Politique

« L’Espagne de Pedro Sanchez a perdu son âme » (haut responsable algérien)

Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez a effectué jeudi 7 avril une visite éclair au Maroc, pour confirmer le changement de position de son pays sur le dossier du Sahara occidental.

A Rabat, Pedro Sanchez a réaffirmé la décision surprenante du gouvernement espagnol  de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental.

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Le même jour, le Parlement espagnol a dénoncé le changement de position « unilatéral » et « illégal » et réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Annoncée vendredi 18 mars, la décision de Madrid de soutenir le plan d’autonomie marocain a mis fin à la neutralité de l’Espagne dans ce conflit et provoqué une crise avec l’Algérie.

Dans cet entretien, un haut responsable algérien proche du dossier analyse les raisons de la visite de Pedro Sanchez au Maroc.

Quelle lecture faites-vous de la visite du premier ministre à Rabat après le revirement de son gouvernement  sur la question du Sahara occidental ?

Tout d’abord, est-ce que l’on peut parler d’une décision collégiale qui a engagé  l’ensemble du gouvernement espagnol ? Les débats au congrès et les prises de position défendues par certains membres de la majorité gouvernementale montrent bien que cette décision est l’œuvre de quatre personnes, dont un ancien chef du gouvernement et un ancien ministre des Affaires étrangères, tous deux membres du PSOE et tous deux connus pour leurs accointances intéressées avec le makhzen institutionnel.

S’agissant de cette visite précipitée à Rabat, il est clair que le monarque marocain s’est empressé de lancer une bouée de sauvetage à Pedro Sanchez qui s’est retrouvé extrêmement isolé sur la scène politique intérieure et dont le gouvernement redoute, à juste titre, quelques décisions douloureuses susceptibles d’être prises par l’Algérie dans le cadre d’une réponse globale à ce revirement opportuniste et félon.

Les propos lénifiants sur la « fluidité » des contacts avec les autorités algériennes et le rappel, ressassé à l’envie, du caractère « stratégique » des relations avec l’Algérie ne sauraient masquer la réalité d’une crise qui s’est traduite par le rappel immédiat de notre ambassadeur à Madrid pour consultations et dont les autres conséquences seront perceptibles sur différents plans, à court et moyen termes.

Quels ont été les gains pour le chef de gouvernement espagnol ?

Par-delà les quelques mesures annoncées dans la déclaration conjointe qui a sanctionné la visite de Pedro Sanchez à Rabat (circulation des personnes, migration, liaisons maritimes, etc.),  il faut savoir que c’est le statut des deux enclaves de Ceuta et Melilla qui était au cœur des calculs stratégiques du chef du gouvernement espagnol. Or, sur ce point décisif, il n’a rien obtenu.

Les Marocains ont refusé catégoriquement toute mention, fût-elle implicite, du respect « de l’intégrité territoriale » de l’Espagne. En définitive, l’Espagne de Pedro Sanchez a perdu son âme pour un plat de lentilles et le Makhzen manipulateur et retors, reviendra, tôt ou tard, à la charge sur les deux présidés qu’il considère comme étant une « cause nationale » au même titre que le Sahara occidental occupé.

L’asphyxie économique et commerciale de Ceuta et Melilla, la submersion par la migration clandestine, la contestation des espaces maritimes, le narcotrafic et les menaces sécuritaires (attentats de Barcelone de 2017 qui ont été planifiés à Mrirt, au Maroc) resteront les leviers principaux de la stratégie de la tension permanente qu’affectionne un makhzen rompu aux pratiques de l’intimidation, du chantage et de la corruption.

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