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Les Tunisiens votent pour élire leur nouveau président

Les Tunisiens votent pour élire leur nouveau président

Les Tunisiens votent ce dimanche 13 octobre pour élire leur futur président de la République, lors d’un second tour opposant le juriste Kaïs Saïed à l’homme d’affaires Nabil Karoui.

Ce deuxième tour des élections intervient près de trois mois après le décès du président Béji Caïd Essebsi à l’âge de 92 ans, contraignant le pays à anticiper des élections initialement prévues pour la fin de l’année.

Le second tour a également lieu une semaine après la tenue des élections législatives, marquées par un taux d’abstention à plus de 58%, représentant le double de l’abstention constaté lors dernières législatives organisées cinq ans plus tôt, en 2014.

Le premier tour des élections présidentielles organisé le 15 septembre dernier avait également été marqué par un taux d’abstention à plus de 51%, en hausse de 14 points par rapport aux dernières élections présidentielles. Ce premier tour avait vu le candidat indépendant Kaïs Saïed arriver en tête du scrutin avec 18,4% des suffrages, suivi par le président du récent parti « Qalb Tounes », Nabil Karoui, avec 15,5% des voix.

M. Karoui avait effectué une campagne relativement inédite puisqu’il était en détention en prison depuis le 23 aout avant d’être récemment remis en liberté dans la nuit de mercredi à jeudi, quelques jours avant le deuxième tour. L’homme d’affaires demeure inculpé de fraude fiscale et blanchiment d’argent, et l’enquête se poursuit, a indiqué la Cour de cassation tunisienne dans sa décision de remettre Nabil Karoui en liberté.

La remise en liberté de Nabil Karoui avait permis d’organiser ce vendredi soir un débat télévisé inédit entre les deux candidats à la magistrature suprême, durant lequel les candidats ont pu réaffirmer leur vision de la Tunisie. 6,4 millions de Tunisiens auraient regardé l’émission-événement, historique dans le monde arabe.

Kaïs Saïed est un universitaire à la retraite au style simple et au langage ampoulé qui se définit comme conservateur. M. Saïed prône une décentralisation radicale dans l’esprit de la révolution tunisienne de 2011 visant à réellement rendre le pouvoir au peuple. Le candidat indépendant est présenté comme incarnant un courant politique inédit qui dépasse les clivages traditionnels. Sa campagne a été menée loin des médias, et a été encadrée par des bénévoles notamment des jeunes.

M. Saïed a notamment indiqué vouloir instaurer une démocratie participative, en impliquant les citoyens dans des assemblées locales, ainsi que de mettre en place des mécanismes permettant aux citoyens de destituer leurs élus en cours de mandat. Favori du deuxième tour, Kaïs Saïed est également perçu comme un homme « propre », capable de lutter contre la corruption, en contraste à son rival Nabil Karoui qui a fait fortune l’époque du dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali. M. Karoui mène depuis trois ans des actions caritatives dans les villages déshérités du pays. Lors du dernier débat télévisé, il a promis s’il est élu de lutter contre la pauvreté et de rendre la Tunisie attractives pour les grandes compagnies technologiques (GAFA).

« Avec une quasi-absence de campagne médiatique et sans grands moyens financiers, Kais Saïed a réussi à dépasser tous ses adversaires. Kaïs Saïed n’est pas un phénomène médiatique, mais un phénomène de société. Et s’il a réussi à gagner la confiance des Tunisiens, c’est tout simplement parce que la majorité d’entre eux en ont eu assez de la classe politique », explique le média tunisien Business News, cité par Courrier International.

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