Plus d’un millier de personnes ont manifesté samedi à Tunis contre une loi controversée d’amnistie de fonctionnaires impliqués dans la corruption sous la dictature, adoptée cette semaine malgré son rejet par la société civile et l’opposition.
Défendue par le président Béji Caïd Essebsi, cette loi dite de « réconciliation » a été approuvée mercredi au Parlement par 117 élus notamment du parti Nidaa Tounès et des islamistes d’Ennahdha, à l’issue d’une journée de débats houleux.
« Nous ne pardonnons pas ! », « Nous refusons le blanchiment des corrompus! », ont scandé les manifestants, rassemblés dans le centre de Tunis à l’initiative du collectif Manich Msamah (« Je ne pardonnerai pas ») et des partis de l’opposition.
Sous haute surveillance, les protestataires –des jeunes en majorité– ont défilé sur l’avenue Habib Bourguiba, haut lieu de la révolution de 2011 qui provoqua la chute de la dictature.
« Cette loi est une honte pour la Tunisie ! Elle reconnaît la corruption, pardonne aux corrompus et montre clairement la volonté des lobbies dans le pays à imposer leur volonté », a affirmé à l’AFP Samia Abbou, députée du Courant démocrate et critique virulente de la classe politique au pouvoir.
Au départ, le projet de loi prévoyait l’amnistie de certaines personnes –hommes d’affaires, anciens du régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali– poursuivies pour corruption, en échange du remboursement à l’Etat des sommes indûment gagnées et d’une pénalité financière.
Face au tollé, le texte a été revu pour ne concerner que les fonctionnaires accusés d’être impliqués dans des faits de corruption administrative et n’ayant pas touché de pots-de-vin.