Visiblement, rien n’est en passe de s’arranger entre l’Algérie et l’Espagne, en crise ouverte depuis mars dernier.
Même la levée par Alger du gel sur le commerce extérieur avec l’Espagne, annoncée pourtant jeudi par de nombreux médias algériens et étrangers, n’est semble-t-il qu’une fausse nouvelle.
Les médias qui l’ont rapportée se sont référés à une note de l’Association des banques et établissement financiers (Abef) signifiant aux banques commerciales que la suspension des domiciliations pour les transactions de et vers l’Espagne n’est plus de mise.
« A l’issue de l’évaluation du dispositif », relatif au gel du commerce extérieur avec l’Espagne, et « en concertation avec les acteurs concernés du commerce extérieur, les mesures conservatoires cités en objet ne sont plus de mise », a écrit l’Abef dans sa note largement relayée sur les réseaux sociaux.
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Moins de 48 heures après, on assiste cependant à un incroyable retournement de situation.
Une dépêche de l’agence officielle algérienne APS nie toute « reculade de l’Etat » dans ce dossier et remet l’Abef à sa place, laissant entendre qu’elle a outrepassé ses attributions d’organisation professionnelle.
« Les allégations colportées, en ce moment, par certains médias sur une prétendue reculade de l’Algérie concernant ses relations commerciales avec l’Espagne sont erronées, car aucune information officielle n’a été rendue publique à ce sujet par les autorités ou les institutions compétentes », écrit l’agence.
Il est vrai que ni la décision de la suspension du commerce avec l’Espagne ni sa prétendue levée n’ont fait l’objet de communication officielle de la part du gouvernement algérien.
La seule annonce faite officiellement par la présidence de la République est celle relative à la suspension du traité d’amitié avec l’Espagne le 8 juin dernier.
Tout ce qu’il y avait au sujet du commerce est un ordre puis un contrordre de l’Abef.
« L’Abef ne peut se substituer à l’Etat »
Or, « les décisions concernant les questions financières et commerciales qui engagent l’Etat sont prises en Conseil des ministres, par le ministère des Finances ou par la Banque d’Algérie et sont annoncées par les canaux officiels », lit-on dans le commentaire de l’agence officielle, qui enfonce : « Les décisions économiques notamment celles liées aux relations de l’Algérie avec ses partenaires commerciaux, relèvent des prérogatives exclusives de l’Etat, et non pas des organisations professionnelles, telle que l’Association des banques et établissements financiers (Abef). »
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« L’Abef, à laquelle font référence ces médias, poursuit l’APS, ne peut se substituer aux institutions de l’Etat qui ont en charge les finances, l’économie et le commerce extérieur. Elle est une association à caractère professionnel et défend les intérêts de ses adhérents. »
Subtilement, l’auteur du commentaire rappelle la composante de l’Abef, soit « une trentaine de banques et établissements financiers activant en Algérie, dont une dizaine étrangers, notamment les deux banques françaises BNP PARIBAS et Société Générale », et sa mission qui « consiste surtout à représenter les intérêts collectifs de ses membres vis-à-vis des tiers, notamment auprès des pouvoirs publics et de la Banque d’Algérie, autorité de régulation de l’activité bancaire ».
L’APS conclut en rappelant la réaction du ministère des Affaires étrangères aux déclarations “hâtives” et “infondées” faites au nom de l’Union européenne le 10 juin, soit deux jours après la suspension du traité d’amitié et la reprise dans les médias de la première note de l’Abef.
« La précipitation et le parti-pris de ces déclarations mettent en évidence le caractère inapproprié de leur contenu, s’agissant d’un désaccord politique avec un pays européen de nature bilatérale n’ayant aucune incidence sur les engagements de l’Algérie à l’égard de l’UE et ne nécessitant par voie de conséquence nullement le déclenchement d’une quelconque consultation européenne aux fins de réaction collective », avait réagi le département de Ramtane Lamamra aux propos du haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, et le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis
Ces derniers avaient indiqué dans une déclaration commune que « l’UE est prête à s’opposer à tout type de mesures coercitives appliquées à un État membre de l’Union européenne ».