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Les ventes d’armes françaises à l’Arabie saoudite de plus en plus contestées

ONG internationales, opinion publique, député… : les ventes d’armes françaises à l’Arabie saoudite, soupçonnée de crimes de guerre au Yémen, sont de plus en plus critiquées malgré les tentatives de Paris, troisième exportateur d’armement au monde, pour déminer le terrain.

“Emmanuel Macron devrait placer le Yémen au cœur de ses discussions avec (le prince héritier saoudien) Mohammed ben Salmane”, attendu en France la semaine prochaine, ont appelé mercredi dix ONG humanitaires et de défense des droits humains, qui réclament “la fin des bombardements ciblant des civils” et “la levée de toutes les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire et des biens commerciaux au Yémen”.

“Ryad est à la tête d’une coalition qui a tué et blessé des milliers de civils” et “nombre de ces attaques seraient des crimes de guerre”, dénonce Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch (HRW). “En continuant de vendre des armes à l’Arabie saoudite, la France risque de se rendre complice de graves violations du droit international et envoie un message d’impunité au dirigeant saoudien”.

Si la France s’émeut publiquement des “dommages collatéraux” parmi les civils yéménites, elle demeure l’un des principaux fournisseurs de matériel militaire de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Un marché en pleine croissance où Paris est en concurrence avec Washington, Londres et bien d’autres: d’après l’institut de recherche suédois Sipri, les ventes d’armes au Moyen-Orient ont doublé ces dix dernières années, et la région représente désormais 32% des importations mondiales.

“Corvettes, avions, hélicoptères, missiles… La France vend ses armes à l’Arabie Saoudite sans prendre en considération les principes qu’elle défend sur la scène internationale”, fait valoir Antoine Madelin, de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), en rappelant que d’autres pays européens, comme la Norvège, l’Allemagne ou la Belgique ont de leur côté pris des mesures pour limiter l’usage de leur matériel au Yémen.

Plusieurs associations envisagent désormais des recours juridiques, jugeant que la France viole notamment le Traité sur le commerce des armes (TCA), ratifié par Paris en 2014, selon lequel les Etats signataires ne doivent pas transférer d’armes qui puissent servir à commettre de graves atteintes aux droits humains.

Le gouvernement français, lui, assure disposer d’un “système de contrôle des exportations de matériels de guerre robuste et transparent” et prendre les décisions d’exportation “dans le strict respect des engagements internationaux de la France”.

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