sol. « Nous recevons aussi la visite de gros rats ». Témoignent-ils. « Le soir, des soulards s’installent dans les escaliers avec leurs bouteilles. Le commerce est complètement mort ici.
On voudrait bien que la Place Kennedy retrouve son lustre d’antan ».
Sous-sol de la Grande Poste
Ce centre commercial a longtemps végété avant de mettre la clef sous le paillasson. Pendant des années, un salon de thé et quelques commerces d’habillement ont tenté de faire de la résistance avant de déclarer forfait, face à la désertion du public. Fréquenté par des hordes de délinquants, le sous-sol de la Grande Poste a rendu son dernier souffle. Plongé dans les ténèbres, il attend de meilleurs jours. Un projet de réhabilitation est en cours. Espérons qu’il ne connaîtra pas le même sort que le passage souterrain de la Place Audin, dont les travaux de rénovation prévus en 2005, ont été remis aux calendes grecques.
Des passages lugubres
Le Passage Guédon se présente sous forme d’une volée d’escaliers reliant la rue Asselah Hocine à la rue Larbi Ben M’hidi. Ce passage lugubre est loin d’être engageant tellement il fait peur. Squatté par les clochards, il sert d’urinoir aux pauvres hères qui l’occupent. Un masque à oxygène est nécessaire pour emprunter ce passage-raccourci.
Le passage sous- terrain de la Place Audin, à proximité du Tunnel des Facultés, ne désemplit guère. Les chalands sont nombreux à le fréquenter pour ses échoppes d’habillements, cosmétiques, chaussures… Pourtant, côté structure les choses se dégradent. Étanchéité, éclairage, et hygiène y font cruellement défaut.
Plafonds lépreux, branchements électriques anarchiques et illicites, dalles défoncées, il y a vraiment péril en la demeure. L’entrée de la salle des Actes (dépendant de la Fac Centrale) est complétement obstruée par un mur de T- shirts suspendus à des cintres. Les commerçants n’ont aucune limite. Ils grignotent chaque centimètre sans jamais être inquiétés par les autorités concernées. Pourtant en 2005, ce passage souterrain fut déclaré insalubre. Un projet de réhabilitation avait alors été évoqué par la commune d’Alger-centre. Visiblement, il est tombé à la trappe.
La capitale gagnerait à retrouver des centres commerciaux souterrains modernes, accueillants et dotés de toutes les normes de sécurité. C’est le souhait des citoyens qui aspirent à vivre dans un environnement urbain agréable, comme c’est le cas de toutes les grandes capitales du monde.