L’Espagne a rappelé lundi au Maroc à qui appartiennent les enclaves espagnoles en territoire marocain, Sebta et Melilla, jetant le doute sur la sincérité de la réconciliation entre les deux pays.
Il y a un peu plus d’une année, le 18 mars 2022, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez faisait un revirement historique dans le conflit au Sahara occidental en s’alignant sur le plan marocain d’autonomie.
En faisant une telle concession, Pedro Sánchez espérait, entre autres, que le Maroc allait abandonner à son tour ses revendications territoriales sur les enclaves espagnoles de Sebta et Melilla.
Le calcul de Sanchez s’est avéré faux puisque le Maroc revendique toujours Sebta et Melilla à l’Espagne. La dernière déclaration dans ce sens a émané du président de la Chambre des Conseillers du Maroc, Enaam Mayara.
Ce dernier a appelé vendredi dernier en marge d’une activité du parti Al Istiqlal à la rétrocession de Sebta et Melilla au Maroc par l’Espagne. Par ces déclarations, Enaam Mayara, personnage important de l’organigramme du régime marocain, a réveillé les tensions entre le Maroc et l’Espagne, mises en veilleuse depuis le ralliement de Madrid sur la position de Rabat concernant le conflit au Sahara occidental.
En Espagne, les propos de Mayara ont suscité des réactions en haut lieu. Du côté espagnol, on se heurte à la réalité du régime marocain qui revendique beaucoup de territoires en plus du fait d’occuper le Sahara occidental.
La réponse de Madrid ne s’est pas fait attendre. Elle est venue de la ministre de la Défense, Margarita Robles. « Sebta et Melilla sont autant espagnoles que Zamora et Palencia (des villes situées dans la péninsule, ndlr) », a-t-elle tenu à clarifier ce lundi 10 avril dans une interview accordée à la chaîne de télévision Cuatro.
La ministra de Defensa sale al paso del presidente de la Cámara Alta marroquí, que ha llamado a recuperar las ciudades « colonizadas » por la vía de la negociación https://t.co/HIUhl3bRGH
— EL PAÍS España (@elpais_espana) April 11, 2023
Pour Robles, « il n’y a pas de possibilité de débat à ce sujet pour l’Espagne ». Voilà qui a le mérite d’être clair du côté espagnol.
Cet épisode de tension entre Madrid et Rabat provoqué par le côté marocain relance le débat sur l’intérêt du revirement espagnol dans la question du Sahara occidental.
Pedro Sánchez pris à partie : « Combien avez-vous été payé par le Maroc ? »
La pression n’a cessé de s’accentuer sur Pedro Sánchez depuis sa décision inattendue prise en mars 2022. Intervenant dans un meeting du parti socialiste espagnol ce lundi 10 avril à Segovia, le chef du gouvernement espagnol a été chahuté par de jeunes militants.
« Vous devez revoir votre politique sur le Sahara occidental », « combien avez-vous été payé par le Maroc ? » ont scandé les militants à l’adresse du chef du gouvernement espagnol.
#EnDirecto | Pedro Sánchez es increpado en un acto del PSOE en Segovia: « Esta es la gran diferencia, nosotros no insultamos a nadie, defendemos nuestras posiciones con respeto y educación » pic.twitter.com/bA2OhWCEMS
— Europa Press (@europapress) April 10, 2023
Alors que l’Espagne s’approche des rendez-vous électoraux importants durant cette année 2023 au niveau local et national, Pedro Sánchez se retrouve de plus en plus affaibli suite à son revirement sur la question du Sahara occidental.
Ce changement de position a coûté 800 millions d’euros aux entreprises espagnoles qui commerçaient avec l’Algérie qui a suspendu le traité d’amitié et le commerce avec l’Espagne en réaction à la décision de Sánchez de soutenir les thèses marocaines sur le Sahara occidental.
Pedro Sánchez n’a pas atteint tous ses objectifs politiques avec le Maroc puisque le Royaume continue de revendiquer Sebta et Melilla même après que Sánchez ait cédé sur le Sahara occidental.
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