L’Espagne a renoncé à une vente de 400 bombes à guidage laser à l’Arabie saoudite, engagée dans un conflit meurtrier au Yémen, a annoncé mardi le ministère de la Défense.
Cette confirmation d’une information de la radio Cadena SER intervient après des bombardements cet été au Yémen, qui ont tué au moins 66 enfants au cours de raids en août.
Selon la Cadena SER, le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez, arrivé au pouvoir début juin, a enclenché en juillet la procédure pour annuler le contrat signé à l’été 2015 par son prédécesseur conservateur. Les 9,2 millions d’euros déjà payés pour 400 bombes à guidage laser vont être rendus à l’Arabie saoudite, a annoncé la radio.
« La Défense confirme l’information diffusée par la Cadena SER », a déclaré mardi le ministère dans un courriel à l’AFP, sans plus de commentaires.
L’annonce a été faite tandis que la secrétaire d’État au Commerce Xiana Méndez, dont dépendent les contrats d’armement, recevait des ONG militant contre la vente d’armes à Ryad, dont Amnesty International, Oxfam et Greenpeace.
Ces ONG redoutaient que ces armes ne soient utilisées au Yémen, où l’Arabie saoudite est engagée dans une guerre qui a fait quelque 10.000 morts, surtout civils, et provoqué la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU.
En août, un raid de la coalition pro-gouvernementale sous commandement saoudien a ainsi tué 51 personnes dont 40 enfants à Dahyan, dans la province de Saada, fief des rebelles Houthis dans le nord du Yémen.
Ce carnage a suscité une vague de réprobation internationale. Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé à une enquête « crédible et transparente ».
Les ONG réclament l’arrêt immédiat de toute vente à Ryad d’armes qui peuvent être utilisées dans la guerre au Yémen.
En avril, au cours de la visite du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane en Espagne, l’Arabie et l’Espagne avaient signé un protocole d’accord pour l’achat par Ryad de cinq corvettes (navires de guerre) pour environ 1,8 milliard d’euros.
L’Espagne a exporté pour 4,35 milliards d’euros de matériel de défense en 2017, dont 270 millions à l’Arabie saoudite, selon les données du gouvernement.