Abdelaziz Bouteflika est mort. L’ex-président de la République est décédé ce vendredi 17 septembre à l’âge de 84 ans, a annoncé la présidence de la République dans un communiqué.
Abdelaziz Bouteflika a dirigé l’Algérie du 27 avril 1999 à avril 2021, durant vingt ans.
Il a été forcé à la démission le 2 avril 2019 sous la pression du hirak populaire et de l’armée, après près de deux mois de manifestations populaires pacifiques d’une ampleur inédite en Algérie.
La révolte des Algériens contre Bouteflika avait éclaté le 22 février 2019, alors que ce dernier voulait briguer un 5e mandat consécutif à la tête de l’Algérie, après ceux de 1999, 2004, 2009 et 2014.
Des millions de personnes manifestaient chaque vendredi dans les rues du pays, ce qui a obligé Bouteflika à déposer sa démission, dans des conditions humiliantes, le 2 avril 2019, après avoir été sommé par le chef d’état-major de l’armée de quitter le pouvoir. Bouteflika détient le record de longévité à la tête de l’Etat algérien.
Fils d’Ahmed Bouteflika et Mansouriah Ghezlaoui, Bouteflika grandit au Maroc, où il est né le 2 mars 1937 à Oujda, avec ses frères et sœur Zhor, Abdelghani, Nacer (surnommé Abderrahim), Mustapha et Said avant de rejoindre, à l’âge de 19 ans, « l’armée des frontières » au sein de l’Armée de libération nationale (ALN) après un appel lancé aux étudiants par le FLN.
Il a obtenu un bac français en poursuivant des études au Lycée Abdelmoumen d’Oujda où il activait déjà au sein d’une cellule du parti marocain Al Istiqlal d’Allal Al Fassi. Deux ans plus tard, en 1958, il entre dans le cercle de Houari Boumediene pour devenir son secrétaire particulier. Boumediène fait l’ascension du poste de commandement de la wilaya V à celui de l’état-major de l’Ouest puis de chef de l’état-major. Envoyé en mission en 1960 à la frontière sud du pays où il acquière le surnom de « Abdelkader el Mali ».
En 1962, il est nommé à l’âge de 25 ans ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme de l’Algérie indépendante dans le gouvernement d’Ahmed Ben Bella. Il siège à l’Assemblée Constituante en tant que député de Tlemcen. Il devient ensuite ministre des Affaires étrangères. Il joue un rôle central dans le coup d’Etat militaire de 1965 contre Ahmed Ben Bella qui voit Houari Boumediene devenir chef de l’Etat sans aucune élection.
Pressenti pour devenir le nouveau président de l’Algérie, c’est finalement Chadli Bendjedid qui est désigné à la tête de l’Etat en 1979 parce qu’il était le militaire le plus âgé au grade le plus élevé. Bouteflika n’a jamais accepté sa mise à l’écart par le régime Chadli et par les militaires, car il se voyait comme « le digne » successeur de Boumediène.
Nommé ministre d’Etat par Chadli, Bouteflika est peu à peu écarté du pouvoir avant d’être poursuivi par la Cour des comptes accusé d’avoir détourné l’équivalent de 60 millions de francs français sur les trésoreries des différentes chancelleries algériennes à l’étranger. S’en suit une traversée du désert et un exil de six ans.
Abdelaziz Bouteflika rentre en Algérie à la fin des années 1980. Il décline plusieurs propositions pour devenir ministre et refuse une première fois une proposition d’accéder aux fonctions de chef de l’Etat, ouvrant la voie à la désignation de Liamine Zeroual à la tête de l’Etat, en 1994. A la fin de l’année 1998, il se présente candidat aux présidentielles d’avril 1999 avec l’idée qu’il ne sera pas « un trois quarts de président ».