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Les zones d’ombre, six mois après : Tebboune en colère, évoque complot et défaillances

Les zones d’ombre, six mois après : Tebboune en colère, évoque complot et défaillances

Six après avoir réuni les walis pour les instruire de se pencher sur ce qu’il avait appelé les « zones d’ombre », le président Tebboune les a de nouveau convoqués pour d’autres assises à Club des Pins à Alger pour le même motif.

Ou presque. Cette fois, il est question d’une première évaluation de l’exécution de ses instructions, un bilan d’étape de l’ambitieux programme censé tirer vers la lumière neuf millions d’Algériens qui vivotent dans 15 000 zones d’ombre, ces quartiers, villages et bidonvilles dépourvus de tout.

Le 16 février, le nouveau président avait innové en interrompant son discours pour présenter à l’assistance un reportage réalisé par le service de presse de la Présidence, rapportant le dur vécu d’une partie de la population algérienne, parfois à l’orée des grandes villes.

Les images étaient insoutenables. Jusqu’à mardi soir, beaucoup s‘attendaient à voir le lendemain, mercredi 12 août, jour de la deuxième rencontre gouvernement-walis, un autre reportage racontant la métamorphose au moins d’une partie des quartiers montrés dans un piteux état six mois plus tôt.

Mais tout le monde a deviné ce qu’il en sera lorsque le journal télévisé de 20h annonce le limogeage de chefs de daïras et de maires pour retards et défaillances dans la réalisation des projets du programme.

C’est en effet un Abdelmadjid Tebboune furieux qui s’est exprimé pendant plus de quarante minutes devant les walis de la République. Pas tous les walis puisqu’il en manquait quatre à l’appel. Le chef de l’Etat révèle qu’ils sont atteints de Covid-19.

Sanction des responsables défaillants : « Ce n’est que le début »

Beaucoup de projets n’ont pas été réalisés et « des millions de citoyens » « vivent encore dans un autre âge », dénonce-t-il, concédant que la pandémie de coronavirus a pu peut-être retarder l’exécution des travaux, mais s’élevant aussi contre de mauvais réflexes, comme l’attentisme « qui tue l’esprit d’initiative chez les gestionnaires ». « Ces comportements n’ont pas leur place dans l’Algérie nouvelle », met-il en garde.

Le limogeage de responsables locaux mardi « n’est qu’un début », promet-il. « Je ne comprends pas qu’en 2020, après le hirak béni, et après tout ce que l’Etat a fait pour régler les problèmes des citoyens, on voit encore des images hideuses », regrette-t-il, dénonçant les tricheries de certains responsables locaux qui montrent de fausses réalisations devant les caméras.

« C’est quoi ce cinéma ? Ces comportements, c’est fini. On donne au citoyen l’impression que rien n’a changé. C’est du sabotage », lance le président qui assure que « parfois, ce sont des blocages volontaires ».

Aussi, il révèle que les responsables relevés de leurs fonctions sont tous sous enquête. « Si c’est ça leur niveau, ils ont bien fait de partir. Mais s’ils cherchaient autre chose, nous allons passer à autre chose », menace-t-il.

« On ne peut pas prétendre gagner la confiance du citoyen en gardant la vieille vision comme si rien ne s’était passé dans ce pays ces deux dernières années », fait remarquer Tebboune.

« Blocages volontaires » et « contre-révolution »

Les blocages dont parle le chef de l’Etat ne se limitent pas aux projets destinés aux zones d’ombre. Même la prime promise aux médecins qui luttent contre le Covid-19 et l’aide dégagée pour les catégories impactées n’a pas été versée trois mois après.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce la contre-révolution ? Est-ce pour bloquer le processus de reprise en main du pays ? », s’interroge-t-il. « Peut-être que nous politisons les choses plus qu’il n’en faut, mais faites attention. Nous savons qu’il y a des forces contre la stabilité du pays. Il y a des complicités à l’intérieur de l’administration. Des investigations sont en cours. »

Le dialogue, selon le président, « permettra d’éviter le spectre des tensions sociales auxquelles appellent ceux qui veulent déstabiliser le pays ».

« L’Algérie est visée et vous êtes tous au courant de ce qui a été planifié (…) Le citoyen est devenu une proie facile pour ces individus douteux et leur argent sale qui continue à circuler dans la société », dit-il.

Le chef de l’Etat revient sur les « incidents douteux simultanés qu’a connus le pays ces dernières semaines », et annonce que les enquêtes sont toujours en cours. Il cite le phénomène de la violence, les coupures d’eau et d’électricité, le manque de liquidités

« Il y a un complot pour déstabiliser le pays », dénonce-t-il. « Un seul bureau de poste à Alger a versé 40 milliards de dinars. Des gens ont retiré jusqu’à 4 milliards du guichet. Un vieux de 109 ans fait deux retraits par semaine », cite-t-il comme exemples d’aberrations constatées par l’enquête en cours sur le manque de liquidités.

« L’argent sale et ce qui reste de la îssaba »

A l’adresse de ceux qui « rêvent de revenir au pouvoir », Tebboune signifie que cela est du domaine de l’impossible. « C’est fini, le peuple est sorti dans la rue. Le train a démarré, personne ne l’arrêtera », lance-t-il

« Vous les voyez, ils sont encore en prison et leurs millions de dollars sont distribués à l’extérieur. Qui a donné les ordres ? Qui a transmis ces ordres pour que 10 millions de dollars partent à X ou Y ? ».

L’allusion à Ali Haddad, qui a engagé récemment un cabinet de lobbying américain, est claire. « Soyez rassurés, nous sommes là et nous ne reculerons pas. Nous allons éradiquer l’argent sale et ce qui reste de la îssaba (…) », a-t-il dit.

Le président Tebboune poursuit en affirmant que « ceux qui pensent que le pays retournera à ce qu’il était, à l’époque où les responsables étaient désignés avec la chkara, par téléphone, dans l’obscurité de la nuit, à l’époque où l’économie et la diplomatie étaient gérées dans les salons autour de verres, se trompent ».

Il assure que « 80% des Algériens sont contents de la stabilité et de la paix sociale et remercient Dieu que notre pays n’ait pas connu la tragédie de la Syrie ou la Libye ».

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