Politique

Les tensions entre l’Algérie et la France vues par la presse française

La presse française a relayé ces derniers jours les informations faisant état d’un regain de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie. Le contexte est dominé par les propos polémiques du ministre du Travail algérien et surtout de l’annulation de la visite officielle prévue par le Premier ministre français, Jean Castex.

« Prévu ce dimanche, le déplacement du Premier ministre français Jean Castex en Algérie a été reporté sans date précise, à la demande d’Alger et à la surprise générale, quelques heures seulement après son annonce déjà tardive », indique le média TV5 Monde dans un article paru samedi.

« En coulisses, diverses sources ont fait état de l’irritation d’Alger de voir la délégation française réduite à quatre ministres, puis deux, contre une dizaine habituellement pour ce genre d’exercice », précise la même source. Les deux ministres qui devaient venir étaient celui des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

Le média français Le Point fait état dans un article publié samedi du retour de slogans anti-français lors des manifestations populaires du Hirak. Des slogans scandés tels que « La France est de retour, jeunes levez-vous ! » ont notamment été rapportés par la même source, qui fait également état de pancarte où il est écrit « Là où arrive la France, c’est la destruction » ou encore « Macron dégage, vous n’êtes pas le bienvenu dans le pays des Martyrs ».

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« En quête de légitimation internationale dans une période critique marquée par un double défi – le Hirak (mouvement de protestation) à l’intérieur et l’activisme diplomatique du Maroc à l’extérieur –, le gouvernement algérien nourrissait de hautes ambitions pour cette visite française », estime pour sa part le journal Le Monde dans un article publié ce lundi, soulignant que « la déconvenue diplomatique prend à contre-pied l’effort de réconciliation auquel s’attellent Emmanuel Macron et son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, dont la relation personnelle est au beau fixe ».

« L’annulation de dernière minute – officiellement maquillée à Paris en « report à une date ultérieure » – de la visite que le premier ministre français, Jean Castex, devait effectuer à Alger dimanche 11 avril en compagnie de deux poids lourds du gouvernement (Jean-Yves Le Drian et Bruno Le Maire) illustre une nouvelle fois la fragilité du lien Paris-Alger », affirme Le Monde, qui fait par ailleurs état de l’irritation de l’Algérie concernant l’ouverture d’une antenne du parti La République en Marche du président Macron à Dakhla, dans le Sahara occidental occupé.

« Le poison de la suspicion demeure intact »

« A cet étau algérien s’ajoute une nouvelle géopolitique régionale qui complexifie d’avantage l’équation. Le Maroc, frère ennemi de l’Algérie, est plus que jamais à l’offensive pour faire avaliser sur la scène internationale la ‘marocanité’ du Sahara occidental, à rebours des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU qui avait appelé à un référendum d’autodétermination, aujourd’hui dans les limbes », indique le journal français.

Le Monde souligne que « la reconnaissance en décembre par l’ex-administration américaine de Donald Trump de la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental – en échange de la normalisation diplomatique entre le Maroc et Israël – a accru la pression sur l’Algérie, soutien historique de la cause sahraouie ».

« Dans ce contexte régional de plus en plus tendu, des adhérents marocains de La République en marche (LRM) – ‘un parti dans le parti’ aux dires d’un proche du mouvement – ont annoncé le 8 avril l’ouverture d’une antenne macroniste à Dakhla, au Sahara occidental. Au siège de LRM à Paris, on précise qu’il ne s’agit là que d’une ‘initiative locale’ ne comportant ‘aucun message politique’ à caractère national. Mais à Alger, le geste n’a fait que renforcer, selon le quotidien El Watan, les soupçons ‘’d’un jeu trouble des autorités françaises’’, perméables au groupe d’influence promarocain agissant de concert avec les ‘’nostalgiques de l’Algérie française’’. Entre Paris et Alger, le poison de la suspicion demeure intact », conclut Le Monde.

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